Quelque 2000 opérateurs économiques et institutionnels de plus de 20 pays africains ont pris part à la 4ème édition du Forum international Afrique Développement à Casablanca, dont les travaux ont démarré le 25 février, sous le thème : « Agriculture et électrification : mobiliser les énergies ». Selon les organisateurs, cet événement d'envergure, de deux jours, se tient après avoir enregistré un franc succès lors de ses trois premières éditions tenues en 2010, 2012 et 2015. Il a pour objectifs d'offrir plus de visibilité aux opérateurs africains ; de répertorier les projets d'investissement les plus porteurs sur le continent ; et de susciter la réflexion et le débat sur des thématiques liées au développement du continent africain. A l'ouverture de cette rencontre, Mohamed El Kettani, PDG du groupe Attijariwafa Bank, a soulevé quelques défis auxquels le monde est confronté aujourd'hui, dont la baisse de 50% des prix du pétrole depuis janvier 2015 dans un contexte de suroffre et de crise géopolitique au Moyen-Orient et l'évolution imprévisible des taux bancaires, encore instables, huit ans après la crise financière de 2008. Le Plan Maroc Vert donne des résultats très positifs Le ministre de l'Agriculture, Aziz Akhnouch, a déclaré, pour sa part, qu'un Africain sur trois souffre de la faim. « La bataille mondiale contre l'insécurité alimentaire doit être gagnée en Afrique », a-t-il souligné, ajoutant que le Maroc, conscient de cette problématique, a mis en place en 2008 le Plan Maroc Vert. Ce qui a fait augmenter l'investissement public-privé de 14% par an, le taux de mécanisation de 5 à 7 tracteurs par 100 hectares, soit au-delà de la norme minimale de 36% fixée par la FAO. Conséquence : la production agricole a augmenté de 43% en l'espace de huit ans, portée notamment par la filiale oléicole, passée de 743.000 tonnes en 2008 à 1, 4 million en 2015. Idem pour la production des sucres blancs qui atteint, quant à elle, 510.000 tonnes, soit un taux de couverture de 43% contre 29% il y a 5 ans. Quant à Salaheddine Mezouar, ministre des Affaires Étrangères, il a affirmé : «Le monde sera différent durant les 20 prochaines années. C'est pour cela que nous avons une belle histoire à construire. Notre continent bouge, il a des élites exceptionnelles et des problèmes à résoudre. Le 20ème siècle a été celui des indépendances. Nous avons mis beaucoup de temps à sortir du colonialisme et aujourd'hui nous avançons. C'est le début de la renaissance, qui dépendra de notre capacité à transformer notre réalité». En insistant sur le partenariat solidaire et équilibré avec les pays du continent, le ministre marocain a ajouté que « le Royaume est parti vers ses frères et sœurs africains pour parler le langage des cœurs et construire l'avenir à partir de nos expériences réciproques. Nous apprenons aussi de l'expertise et de l'expérience de nos partenaires africains ». Et le chef de la diplomatie marocaine de poursuivre que l'Afrique a, quant même, un défi à relever. Il s'agira de gagner la bataille de l'électrification, partager les expériences, faire de la COP22 celle de l'Afrique. Il s'agit bien évidemment de la COP 22, dédiée à l'écologie, prévue en novembre prochain à Marrakech. Il a lancé, à cet égard, un appel pour un partenariat Sud-Sud gagnant pour assurer l'équilibre du monde. Automobile et aéronautique, des secteurs florissants au Maroc Lors de la séance inaugurale du Forum, tenue sous le Haut Patronage de SM le Roi, Moulay Hafid Elalamy, ministre de l'Industrie et du Commerce, a dit, pour sa part, que le continent africain est appelé plus que jamais à saisir une nouvelle occasion offerte par la Chine. Comment ? « Le salaire minimum chinois est passé aujourd'hui de 100 à 500 dollars en cinq ans, ce qui a entraîné un déplacement de l'ordre de 85 millions d'emplois, de la Chine vers les pays voisins et ailleurs. L'Afrique doit saisir cette opportunité nouvelle», a expliqué M. Elalamy, rappelant la nécessité de l'industrialisation comme vecteur de la création de l'emploi pour les jeunes du continent. Il a évoqué dans ce sens le succès du Maroc à insérer les nouveaux métiers comme l'aéronautique et l'automobile dans la mondialisation. «L'industrie automobile et aéronautique sont aujourd'hui florissantes au Maroc. Le secteur automobile à lui seul génère un chiffre d'affaires de 5 milliards d'euros à l'export et nous comptons atteindre 100 milliards d'euros à l'horizon 2020», a-t-il dit. Présent aussi à ce forum, le ministre gabonais de l'Agriculture, Mathieu Mboumba, en charge du programme GRAINE, a invité les leaders du continent à replacer l'agriculture au cœur du développement. «Nous ne devons plus considérer notre Agriculture comme une activité de survie ou par défaut», a-t-il déclaré. Toujours lors de la séance inaugurale de ce Forum, Tony Elumely, président d'United Bank for Africa (UBA), a regretté de voir le commerce interafricain ne représentant que 3% des échanges interafricains. « C'est pourquoi nous devons intensifier les échanges et la coopération en allant, au-delà de l'Agriculture et de l'Energie, vers tous les secteurs d'activité». Pour le banquier nigérian, le secteur privé a un rôle prépondérant à jouer dans ces échanges interafricains », a-t-il préconisé. Jean-Louis Borloo, président de la Fondation Energie pour l'Afrique, a axé son intervention sur l'énergie, en disant : «L'accès à l'énergie est le prérequis à l'accès à tous les autres droits, et est un problème éminemment politique ». Développement du label « Made In Africa » La Directrice Générale de Maroc Export, Zahra Maâfiri, a appelé, quant à elle, au développement du label « Made In Africa » et à l'intensification des échanges entre les structures nationales chargées de la promotion de l'export. Au programme de ce Forum, figurent l'organisation de rencontres d'affaires entres décideurs et investisseurs économiques, ainsi que des panels animés par des experts et des opérateurs de renom, s'agissant des problématiques concrètes de développement en Afrique. Aussi, le "Marché de l'Investissement", mis en place dans le cadre du Forum, prévoit-il de donner la visibilité aux plans nationaux de développement et aux banques de projets structurants, mettant à l'honneur sept pays : le Cameroun, la Côte d'Ivoire, le Gabon, le Togo, le Sénégal, la Tunisie et le Kenya. Durant cette manifestation, seront décernés les traditionnels "Trophées de la Coopération Sud-Sud" primant les meilleures entreprises engagées dans le développement des échanges et des investissements intra-africains. "Les Trophées du Jeune Entrepreneur" récompenseront, quant à eux, les meilleurs jeunes entrepreneurs africains dans les catégories "Innovation" et "Entrepreneuriat Social". En marge de ce Forum, la Fondation Attijariwafa Bank organise, en partenariat avec le Musée Tiskiwin de Marrakech, à l'espace d'art Actua, une exposition intitulée : "Arts transsahariens. Un art de vivre" traitant des arts traditionnels de l'habitat nomade et sédentaire dans les espaces transsahariens, du Sud du Maroc aux rives du Niger.