La politique de décompensation enclenchée par le gouvernement entame une nouvelle phase. Après celle opérée au niveau des produits pétroliers, c'est au tour du sucre de faire l'objet d'une révision au niveau des subventions qui le concernent. A compter du premier janvier 2016, le gouvernement prévoit, durant les 18 mois à venir, la mise en place d'un processus graduel de décompensation. A cet effet, le prix du sucre sera augmenté, chaque mois, de 15 centimes jusqu'à épuisement de la subvention initialement retenue pour ce produit. En procédant ainsi, le gouvernement projette de procéder, au titre de l'année 2016, à l'économie de l'équivalent de 2 milliards de DH par rapport à une charge de compensation annuelle tournant autour de 3 milliards de dirhams. Pour rappel, et en plus d'une subvention supplémentaire accordée au sucre brut importé en cas de flambée des cours du sucre à l'échelle internationale, les prix à la consommation du sucre blanc consommé bénéficient d'une subvention de 2847.27 dirhams à la tonne. Soit 2,8 dirhams le Kg. Le scénario retenu consiste à faire passer le prix du sucre, que ce soit en morceaux ou en lingot, fixé par l'Etat à 5,82 dirhams le kilogramme, à 8,52 dirhams le kilos au terme des 18 mois en question, soit une augmentation de 46% contre une augmentation de 60% pour le granulé vendu par sac de 50 kilos, dont le prix passera de 4,50 dirhams à 7,2 dirhams le kilogramme. Par simple calcul et sur la base, au niveau national, d'une consommation annuelle de 36 kg par habitant, l'impact estimé, une fois le produit totalement décompensé, sur le budget des ménages devrait s'établir à quelque 100 dirhams par habitant et par an. Cependant, en terme d'inflation et à en juger par les estimations de Bank Al Maghrib, l'impact de cette décompensation est à prendre au sérieux dans la mesure où les services de la Banque centrale l'évaluent à 0,27 point additionnel en 2016 et à 0,48 point au premier trimestre 2017. Soulignons que le granulé qui rentre aussi en tant qu'in put dans certaines industries agroalimentaires notamment, représente près de la moitié de la consommation nationale (56%), suivi du sucre en pain avec 30% puis du sucre en morceaux et en lingots (14%). Et en termes de réglementation, les prix sortie usine des différentes catégories du sucre sont fixés par l'administration. Depuis la dernière révision datée de 2006 et bien avant ce dispositif de décompensation, les prix usine du sucre étaient fixés à 5.008 DH/tonne pour le pain, les morceaux et les lingots. Ceux du granulé, varient entre 4.118 et 4.178 DH la tonne, selon la contenance. A ces prix s'ajoutent, bien évidemment, les marges de distribution du sucre en gros et en détail, également fixés par l'administration et le différentiel de transport entre l'usine de production ou les agences de commercialisation et les différents points de vente. Bon an mal an, la charge annuelle de compensation du sucre varie de 3,200 milliards de dirhams à 5 milliards de dirhams. Pour rappel aussi, les besoins nationaux en sucre sont satisfaits à 40% par la production locale provenant de la transformation des cultures sucrières, canne et betterave à sucre, produites localement. Les 60% restant de la consommation sont satisfaits par le raffinage du sucre brut importé. À noter aussi que la filière sucrière est dotée d'un contrat-programme 2013-2020 et le groupe COSUMAR, unique opérateur au niveau de la production du sucre, opère au niveau des cinq périmètres irrigués du Gharb, Loukkos, Doukkala, Tadla et Moulouya et assure l'extraction du sucre à partir des plantes sucrières plantées localement et le raffinage du sucre brut importé acheté sur le marché international.