Le gouvernement envisagerait de réformer la filière sucrière. Des mesures sont à l'étude pour le maintien d'une protection douanière pour protéger la production nationale. Ils visent aussi à la décompensation totale du sucre en pains, en morceaux et en lingots. Le secteur sucrier au Maroc est marqué par une libéralisation non achevée, essentiellement caractérisée par la fixation des prix de vente au même niveau depuis 1989. Cependant, après la restructuration du secteur huilier en 2001, le gouvernement envisagerait de réformer la filière sucrière. « Cette initiative vise à relancer le processus de privatisation des sucreries nationales en octroyant une meilleure visibilité aux opérateurs du secteur », estiment les analystes de BMCE Capital Bourse dans leur lettre hebdomadaire du 20 juin 2003. Par ailleurs, la libéralisation annoncée devrait induire, à moyen terme, une baisse des prix de vente du sucre. Concrètement, les mesures qui sont à l'étude visent le maintien d'une protection douanière afin de protéger la production nationale, d'une part, et de procéder à la décompensation totale du sucres en pains, en morceaux et en lingots, d'autre part. Cette mesure peut être réalisée soit par une hausse unique du prix de vente soit par une augmentation en deux tranches. Depuis sa libéralisation partielle en 1996, la filière sucrière bénéficie d'une subvention forfaitaire de 2 000 DH la tonne de la part de l'Etat, soit un montant annuel de près de 2 milliards e DH. Celui-ci est financé par les équivalences tarifaires à hauteur d'un demi-milliard de DH et par le budget général de l'Etat pour 1,5 milliard de DH. «Soulignons que le non-aboutissement de la cession des sucreries nationales provient des difficultés que rencontre le secteur sucrier actuellement», précisent les analystes. Ces difficultés se manifestent par la prédominance de la production du granulé par rapport aux autres produits sucriers dans un contexte de marché étroit. Aussi, la fabrication insuffisante du sucre en pains en raison de la saturation de la capacité de production fait défaut à toute la filière. Les ventes nationales de sucre atteignent 997 046 tonnes en 2001, en progression de 4,8 % par rapport à 2000. Cette hausse concerne les lingots-morceaux grâce à l'extension des capacités de moulage installées et les granulés grâce à l'évolution de la demande des industries agroalimentaires. En revanche, le pain de sucre qui couvre essentiellement les besoins des populations rurales a connu une légère baisse de 0,3 % en raison du recul de la production nationale. Première entreprise de la filière sucrière, Cosumar est à la fois présente dans les métiers de raffineur et distributeur. Elle opère à tous les niveaux : encadrement des cultures betteravières, production de sucre brut et blanc, raffinage et conditionnement. Cosumar regroupe les sucreries de Zemamra et Sidi Bennour, ainsi que la raffinerie de Casablanca, principale raffinerie du Royaume. «La part de marché globale de Cosumar en 2001 s'est élevée à 65,1 %, en quasi-stagnation par rapport à 2000», relèvent de leur côté les analystes de Wafa Bourse dans leur bilan annuel 2002. Cosumar, à l'instar de ses concurrents, est toujours assujettie au gel des prix de vente, continue de supporter les investissements massifs et se trouve exposée à la hausse du coût de la matière première. Le secteur du sucre est caractérisé par une TVA de 7 %, un tarif douanier dégressif pour le sucre brut importé (prix rendu à l'usine du sucre fixé à 4700DH/tonne), un financement de stock de sécurité de 1/12 des ventes annuelles, et une subvention sur le sucre de 2000DH/tonne. «Le processus de libéralisation du secteur sucrier permettrait plus de visibilité ainsi qu'une amélioration de la compétitivité et des marges, ainsi que la diversification des moyens de production dans un environnement de concurrence plus saine», commentent les analystes Wafa Bourse. Généralement, concernant l'activité betteravière, les superficies emblavées ont atteint 59400 ha, soit une hausse de 4 % par rapport à l'année 2000, alors que la production nationale a régressé de 4% à 3 millions de tonnes, en raison du faible niveau des pluies. En 2001, la production de sucre a atteint un niveau record de 159 000 tonnes (+ 22,3 %) grâce aux performances réalisées en matière de rendement. Dans le périmètre des Doukkala, les rendements à l'hectare ont atteint des niveaux exceptionnels (65 tonnes en 2001), qui devancent ceux de l'UE de 20 %. La production de sucre pur, dans cette même région, a atteint 11,1 t/ha contre 8,7 t/ha dans l'UE. Dans cette région, le volume de betteraves traitées par Cosumar enregistre une hausse de 19,1 % par rapport à 2000.