Les dernières statistiques de 2014 du Haut Commissariat au Plan(HCP) ont permis une certaine visibilité sur la situation des personnes en situation d'handicap, surtout après les dernières élections communales et régionales du 4 septembre 2015. Il est donc impératif de tenir compte de cette frange de la société qui compte un million et demi de personnes, soit 25% de la société, si l'on compte leurs familles et proches, dans le cadre des programmes de travail des élus, entre politiques publiques, droits socio-économiques et participation politique, mais surtout, selon une approche de Droit. Appuyer leur droit au vote, leur candidature et leur accès effectif au poste d'élu, au niveau local et régional, c'est ce qui est optimisé dans ce projet du Collectif National pour la promotion des Droits des personnes en situation d'handicap, particulièrement dans sa charte, préparée avec les partis politiques. Mais aussi, préparer des politiques publiques et des programmes inclusifs, selon une approche de Droit et d'égalité des chances et participer à la gestion de la chose publique. Sous le thème : « Participation des personnes en situation de handicap aux élections communales et régionales et les défis à relever pour ce qui est de la garantie de la vision de l'handicap, dans les programmes de travail des élus régionaux et des collectivités locales » , une conférence a été organisée par le Collectif pour la promotion des droits des personnes en situation d'handicap en partenariat avec HANDICAP International et National Democratic Institute (NDI). Cette journée d'étude, qui vise la promotion de la participation politique des personnes en situation d'handicap, à travers l'ouverture de dialogue sur les outils d'appui du travail des élus, des collectivités locales et des partis politiques, rentre dans le cadre d'un projet en partenariat avec HANDICAP International et le NDI, financé par le Bureau de la Démocratie et des Droits de l'Homme. A savoir que cette conférence couronne une série de rencontres, organisées par le Collectif, avec des acteurs gouvernementaux, politiques et de la société civile, impliqués directement dans l'encadrement, l'organisation et la gestion des élections, et ce, afin de permettre aux personnes en situation d'handicap de jouir de leur plein droit à la participation aux démarches électorales, sur un même pied d'égalité que tous les autres citoyens. La participation politique étant un des indices de démocratie participative d'un pays. Mais ce qui est remarqué, c'est que les personnes en situation d'handicap subissent encore une sorte de discrimination pour ce qui est de la participation politique et la gestion de la chose publique. Selon M. Mohammed Khadiri, président du Collectif pour la promotion des droits des personnes en situation de Handicap, le collectif aspire depuis plusieurs années à une participation politique effective des personnes en situation de handicap, à même d'assurer une meilleure prise en charge de leurs droits : Droit de voter, Droit d'avancer et d'être élu au même titre que tout autre citoyen. Il est temps de prendre en charge ce dossier selon une approche de Droit et non selon l'approche de la bienfaisance et de la pitié. Le collectif lutte aussi contre les stéréotypes. En marge de la nouvelle Constitution de 2011 et la politique suivie par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le collectif travaille conjointement avec les partis politiques et le gouvernement dans ce cadre, et selon l'approche Droit. Pour M. Abdelmajid Makni, secrétaire général du Collectif pour la promotion des droits des personnes en situation de handicap, le Maroc doit faire face à une réalité nouvelle, celle de la régionalisation, laquelle impose la participation de tous les citoyens. Les personnes handicapées ayant participé aux élections ont actuellement une position, soit au niveau des communes, soit au niveau des collectivités territoriales, des mairies ou autres. Quant aux élus, ils devraient travailler dans la visibilité des personnes handicapées, dans tout programme ou projet de collectivités territoriales. Le débat tourne aujourd'hui autour du rôle des personnes en situation d'handicap, afin de garantir cette visibilité au niveau des programmations et planifications, mais aussi pour ce qui est du suivi réel de ces politiques territoriales. Lesdites politiques qui imposent, à cet effet, le renforcement des capacités des acteurs politiques et de la société civile pour assurer ce suivi et pouvoir s'impliquer dans la mise en œuvre de la régionalisation avancée. L'implication des partis politiques s'impose. Ces acteurs pourraient, en quelque sorte, dans le futur, trouver comment ces personnes handicapées pourraient devenir des acteurs et des décideurs. Si les personnes handicapées agissent d'abord en tant que citoyens, la visibilité de l'handicap dans ces instances de décision est importante, vu que, il y a très peu de personnes en situation d'handicap qui s'impliquent et que les rapports de ces acteurs devraient changer par rapport aux personnes handicapées. Il est donc nécessaire de travailler sur la promotion, sur le rôle des personnes handicapées, et surtout, sur la participation politique des personnes handicapées. S'agissant du projet de loi-cadre sur les personnes en situation d'handicap, il ne donne, actuellement, que des prémices mais nullement la manière de faire. Ces prémices ne permettent pas de cerner l'apport des personnes handicapées, ni la présence de ces personnes dans les politiques publiques, et il faut un travail de fond sur ce projet de loi, de manière à ce qu'il fasse valoir aussi bien les Droits économiques et sociaux, que les Droits politiques. Le partenariat avec HANDICAP International est vieux de plus de 20 ans, en matière de développement social, de services..., insiste Mme Corinne Giblet, directrice de Handicap International. La participation politique fait partie des Droits humains, conformément à une convention ratifiée par le Maroc depuis 2009. Parmi ses prérogatives, les personnes en situation d'handicap devraient être constituées en mouvements pour porter leurs exigences et participer au débat citoyen. Le Maroc est pionnier à ce niveau, il y a des réformes engagées et un processus de démocratisation en cours. Pour Handicap International, c'est en participant, en tant que force de proposition, qu'on fait changer les choses. Une représentation politique au niveau des régions est une opportunité. On a appris, par expérience, que des sociétés inclusives se construisent en des sociétés nouvelles. C'est pour cela qu'il faut mobiliser les associations, les élus et les acteurs gouvernementaux. L'étape après les élections est de renforcer ces mécanismes, en cohérence avec les politiques locales, un travail qui se fait avec des élus. Cette journée est importante pour les personnes en situation d'handicap, affirme M. Bruno Serge Bouchet, directeur des programmes du NDI au Maroc, car elle met en relation les partis politiques et la société civile. Après les élections du 4 septembre 2015, les recommandations devraient aboutir. Le NDI, qui a 15 ans d'existence au Maroc, fait le partage d'expériences des institutions de plus de 35 pays, pour le renforcement de la participation politique et la promotion de partis politiques transparents et responsables. La clé de la réussite étant l'écoute des citoyens et des ONGs pour que les élections soient en phase avec la population. Les programmes politiques réussissent mieux si l'on vit avec les gens au quotidien. C'est aux citoyens et à la société civile qu'il revient de frapper aux portes. Le timing commence dès maintenant, en marge des élections législatives. Le travail débute au niveau des partis politiques, encore faut-il être entendu. C'est l'enjeu à relever. C'est, donc, aux ONGs de se rapprocher des partis politiques, pour une meilleure intégration des décisions en faveur des personnes en situation de handicap. L'accessibilité des personnes à mobilité réduite a besoin de la conviction des partis politiques et de la confiance des citoyens. Le vote étant l'unité de mesure comptabilisée dans la vie politique, mettre en avant les avantages et miser sur un handicapé peut ramener les voix de toute la famille.