98% des échanges commerciaux du Maroc s'effectuent via le transport maritime, près de 93 millions de tonnes (cabotage et transbordement compris) sont traités chaque année par les ports nationaux, transit de bateaux géants, montée de la manutention automatisée, essor croissant du conteneur et du transport multimodal, méga-alliances des opérateurs maritimes...C'est ce qui caractérise actuellement le commerce international par voie maritime au Maroc. Un secteur qui connait de grandes mutations qui impactent directement l'activité des ports. Des changements qui mettent le Maroc face à de nouveaux défis. « Le Royaume est-il préparé à cette évolution ? Ses infrastructures portuaires sont-elles à la hauteur ? Quelles perspectives offrent le Maroc à ses opérateurs économiques en termes de commerce international par voie maritime ? », s'interroge la Chambre de Commerce Suisse au Maroc (CCSM). Certes, le Maroc a déployé de grands moyens ces dernières années en matière de connexions maritimes. Des efforts qui lui ont permis d'améliorer sa position dans ce domaine, affirme la CCSM dans son un récent numéro de son bulletin d'information « Suisseco ». Ainsi, le Royaume a été classé à la 16ème place mondiale en 2014 en termes de connectivité maritime par la CNUCED, juste derrière les Emirats Arabes Unis en 15ème position, l'Italie 14ème et l'Espagne en 13ème place. La CCSM précise cependant que le mérite pour ce score revient, en grande partie, au complexe portuaire Tanger Med qui permet, il est vrai, de canaliser des flux internationaux qui ne sont même pas destinés au Maroc. Grâce en effet à son activité principale de transbordement, Tanger Med accueille des navires de très grande capacité qui chargent d'autres de taille moindre, destinées notamment à l'Afrique, mais également à l'Europe, voire à l'Amérique. Malgré ces avancés réalisées, la CCSM estime que des difficultés restent à surmonter pour ériger le Maroc en véritable hub régional en la matière. Pour les opérateurs, poursuit la même source, les enjeux se posent en termes de conditions d'accueil, de rapidité de traitement des demandes et d'accessibilité. « Aujourd'hui, tous les ports ne sont pas logés à la même enseigne. Certains présentent des avantages intéressants tandis que d'autres compliquent la vie aux opérateurs. Par exemple, au port de Casablanca et à Tanger Med, l'accessibilité, les délais de livraison et la qualité de services sont corrects. En revanche, à Jorf Lasfar et sur d'autres ports, les difficultés sont légion», déplore un opérateur cité par la CCSM. En effet, poursuit la même source, si l'offre portuaire avec les 13 ports commerciaux existant actuellement (Nador, Al Hoceima, Tanger, Tanger Med, Kénitra, Mohammedia, Casablanca, Jorf Lasfar, Safi, Agadir, Tan-Tan, Laâyoune et Dakhla), couvrent la quasi-totalité du territoire marocain, l'approche et le fonctionnement qui en sont faits posent plusieurs problèmes. Principal souci, l'emplacement de ces infrastructures. A l'exception des plus récents comme Jorf Lasfar et Tanger Med, la plupart des ports sont basés en plein centre-ville. Le cas le plus significatif est celui du port de Casablanca qui avec près de 26 millions de tonnes reste le 1 er port du Royaume, implanté au cœur même d'une agglomération de près de 6 millions d'habitants. Sur ce registre, la CCSM recommande à ce que de nouveaux rapports plus harmonieux soient construits entre villes et ports afin que les développements portuaire et urbain ne soient plus sources de difficultés. D'ailleurs, pour répondre à ces enjeux, le Maroc a déjà mis en place, en 2007, une stratégie portuaire à l'horizon 2030. Une feuille de route dont le coût d'investissement est de 60 milliards de DH, qui a pour ambition d'optimiser la compétitivité de la chaîne logistique, de valoriser les ressources, d'assurer la sécurité des approvisionnements stratégiques, d'accompagner les mutations économiques, et de donner au système portuaire la capacité de s'adapter aux changements régionaux et internationaux. La CCSM conclut que le Maroc, de par sa position géographique, a tous les atouts pour s'ériger en acteur incontournable du commerce international par voie maritime.