Les langues se délient au Bénin quant à la probable candidature de Thomas Boni Yayi pour un troisième mandat à la tête de son pays alors que l'intéressé n'a jamais formulé une telle intention. A cela s'ajoute le faux débat sur les éventuels dauphins du Président désignés pour sa succession en 2016. Comme si cela ne suffisait pas, voilà une autre polémique qui anime la scène politique béninoise. Il s'agit du rôle de la Cour constitutionnelle dans les prochaines élections. Celle-ci vient de rendre publique la date des futures consultations. Ainsi les élections municipales, communales et locales, attendues depuis 2013, auront lieu le 31 mai 2015. Les législatives seront organisées avant le 26 avril. Avec cette décision, elle a mis fin à plusieurs mois de blocage du processus électoral. Pour cela, elle exige que l'organe chargé de corriger la Liste Electorale Permanente Informatisée rende la liste prestement. Sinon elle autorisera l'utilisation du fichier électoral de 2011 et qui a dû être actualisée. Si la démarche est salutaire afin d'apaiser le climat politique dans le pays, elle prêche, cependant, par excès de pouvoir du fait de ne pas tenir compte des textes en vigueur et qui fait l'ire aujourd'hui des partis de l'opposition. Pour ces formations politiques, la Cour constitutionnelle donne des injonctions qui sont contraires à la loi. Comme cette convocation du corps électoral qui devrait avoir lieu 90 jours avant la fin du mandat des députés. Au lieu de cela, la Cour constitutionnelle décide que le corps électoral soit convoqué 120 jours avant. D'où l'inquiétude des forces d'opposition qui pensent que ces choses montrent qu'il y a un certain cafouillage. En effet, en Afrique, il est de notoriété que les élections se transforment en champs de bataille et non d'idées ou de programmes et qui finissent souvent par une question de personne ou d'ethnie. La raison : c'est qu'au départ les bases saines d'une élection transparente, crédible et démocratique ne sont jamais établies. Les mécanismes mis en place pour le bon déroulement des scrutins se trouvent malheureusement à la solde du pourvoir en place. Résultat de la course : des contestations et des violences de toutes sortes. Le risque d'un affrontement n'est pas non plus à écarter. Sinon comment expliquer ce retard pris pour ces élections ? Que faisait la Cour constitutionnelle pendant ces années ? Il a fallu que les manifestations gagnent en hauteur pour que le pouvoir laisse du lest. Avait-on besoin de cela ? Surtout de la part d'une personnalité remarquable et respectée qu'est Boni Yayi, Docteur en économie de l'université Paris-Dauphine, conseiller technique aux affaires monétaires et bancaires, sous la présidence de Soglo, de 1991 à 1996, avant d'être nommé président de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) en décembre 1994, fonction qu'il conserve jusqu'en février 2006 quand il démissionne pour se présenter à l'élection présidentielle qui se tient le mois suivant. Son slogan « Ça peut changer ! Ça doit changer ! Ça va changer ! » en 2006, est encore vivant dans les mémoires. C'est pour cela que M. Boni Yayi doit assurer une transition pacifique en passant le flambeau à un autre béninois en 2016 pour que la démocratie pour laquelle il s'est toujours battu reste un exemple pour le reste du continent afin d'épargner à son pays les germes de la discorde.