Les bailleurs de fonds viennent de conforter la politique de bonne gouvernance de Thomas Boni Yayi, président de la République du Bénin en soutenant son plan d'investissement sur cinq ans. Ainsi ses partenaires internationaux s'engagent à octroyer 12 milliards de dollars de crédit pour ses projets d'infrastructures alors que le chef de l'Etat béninois tablait sur la moitié du montant obtenu. Cette marque de confiance est aussi le résultat du climat politique apaisé que vit le Bénin mais également la garantie du chef de l'Etat de ne pas tripatouiller la Constitution pour l'élection présidentielle de 2016, comme certains le pensent déjà dans son pays. L'opération est qualifiée de succès. Même le Président Thomas Bony Yayi n'en revient pas, lui qui tablait juste sur 6 milliards de dollars. Une crédibilité qu'il ne pouvait s'imaginer, il y a encore une année et demi quand l'affaire de son empoisonnement faisait l'ire de la France et d'autres puissances occidentales avec un certain homme d'affaires dénommé Patrice Talon. D'ailleurs, il le dit clairement « alors que je cherche un cadre de financement de l'ordre de 6 milliards de dollars, eh bien à ma grande surprise, j'ai appris là-bas la qualité des réformes que mon gouvernement a présenté et la même communauté s'est engagée pour 12 milliards de dollars, le double ! ». L'objectif de Dr Boy Yayi, c'est d'ouvrir un vaste chantier qui va créer de l'emploi, booster l'économie et améliorer la qualité de vie de ses compatriotes dont le but ultime est doter le Bénin d'une épine dorsale, selon les propres termes du Président béninois. Il s'agit d'un méga projet d'infrastructure à travers la réalisation de nouveaux ouvrages, comme l'a souligné sur les ondes d'une radio internationale en l'occurrence RFI. « C'est de nouvelles infrastructures ! Nous y mettons, par exemple, la boucle ferroviaire et nous voulons donner à cette épine dorsale un caractère régional. Alors nous y joignons Abidjan, Ouagadougou, Niamey, Parakou, Cotonou, Lomé. A cela, à cette boucle ferroviaire, il faut ajouter le port et, avec les richesses de la sous-région, en commençant par le Niger : environ 40% des transactions internationales du Niger passent par le port de Cotonou, donc il nous faudra un second port en eau profonde, un port minéralier. Ce projet rentre dans ce qu'on appelle aujourd'hui l'épine dorsale. Son impact nous permettra certainement de tripler le revenu par tête d'habitant au cours des cinq années à venir. ». Pour beaucoup d'analystes, si ces réalisations arrivent à terme, c'est un grand pas qui serait ainsi franchi dans le désenclavement des pays de la sous région mais aussi et surtout faciliter le transport des marchandises, donc doper l'activité économique et un réel soulagement des populations dans leur mobilité. Mais pour comprendre cette lancée, il faut dire qu'elle se base d'abord sur un progrès continu qu'enregistre le pays ces dernières années. Il faut rappeler, à ce sujet, que le Bénin a renoué avec la croissance, laquelle est partie de l'ordre de 3,4% en 2011 pour se situer autour de 6,5% d'ici fin 2014 même si parallèlement la croissance démographique connaît une hausse de 3,7%. Ce coup ce partenariat « new deal » entre le Bénin et les partenaires internationaux vient à point nommé quand on sait que ce Etat depuis 2001, est plongé dans de graves difficultés économiques, en raison de la situation difficile du Port autonome de Cotonou, du choc pétrolier, de la crise du secteur du coton, de la contrebande très étendue, des effectifs pléthoriques de l'administration ou encore des sérieux problèmes d'approvisionnement en électricité créés par les sécheresses. Pour tout dire, le Bénin était dans une période économique difficile que seule l'agriculture, très diversifiée parvenait à maintenir compétitif face à ses voisins. Sans compter qu'il y a six mois, les USA lui ont retiré le bénéfice du MCA, le Millenium Challenge Account, à cause, entre autres, de l'indicateur de corruption très élevés. Sur ce plan, beaucoup de mesures drastiques ont été prises pour lutter contre ce fléau. Cependant, il ne s'agit pas d'un chèque blanc accordé à Bony Yayi. Les bailleurs exigent en contrepartie de leur soutien au financement des projets du Bénin, en lisant entre les lignes, que le Président ne procède pas à la modification de la Constitution en 2016 pour se maintenir au pouvoir. A ce sujet, Dr Thomas Bony Yayi est on ne peut plus clair : « j'ai une conscience, je me suis exprimé à maintes reprises sur cette question. Je sais lire la constitution, je suis allé à l'école, si on veut m'aider c'est en faisant en sorte que je puisse absolument achever mes responsabilités dans le délai imparti. Et ce délai, tous les Béninois, la communauté internationale, le connaissent. » L'ancien président de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), le docteur Boni Yayi qui a succédé à Mathieu Kérékou en 2006 à Mathieu Kérékou, lequel a d'ailleurs refusé de changer la Constitution, va-t-il s'inspirer de cet exemple patriotique et courageux ? Le doute n'est pas permis.