Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a réaffirmé mercredi les «lignes rouges» fixées par l'Iran dans les négociations nucléaires avec les grandes puissances, qui doivent reprendre le 15 octobre à Vienne. L'Iran et le groupe 5»1 (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne) se sont donné jusqu'au 24 novembre pour tenter de conclure un accord global qui garantirait la nature exclusivement pacifique du programme nucléaire de Téhéran, soupçonné de cacher un volet militaire. Mais les négociations butent sur la question sensible de la future capacité d'enrichissement d'uranium par l'Iran et le calendrier pour la levée totale des sanctions économiques internationales. «Je pense qu'avant la fin de la semaine prochaine, nous aurons des négociations bilatérales et multilatérales à Vienne», a déclaré mercredi la porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Marzieh Afkham. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry s'entretiendra le 15 octobre dans la capitale autrichienne du dossier nucléaire iranien avec son homologue iranien Mohammad Javad Zarif et la représentante européenne Catherine Ashton, qui négocie au nom du 5»1, ont confirmé mercredi l'Union européenne et le département d'Etat américain. Une première réunion entre Mme Ashton et M. Zarif, qui se rencontrent avant chaque série de discussions, est prévue le 14 octobre, a précisé le porte-parole de la diplomatie européenne, Michael Mann. Et ce même jour, de hauts responsables américains auront des entretiens bilatéraux avec leurs homologues iraniens, avant d'être rejoints par une délégation européenne, a ajouté la porte-parole de la diplomatie américaine, Jennifer Psaki. «Notre objectif (...) est de déterminer s'il est possible de sceller un accord d'ici le 24 novembre», a souligné Mme Psaki, rappelant qu'un «accord complet (devait) donner à la communauté internationale des garanties que l'Iran n'obtienne pas d'arme nucléaire». Une infographie publiée sur le site internet de l'ayatollah Khamenei (http://farsi.khamenei.ir/photo-album?id=27858#222825) fixe onze points à respecter par l'équipe de négociations avant de signer cet accord. L'Iran et les grandes puissances avaient signé en novembre 2013 à Genève un accord préliminaire qui avait gelé certaines activités nucléaires iraniennes en échange d'une levée partielle des sanctions internationales. L'un des onze points stipule que «les besoins définitifs de l'Iran en matière d'enrichissement d'uranium sont de 190.000 SWU» (Separative Work Unit, ou unité de travail de séparation), soit près de 20 fois la capacité actuelle de l'Iran. Selon les responsables iraniens, l'Iran aura besoin de cette capacité pour produire le combustible de la centrale de Bouchehr, fourni par la Russie jusqu'en 2021. Les Etats-Unis et les pays occidentaux demandent au contraire à l'Iran de réduire sa capacité d'enrichissement. «Fordo, qui ne peut être détruit par l'ennemi, doit être préservé», ajoute le texte, en référence au site d'enrichissement construit sous une montagne à plus de 100 kilomètres au sud de Téhéran et dont l'existence a été révélée en 2009. «La marche scientifique nucléaire ne doit en aucune manière être arrêtée ou ralentie» et l'Iran doit poursuivre son programme de «recherche et le développement», souligne encore le texte. L'Iran et les grandes puissances ont reconnu fin septembre être encore loin de pouvoir sceller un accord définitif malgré huit jours de négociations sans relâche en marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York.