Le chef de la diplomatie iranienne a estimé mercredi que Washington était «obsédé» par ses sanctions contre l'Iran au moment où des discussions bilatérales sur le programme nucléaire controversé de Téhéran devaient reprendre à New York. «Nous sommes engagés à résoudre ce problème» des sanctions, a affirmé le ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif à Washington devant un centre de réflexion. Mais il a estimé que les Etats-Unis s'étaient «entichés» des sanctions et que le Congrès américain s'opposait à tout accord avec Téhéran «parce qu'il devrait lever les sanctions». Les pays occidentaux et Israël soupçonnent l'Iran de chercher à fabriquer l'arme atomique sous couvert de programme civil, ce que Téhéran dément. L'ampleur du programme d'enrichissement d'uranium et le calendrier pour la levée des sanctions internationales font partie des principaux sujets de divergence. Téhéran veut avoir à terme un programme d'enrichissement d'uranium de taille industrielle, ce que les Occidentaux refusent. Un haut responsable du département d'Etat a confirmé que les deux parties allaient se rencontrer mercredi soir et à nouveau jeudi à New York «dans le cadre» des négociations entre Téhéran et les grandes puissances du groupe 5+1 (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne), qui doivent reprendre officiellement à New York vendredi. Il était également annoncé que M. Zarif déjeune mercredi avec la chef sortante de la diplomatie européenne Catherine Ashton, qui conduit les discussions du groupe 5+1. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a affirmé mercredi devant des élus que le but était d'aboutir à un accord garantissant «un monde plus sûr» et «éliminant tout chemin menant à la bombe». «C'est l'objectif. Nous n'en sommes pas encore là. Je ne sais pas si nous pouvons y arriver», a ajouté M. Kerry, qui n'a pas écarté la possibilité d'une action militaire contre des installations nucléaires iraniennes. Israël ne veut «pas de mauvais accord» Les négociations devraient se poursuivre la semaine prochaine en marge de l'Assemblée générale annuelle de l'ONU. M. Zarif a souligné que les «Iraniens se méfiaient complètement des Etats-Unis» et qu'un mécanisme devait être mis en place pour restaurer la confiance. D'après un sondage publié mercredi, la plupart des Iraniens soutiennent un accord mais estiment certaines demandes inacceptables. La négociatrice américaine Wendy Sherman a estimé mardi que la capacité actuelle de l'Iran à enrichir l'uranium n'était «pas acceptable». «Le monde sera d'accord pour suspendre et lever des sanctions si l'Iran entame une démarche convaincante et vérifiable pour montrer que son programme nucléaire est et restera complètement pacifique», a affirmé Mme Sherman à Washington. Israël a une nouvelle fois pressé de son côté la communauté internationale à refuser tout accord avec l'Iran plutôt que de se contenter d'un mauvais accord. «Pas d'accord vaut mieux qu'un mauvais accord», a déclaré mercredi le ministre israélien du Renseignement, Yuval Steinitz à de multiples reprises à la presse à Jérusalem. Le président iranien Hassan Rohani participera à l'Assemblée générale de l'ONU à New York, mais une rencontre avec son homologue américain Barack Obama n'est pas prévue à cette occasion, a confirmé mercredi le porte-parole du gouvernement iranien. En septembre 2013, pour sa première grande sortie internationale, il avait souligné la volonté de la République islamique de régler le dossier nucléaire. Le point d'orgue de sa visite avait été une conversation téléphonique avec le président américains Barack Obama, une première depuis 1979. C'est également à New York que les négociations nucléaires avaient été relancées après plusieurs années de blocage. Elles avaient débouché sur l'accord intérimaire historique signé à Genève le 24 novembre. En juillet, les parties se sont données quatre mois supplémentaires, jusqu'au 24 novembre prochain pour sceller un accord définitif qui doit permettre de garantir la nature exclusivement pacifique du programme nucléaire iranien en échange de la levée totale des sanctions occidentales et de l'ONU.