Le Maroc a connu deux ans d'absence sur la scène internationale en matière de levées de fonds en raison de plusieurs facteurs, notamment la pandémie de Covid-19 qui a perturbé l'économie mondiale. Durant cette période, le pays a choisi de limiter ses emprunts externes, notamment en raison de conditions de financement moins favorables, telles que des taux d'intérêt élevés et une incertitude économique accrue. En 2025, le Maroc signe son grand retour sur la scène internationale en matière de financements en intégrant le top 10 des pays émergents ayant accès aux Eurobonds, grâce à une levée de fonds de 2 milliards d'euros, selon Attijari Global Research. Cette orientation permettra au Maroc de réduire la dépendance du Trésor au marché intérieur, contribuant ainsi à soutenir la tendance baissière des taux d'intérêt en 2025, tout en couvrant près du tiers des besoins de financement extérieur prévus par la Loi de Finances 2025, estimés à 60 milliards de dirhams. Dans une déclaration accordée à Maroc Diplomatique, Mohamed Jadri, expert économique, met en exergue plusieurs éléments clés qui expliquent le retour réussi du Maroc sur les marchés financiers internationaux. Des fondamentaux macroéconomiques solides malgré les crises Mohamed Jadri souligne les efforts importants consentis par le Royaume en matière de maîtrise des finances publiques, rappelant que le déficit budgétaire est passé de 7 % en 2020-2021 à 3,5 % en 2024, avec un objectif fixé à 3 % d'ici 2025-2026. Cette discipline budgétaire, selon lui, témoigne d'une gestion rigoureuse des dépenses publiques. L'expert assure que le taux d'inflation actuel, oscillant entre 1 % et 2 %, reste tout à fait adapté à la conjoncture économique nationale, et sans commune mesure avec les niveaux beaucoup plus élevés enregistrés dans certains pays voisins. Lire aussi : Marché des changes (10-16 avril) : le dirham s'est apprécié de 2,3% face au dollar Malgré les multiples crises – sanitaire, inflationniste ou encore les tensions internationales – l'économie marocaine a maintenu un rythme de croissance positif, atteignant parfois près de 4 %. La projection pour 2025 est d'ailleurs estimée à 4,6 %, selon les prévisions de la Loi de Finances. Selon Mohamed Jadri, d'autres facteurs viennent renforcer cette dynamique, notamment la sortie du Maroc des listes grises du GAFI et de l'Union européenne, les notations positives des agences internationales comme Fitch et Standard & Poor's, ainsi que les réformes structurelles en matière de lutte contre le blanchiment, d'attractivité des investissements et d'amélioration du climat des affaires. Mohamed Jadri précise que la levée de fonds sur le marché international, à hauteur de 2 milliards d'euros, est un succès indéniable. L'offre a largement dépassé les attentes, atteignant près de 7 à 8 milliards d'euros, ce qui, selon lui, traduit une forte confiance des institutions financières internationales dans le Maroc. L'expert a conclu en soulignant que la renégociation récente de la ligne de précaution du FMI, dotée d'une enveloppe de 4,5 milliards de dollars, place le Maroc parmi les cinq seuls pays au monde à en bénéficier. Cela reflète, selon lui, non seulement la solvabilité du Royaume, mais aussi son attractivité grandissante, notamment à l'approche de la Coupe du monde 2030. Confiance des marchés et soutien international Dans le même sens, l'expert économique Badr Zaher Al Azrak partage cet avis. Selon lui, les récentes évaluations positives de l'économie marocaine renforcent la confiance des marchés dans la capacité du Royaume à honorer ses engagements financiers, et ce malgré les incertitudes économiques mondiales. Dans une déclaration à Maroc Diplomatique, Al Azrak insiste sur le fait que ces notations saluent la résilience du modèle économique marocain et sa stabilité macroéconomique, éléments désormais reconnus également par des institutions majeures. Al Azrak assure également que la confiance des bailleurs internationaux se manifeste à travers l'obtention, par le Maroc, de lignes de crédit à des conditions nettement plus avantageuses que celles offertes à d'autres pays émergents. Projets structurants et perspectives de croissance Cette dynamique s'est traduite par une forte souscription aux dernières émissions obligataires du Royaume, principalement orientées vers le financement de projets structurants. Parmi ces projets figurent des investissements stratégiques dans les infrastructures, les énergies renouvelables, les transports, les zones industrielles, mais aussi les préparatifs des grands événements sportifs à venir, tels que la CAN 2025 et la Coupe du Monde 2030 coorganisée avec l'Espagne et le Portugal. L'expert précise que ces perspectives positives laissent entrevoir une croissance soutenue pour les cinq prochaines années, portée par des secteurs moteurs comme le tourisme, les services, la logistique, les énergies vertes, les industries extractives et manufacturières, y compris l'automobile, la construction navale et aéronautique. Les experts soulignent que cette trajectoire économique sera consolidée par une politique volontariste d'investissement public et une coopération renforcée avec les institutions financières internationales. Ce cadre devrait permettre de soutenir la croissance, de compenser les difficultés rencontrées dans certains secteurs comme l'agriculture, et de contribuer à la réduction du chômage, en particulier chez les jeunes.