Si c'est la loi du plus fort qui prévaut dans les jungles, dans toute société civilisée et qui se veut juste et démocratique, c'est la loi de la majorité qui gère le quotidien et qui est souvent celle de la sagesse et du juste milieu. Cette façon d'être et d'agir trouve ses racines dans une nature humaine qui a horreur du vide, et donc loi et démocratie sont là non seulement pour y parer mais aussi et surtout pour empêcher tout progrès et toute sorte d'anarchie et de fascisme. Mais dans un pays se proclamant de Droit, comme le Maroc, certains comportements et habitudes qui n'ont plus lieu d'être persistent et continuent à laisser perplexe plus d'un. La consommation d'alcool en public par un musulman, sa possession, voire une démarche titubante, causée par ce « Nectar », sont actes répréhensibles par les lois de ce pays. Or, personne ne peut nier que si les bars sont de plus en plus bondés de clients musulmans, au vu et au su de tous, c'est que ceux censés veiller à l'application des lois préfèrent fermer les yeux et... laisser faire. Cependant, cette « tolérance » n'est nullement en faveur de cette catégorie de consommateurs. A tout moment, les choses peuvent « tourner au vinaigre». Et donc, cette pseudo-tolérance, n'est autre qu'une épée de Damoclès, perpétuellement posée sur la nuque de chaque consommateur et prête à lui briser la nuque à la première occasion jugée. A Bab Sebta, tout produit qui en émane, est considéré comme de la contre bande. Or, en se rendant sur ces lieux, on remarque avec stupeur la circulation de grands taxis bondés de marchandises dites prohibées. Arrivées à Fnidek (Royaume du Maroc) quelques centaines de mètres plus loin, ces marchandises sont vendues comme dans n'importe quelle autre ville du Royaume. Mais si vous en achetez et que vous roulez avec quelques kilomètres en dehors de la ville, des barrages de douanes vous arrêtent. Et là les marchandises transportées légalement de Fnideq deviennent comme par magie (noire) de la contre bande. Et de fil en aiguille, un père de famille en virée dans cette contrée du pays et qui transporte, à son grand malheur, une marchandise achetée et payée en dirhams à quelques kilomètres de là, et sous l'œil « bienveillant » de la sécurité locale, se trouve traité comme un vulgaire contrebandier notoire... « abbandi ». Nous ne voulons nullement relater ici les conditions inhumaines dans lesquelles « travaillent » jeunes et moins jeunes à Bab Sebta. Nous ne voulons pas évoquer l'arrogance de la police et de la douane Espagnole à leur égard. Mais nous nous contenterons de dire que le tableau général est laid, déshonorant, cruel, inhumain, et tous les autres qualificatifs de la lignée qui vous viennent à l'esprit. A Bénidrar (région d'Oujda), plaque tournante des produits de contrebande espagnols (via Melillia) et autres algériens, le visiteur est complètement estomaqué devant la diversité des marchandises qui s'offrent à ses yeux. Comment un pays avec lequel nos frontières sont fermées depuis des lustres, parvient à fournir huile, farine, diesel, pâtes, thé, ustensiles de cuisines en aluminium... à pratiquement toute la partie orientale du pays ? Et si demain l'huile écoulée à Bénidrar est frelatée, ou que la farine est empoisonnée, qui doit-on incriminer ? Comment s'étonner, alors, qu'on soit inondé de psychotropes, émanant d'Algérie, quand ce sont des camions citernes, remplis de diesel, qui traversent chaque jours nos frontières, pour écouler tranquillement leur contenu dans des hangars, avec pignon sur rue à Benidrar ? A qui profitent ces zones d'ombres ? A qui profitent ces micmacs ? Un pays de droit, n'a-t-il pas à commencer par appliquer la loi ? Et dans l'incapacité de l'appliquer... pourquoi ne pas la remplacer ? En tous les cas, ces zones d'ombres, qui profitent bien à certains, ne profitent nullement... au citoyen-consommateur.