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Entretien avec l'ambassadeur de la République de Guinée à l'occasion de la visite officielle de SM le Roi Mohammed VI : Promouvoir des créneaux de partenariat encore inexplorés
A l'occasion de la visite officielle et d'amitié qu' effectuera SM le Roi Mohammed VI à Conakry, après l'étape malienne qui commence aujourd'hui mardi, SE Aboubacar Kaba, Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire de la République de Guinée au Royaume du Maroc, souligne dans cet entretien, qu'il a bien voulu accorder à L'Opinion et à un autre hebdomadaire de la place, qu'il s'agit d'un fait historique et d'une opportunité pour consolider davantage les liens d'amitié et de fraternité entre les deux pays. En effet, c'est la première fois, qu'un Souverain Chérifien se rend en Guinée. Ce qui ne fera que raffermir l'axe Rabat-Conakry, confortant au passage la démocratie guinéenne sous la conduite du Pr Alpha Condé, Chef de l'Etat, Président de la République, démocratiquement élu le 15 novembre 2010. Un événement qui ouvre une nouvelle page dans l'Histoire contemporaine de la Guinée. Entretien. L'Opinion : Monsieur l'Ambassadeur, dans quel cadre s'inscrit la visite d'Etat, d'amitié et de travail que va effectuer Sa Majesté le Roi Mohammed VI en Guinée ? SE Aboubacar Kaba: C'est une visite d'amitié et de coopération qui contribuera une fois encore à renforcer et à diversifier les axes de coopération entre les deux pays tout en explorant d'autres secteurs d'activités à la lumière des enjeux économiques africains et mondiaux. L'Opinion : Tout naturellement, que représente pour vous ce déplacement dans le contexte actuel où il est question de renforcer la coopération entre les pays africains ? SE Aboubacar Kaba: Il s'agit d'un événement très important au regard de l'excellence des relations entre nos deux pays. En effet, depuis l'indépendance du Royaume du Maroc en 1956 et de la République de Guinée en 1958, les deux Etats ont toujours entretenu d'excellentes relations d'amitié et de coopération, mais c'est la première fois qu'un Souverain du Royaume Chérifien effectue une visite d'Etat en République de Guinée. C'est un réconfort moral pour moi en tant qu'Ambassadeur de la Guinée au Maroc, mais aussi une immense joie pour tout le peuple de Guinée qui connaissait la profondeur et la qualité des relations entre feu Sa Majesté le Roi Hassan II et feu Président Ahmed Sékou Touré, relations scellées par feu Sa Majesté le Roi Mohammed V lors de la Conférence historique de Casablanca en Janvier 1961 et qui ouvrent aujourd'hui de nouvelles perspectives sous le règne de Sa Majesté le Roi Mohammed VI en parfaite harmonie et fraternité avec le Pr Alpha Condé, Chef de l'Etat et Président de la République de Guinée. Il faut le dire, haut et fort, presque tous les Guinéens connaissaient le nom du Roi Hassan II sans l'avoir vu, tellement les liens entre les deux pays étaient puissants. C'est pourquoi, le Prince Héritier d'alors, qu'est aujourd'hui Sa Majesté le Roi Mohammed VI, représentera Son père, Sa Majesté le Roi Hassan II aux funérailles nationales du Président Ahmed Sékou Touré, rappelé à Dieu le 26 mars 1984. Sur ce, le destin a voulu que Sa Majesté le Roi Mohammed VI soit le premier Souverain du Maroc à se rendre dans notre pays, c'est une excellente chose qui raffermira davantage les relations séculaires entre le Maroc et la Guinée. A cette occasion, le fier peuple de septembre promet de réserver la réception la plus chaleureuse et la mieux éclatante en terre africaine de Guinée. L'Opinion : Cela dit, que peut attendre la Guinée de cette visite royale ? SE Aboubacar Kaba: Comme je viens de le dire, un peu plus haut, ce déplacement de SM le Roi consolidera davantage le socle des relations bilatérales, il permettra tout d'abord, sur le plan éducation et formation de doubler le nombre d'étudiants guinéens boursiers du Maroc mais aussi d'ébaucher d'autres créneaux de partenariat qui ne sont pas encore explorés. Je suis persuadé que cette visite royale attirera, une fois de plus les opérateurs marocains en Guinée, un pays dont le sol et le sous-sol regorgent de richesses et qui constitue aujourd'hui un point de mire des investisseurs étrangers. Depuis l'élection à la présidence de la République du Pr Alpha Condé en décembre 2010, un climat propice d'investissement a été créé en Guinée offrant une garantie juridique aux promoteurs et investisseurs qui souhaitent travailler en Guinée dans un partenariat gagnant-gagnant. Le Maroc et la Guinée étant liés par la convention sur la garantie et la protection réciproques des investissements, aucun obstacle juridique ne peut donc gêner le renforcement et l'expansion des relations économiques et financières entre les deux Etats. L'Opinion : A ce propos, quelle appréciation faites-vous de la coopération entre la Guinée et le Maroc ? SE Aboubacar Kaba: D'année en année, la coopération entre le Maroc et la Guinée se renforce davantage. D'ailleurs, c'est au Maroc que se trouve la plus forte colonie estudiantine guinéenne à l'étranger, ce fait prouve à suffisance l'excellence des relations existant entre les deux pays. Ces relations sont matérialisées par la signature de plusieurs accords de coopération pendant les grandes commissions mixtes dans divers domaines dont entre autres l'enseignement supérieur, la recherche scientifique, l'information, le tourisme, la culture... La dernière en date s'est tenue, au mois d'Août 2012 à Conakry. Un autre facteur très important, est la suppression de visas sur tous les passeports entre les deux pays. L'Opinion : Toutefois, le partenariat économique bilatéral serait en deçà des potentialités et des attentes des deux pays. Quelles en sont les principales causes ? SE Aboubacar Kaba: Je pense que toute activité économique est un processus continu surtout en matière de coopération entre les Etats. L'on ne peut pas d'un trait s'attaquer à tout l'éventail des liens de coopération, car il est composé de plusieurs volets selon les intérêts qui unissent les pays. C'est au fur et à mesure qu'on s'occupe des différentes variantes dans ce domaine. L'Etat guinéen est entrain de réviser en profondeur sa législation et sa règlementation en matière d'investissements. Tout ce qui semble être un frein à l'initiative privée, à l'expansion du secteur économique est à l'étude et doit être retiré et révisé pour donner l'impulsion nécessaire à la construction d'une nation forte, unie et développée. La levée des entraves administratives permettra aux promoteurs marocains et guinéens des investissements rentables à coups sûrs. Le Maroc et la Guinée ont des atouts en matière économique, je souhaite que ce déplacement de Sa Majesté en Guinée fasse que ce secteur de coopération soit le plus viabilisé entre les deux pays. L'Opinion : Quel commentaire faire des élections législatives en Guinée notamment de la participation des Guinéens du Maroc ? SE Aboubacar Kaba: Les élections législatives, du 28 Septembre 2013, se sont déroulées dans le calme sur toute l'étendue du territoire national et à l'étranger. En définitive, la mouvance présidentielle Arc-en-ciel l'a emporté avec 53 % et l'opposition a eu 47 % toutes tendances confondues. Le déroulement de ces élections a été apprécié par la communauté internationale. La nouvelle Assemblée nationale est entrée en fonction le 13 Janvier 2014 pour un mandat de cinq ans et boucle la période de la Transition politique en Guinée. Les Guinéens vivant au Maroc ont participé d'une façon pacifique à ce scrutin législatif en donnant leurs voix à dix partis politiques respectant la tendance nationale observée en Guinée. L'Opinion : Un mot sur la communauté guinéenne au Maroc ? SE Aboubacar Kaba: L'Ambassade est la maison des ressortissants guinéens au Maroc et l'une des fonctions de l'Ambassade est de protéger ses ressortissants, leurs biens et de consolider les liens de fraternité et de solidarité entre ses compatriotes. J'invite la communauté guinéenne à s'unir davantage et à respecter la législation du Maroc qui est un pays frère et ami. Je lance un appel pressant à tous nos compatriotes pour s'enregistrer immédiatement auprès du Consulat de l'Ambassade à Rabat et surtout de mettre à profit la nouvelle orientation de Sa Majesté le Roi Mohammed VI en faveur de la régularisation des étrangers vivant au Royaume du Maroc. L'Opinion : Sur le plan continental, la crise en Centrafrique est préoccupante. Que pouvez-vous dire à ce sujet ? SE Aboubacar Kaba: Comme l'a souligné le Professeur Alpha Condé, Président de la République de Guinée et Président en exercice du Comité de Paix et de Sécurité de l'Union Africaine, la crise Centrafricaine, qui risque de prendre une connotation religieuse, est très préoccupante. Heureusement que sous la conduite africaine, la Mission Internationale de Soutien à la Centrafricaine (MISCA), évolue sur le terrain et toute la communauté internationale, avec la France en tête, se mobilise pour éteindre ce foyer de tension. Je souhaite que cette crise soit circonscrite rapidement pour que les populations de ce pays ami et frère vivent en paix dans l'harmonie sans aucune considération religieuse, régionale ou ethnique. Propos recueillis par Sara SIDIBÉ ============================= Encadré 1 Du sol et du sous sol La Guinée est un pays qui possède de nombreuses ressources. Cette abondance des ressources, notamment minières, lui vaut l'appellation de « scandale géologique ». La Guinée est le premier pays mondial pour ses réserves prouvées de bauxite, le deuxième derrière l'Australie pour la production. Le très riche gisement de Sangarédi est exploité par la Compagnie des Bauxites de Guinée. Le pays dispose également d'or, de fer, de diamants, de pétrole et d'uranium. Sur le plan géographique, la plaine côtière de Basse-Guinée est dominée à l'Est par le massif de Benna (1 214 m), le Mont Kakoulima (1 011 m) et le Mont Gangan (1 117 m). La Moyenne-Guinée entoure le Massif du Fouta Djallon qui occupe environ 80 000 km2 et culmine au Mont Loura (1 532 m). Il est constitué principalement de plateaux étagés à souvent plus de 1 000 m entaillés par des vallées dominant des plaines et dépressions jusqu'à environ 750 m. Le massif du Fouta Djallon est principalement constitué de grès siliceux et Schistes mais d'importantes surfaces sont recouvertes par des cuirasses ferrugineuse ou bauxitiques. La Haute-Guinée est un vaste plateau avec quelques sommets isolés. La Guinée forestière juxtapose des massifs élevés aux versants abrupts, Mont Simandou et Mont Nimba (1 752 m), des bas-plateaux et des plaines, des bas-fonds et des vallées inondables. Le Mont Nimba constitue le point culminant de la Guinée. Pour ce qui est du climat, il s'agit d'un climat tropical à deux saisons : la saison des pluies et la saison sèche. La durée de ces deux saisons varie en fonction quatre régions climatiques distinctes en Guinée. L'ouest, au bord de l'Atlantique, est très humide. Le climat est plus tempéré au centre (deux saisons égales, pluies de mai à novembre). Au nord-est, le climat est tropical sec avec des pluies plus faibles, des températures élevées sauf de décembre à février lorsque le vent souffle (20 °C contre 40 °C). Le sud-est de la Guinée est subéquatorial avec une longue saison des pluies (8 à 10 mois) et des températures moyennes de 24 °C à 38 °C. ====================== Encadré 2 Qu'en est-il de l'hydrologie ? De nombreux fleuves, tels le Niger, le Sénégal, la Gambie, ainsi que leurs principaux affluents (Tinkisso, Milo, Niandan, Falémé) trouvent leur source en Guinée, faisant de ce pays le « château d'eau » de l'Afrique de l'Ouest. Ces cours d'eau partent des massifs guinéens et se dirigent au début de leur parcours vers le nord ou vers l'est. Il existe également un très grand nombre de fleuves côtiers descendant des massifs guinéens vers l'ouest, comme le Konkouré ou vers le sud, comme le fleuve Mano. De la Guinée-Bissau à Conakry, ces fleuves forment de profonds estuaires qui ont conservé les noms donnés par les explorateurs portugais au XVe siècle. Ces estuaires constituent des voies de communications à travers la mangrove de Basse-Guinée, région qui s'appelait « Rivières du Sud » au début de la colonisation par les Français, au XIXe siècle. Le massif du Fouta Djalon offre un potentiel de production électrique. Le fleuve Konkouré, proche des villes de Mamou, Kindia et Conakry fait l'objet d'un programme d'aménagement et un premier barrage a été inauguré en 1999.