Le Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE) a tenu, hier à Rabat, une conférence de presse pour présenter son Avis relatif à l'accès équitable et généralisé aux soins de santé de base. Cet avis fait suite à la demande de saisine effectuée par le Chef du gouvernement, le 28 novembre 2012, pour évaluer la situation actuelle de l'accès des citoyens aux prestations de soins de santé de base dans les milieux urbain et rural, en termes de qualité, de coût et de modalités de financement, et élaborer des recommandations opérationnelles permettant d'atteindre une couverture universelle dans le Royaume. Lors de cette conférence, présidée par Nizar Baraka, Hakima Himmich, rapporteur de la Commission permanente chargée des affaires sociales du CESE, a mis l'accent sur les principales caractéristiques de l'offre de soins de santé de base au Maroc. Pour elle, ces soins sont délivrés dans un réseau d'établissements de soins de santé de base (RESSB) qui couvre l'ensemble du territoire national et constitue la base opérationnelle de toute l'action sanitaire. Ce réseau souffre, entres autres, d'une grande disparité en matière de répartition entre régions et dans une même région entre milieux urbain et rural. Pour sa part, le secteur médical privé, qui est en fort développement, regroupe près de la moitié des médecins, et il n'est pratiquement présent que dans les villes (30% des lits et des cabinets médicaux à Casablanca et 66% dans cinq régions). Autre axe soulevé dans le rapport « Les soins de santé de base : Vers un accès équitable et généralisé », concerne les ressources humaines et soins de santé de base. Dans ce point, l'on relève que « le Maroc connaît une grave pénurie en professionnels de santé, et de grandes disparités dans leur répartition entre régions et au sein d'une même région, entre milieu urbain et rural. Le ratio du nombre de médecins pour 10.000 habitants est à peine de 6,2 et ne satisfait pas aux normes de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS)... ». Pire, la formation du personnel soignant est qualifiée d'inadaptée. « Alors que le système de santé au Maroc a un énorme besoin de médecins généralistes, leur formation est trop longue et n'est pas adaptée à leurs tâches », souligne le CESE. Pour ce qui est de l'accessibilité des médicaments, Mme Himmich fait savoir que le budget que le ministère de la Santé réserve aux médicaments est passé de 1,6 milliard de DH en 2012 à 2,2 milliards en 2013. Objectif : couvrir les besoins en médicaments des bénéficiaires du Régime d'assistance médicale (RAMED). Les arrêtés qui déterminent les modalités de fixation des prix des médicaments sont, eux aussi, qualifiés comme étant obsolètes et contribuent à leur prix élevé. Les marges de distribution sont élevées et ne sont pas dégressives en fonction du prix du médicament. Ce qui constitue, selon Mme Himmich, une aberration. Le système de santé au Maroc est également caractérisé par le fait que le système de stockage et de distribution des médicaments du secteur public est très centralisé, posant d'énormes problèmes, comme en témoignent les difficultés de stockage et de conservation, les grandes quantités de médicaments périmés, les retards de livraisons et les ruptures de stock. Voilà grosso modo les principales faiblesses structurelles caractérisant le système de santé de bas marocain. Pour l'améliorer, le CESE propose une série de recommandations. D'abord, élaborer une politique nationale de santé ciblant en priorité les régions défavorisées, le monde rural et les populations pauvres. Il propose aussi à ce que la loi cadre 34-09 relative au système de santé et à l'offre de soins soit effective. Il s'agit également de lutter contre les inégalités d'accès aux soins de santé de base, d'activer l'élaboration et la mise en œuvre de la politique nationale du médicament en impliquant tous les acteurs, d'investir massivement dans les ressources humaines et de prévenir contre la corruption marquant malheureusement le secteur.