L ‘année 2012 s'est achevé sous les signes de l'essoufflement de l'économie qui se sont intensifiés, avec en particulier la détérioration de plus en plus marquée des équilibres fondamentaux, notamment budgétaires et extérieurs et la persistance à un niveau élevé du chômage des jeunes, parallèlement à un amenuisement significatif des marges de manoeuvre des pouvoirs publics, note la Banque centrale dans son récent rapport relatif à cet exercice. Ce sont, selon Bank Al-Maghrib, principalement ces évolutions qui ont amené les agences de notation à la mise de notre pays sous perspective négative en octobre 2012 et en février 2013, sans pour autant que sa note soit dégradée. Affronter les défis auxquels fait face notre pays aujourd'hui passe par l'accélération et l'élargissement des réformes structurelles. Ces dernières aussi difficiles et impopulaires soient-elles, sont les seules à même de rétablir les équilibres macro-économiques, d'assurer leur viabilité et de redonner à l'Etat les moyens pour améliorer la compétitivité, relancer la croissance et renforcer la cohésion sociale, tout en préservant les bonnes relations du pays avec ses partenaires internationaux. En revanche, leur report ne fera qu'alourdir leur coût économique et social. C'est là, en n'en pas douter, un cri d'alarme m^lé de désespoir face à une situation qui s'est largement détériorée et où le report de réformes ne fera qu'alourdir leur coût économique et social. En plus du parachèvement de la mise en oeuvre de la Constitution comme cadre de référence, et des projets structurants engagés ces dernières années, tels que la régionalisation et la réforme de la justice, les autres chantiers qui sont à un stade avancé de finalisation doivent être adoptés et leur mise en oeuvre accélérée. Il s'agit d'abord de la réforme des systèmes des retraites dont l'équilibre financier ne cesse de se détériorer, sous l'effet de la transition démographique, alors que leur couverture reste encore à des niveaux faibles. Il en est de même pour la réforme du système fiscal qui a suscité de nombreux débats, notamment lors des troisièmes assises nationales de la fiscalité. Les pistes de réforme sont assez bien identifiées et devraient s'inscrire dans l'ordre des priorités des autorités publiques. Elles passent notamment par l'élargissement de l'assiette fiscale aux secteurs jusqu'ici peu fiscalisés et aux activités informelles, pour renforcer les ressources de l'Etat et assurer plus d'équité fiscale. Elles requièrent également une remise en question des nombreux et coûteux régimes dérogatoires qui engendrent un manque à gagner significatif pour l'Etat, sans pour autant que leurs rendements soient clairement démontrés. La reconsidération de ces régimes dérogatoires devrait s'inscrire dans un cadre plus global de réforme de la politique des subventions. Le système de compensation qui en constitue la composante principale reste peu efficace aux plans à la fois financier et social. S'il contribue à la préservation du pouvoir d'achat, c'est au prix d'un système inéquitable et d'un coût qui grève le budget de l'Etat et l'expose aux chocs des fluctuations des cours des matières premières et des variations du taux de change. De surcroît, au vu des perspectives d'évolution des prix internationaux des produits énergétiques, ce dispositif représente une réelle menace pour la soutenabilité de l'équilibre budgétaire. De ce fait, sa réforme devrait figurer parmi les priorités de l'agenda des autorités. Sa mise en oeuvre nécessite, toutefois, une démarche graduelle, avec la mise en place de filets sociaux pour atténuer son impact sur les populations défavorisées, tout en étant accompagnée d'une politique de communication et de sensibilisation bien ciblée. La soutenabilité des finances publiques requiert également un assainissement budgétaire, à travers la réduction des charges non productives, la modération au niveau des augmentations salariales, tout en les liant à l'effort de productivité ou de rendement, et la canalisation des ressources disponibles vers l'investissement productif et le développement humain. Dans ce sens, l'accélération des processus d'élaboration, d'adoption et de mise en oeuvre de la loi organique des finances devrait contribuer à cette rationalisation par l'amélioration de l'efficacité des dépenses et le renforcement de la transparence de l'action publique. Au plan de la viabilité externe, la détérioration continue de la position du compte courant, et plus particulièrement celle de la balance commerciale, renvoie inéluctablement à la problématique de la compétitivité de l'offre exportable, qui reste limitée aussi bien en termes de contenu que de destination. Son redressement demeure tributaire de la concrétisation des politiques sectorielles et transversales, avec notamment le développement de la recherche et de l'innovation et l'amélioration de la formation et du climat des affaires. Le projet des métiers mondiaux du Maroc constituerait un des leviers de cette offre, comme en témoigne la performance remarquable de la branche construction automobile cette année. La compétitivité de nos exportations renvoie également à la réforme du régime de change, dont la configuration actuelle ne lui permet pas de jouer son rôle d'amortisseur des chocs exogènes de la balance des paiements. Toutefois, la réussite d'une telle réforme nécessite une démarche progressive conditionnée par des prérequis dont plusieurs font actuellement défaut. Selon la Banque centrale, l'ensemble des réformes à entreprendre doit s'inscrire dans une stratégie globale visant la promotion d'une croissance inclusive et le renforcement de la cohésion sociale, à travers une politique redistributive, ainsi que la lutte contre le chômage en général et celui des jeunes en particulier. Cela nécessite des actions de moyen terme avec comme priorité l'amélioration du système d'éducation, qui malgré une forte volonté politique et des efforts financiers importants, reste dans une situation bien en deçà des attentes. La réussite de la transition politique de notre pays, dans un contexte régional instable, qui continue d'être saluée à l'échelle internationale, ne saurait être pérenne sans des avancées économiques