En parallèle avec l'élargissement du déficit budgétaire, la viabilité externe s'est nettement dégradée, comme le montre le creusement du déficit du compte courant à 8% du PIB, note Bank Al-Maghrib dans son rapport de l'année 2011. Il s'agit du niveau le plus élevé depuis le début des années 80, après 4,5% l'année précédente et 3,7% en moyenne au cours des quatre dernières années, conséquence d'un nouvel alourdissement du déséquilibre commercial, qui a atteint 23,6% du PIB en dépit de la résilience des exportations qui se sont accrues de 16,3%, grâce notamment aux très bonnes performances du secteur des phosphates et dérivés. Pour leur part, les importations ont marqué une hausse de 20,1%, sous l'effet à la fois de la hausse des prix et des quantités des principaux produits énergétiques, alimentaires et de demi-produits. Les recettes du tourisme et les transferts effectués par les Marocains résidant à l'étranger, qui ont progressé respectivement de 4,8% et de 7,8%, une performance notable compte tenu de l'environnement externe, n'ont toutefois pas été suffisantes pour amortir le solde négatif des biens. Au total, et malgré un excédent du compte de capital et d'opérations financières de l'ordre de 5,7% du PIB, la balance des paiements a dégagé un déficit de 21,2 milliards, qui a ramené les réserves de change à un niveau équivalent à environ 5 mois d'importations de biens et services, au lieu de près de 7 mois en 2010. Si ces déséquilibres des finances publiques et du compte courant résultent de la détérioration de l'environnement international depuis 2008, ils révèlent aussi les limites plus fondamentales d'une orientation de la politique économique qui s'appuie essentiellement sur la demande intérieure. Cette voie a certes permis de réaliser une certaine performance au niveau de la croissance globale et une paix relative sur le front social. Mais les aléas attendus du contexte international et les évolutions de l'environnement régional appellent un ajustement de la politique macroéconomique pour espérer continuer à assurer à notre pays une croissance saine et durable sur le long terme et pouvoir absorber avec succès les chocs exogènes présents et à venir. Pour cela, le rétablissement rapide, à la fois d'une trajectoire soutenable à moyen terme pour nos finances publiques et de la viabilité de nos comptes extérieurs, constitue un impératif incontournable. Au plan de la soutenabilité budgétaire à moyen terme, une réduction des dépenses courantes en pourcentage du PIB est en effet inévitable, dans la mesure où le ratio des recettes par rapport au PIB ne pourra pas être significativement relevé sans préjudice pour l'activité économique. Les augmentations salariales catégorielles de ces dernières années, ainsi que l'alourdissement sans précédent des charges de compensation, sont en grande partie à l'origine de la détérioration de l'épargne publique, qui réduit l'espace budgétaire pour l'investissement de l'Etat. A plus long terme, si la réforme de la fonction publique constitue le chantier structurant pour améliorer l'efficacité de l'administration et réduire le poids de la masse salariale, la priorité à court terme passe par la maîtrise des effectifs et la modération salariale. Pour leur part, les dépenses de subvention, qui font peser d'énormes incertitudes sur le budget, devraient faire l'objet d'un plafonnement dès 2012, en cohérence avec l'objectif de maintien de la soutenabilité budgétaire à moyen terme. La réforme en profondeur et graduelle de ce dispositif qui devient inéluctable, devra viser nécessairement l'amélioration de son impact en matière de réduction de la pauvreté et des inégalités. Par ailleurs, d'importants efforts sont aussi nécessaires pour rationaliser l'investissement du secteur public et pour en développer l'efficience. En effet, les données disponibles, en comparaison avec les performances de plusieurs pays émergents et en développement, montrent que l'investissement, notamment du secteur public, qui a été très dynamique au cours de ces dernières années n'est pas suffisamment productif. Il s'agit aussi de mettre rapidement en oeuvre les mesures qui pourraient contribuer à atténuer le déficit structurel et croissant de la balance commerciale, dont l'impact sur la viabilité externe a été, jusqu'à ce jour, largement amorti par les performances des recettes au titre des transferts des Marocains résidant à l'étranger et du tourisme. Comme le montrent notamment la perte tendancielle de nos parts de marché à l'exportation, ainsi que l'évolution des coûts unitaires du travail, les réformes devraient tout d'abord être concentrées sur l'ensemble des facteurs de compétitivité, notamment le savoir, l'innovation et la créativité. Une autre limite à l'expansion des exportations est la prédominance de l'Union Européenne comme principal marché et la forte concentration de l'offre exportable sur un nombre limité de produits à faible valeur ajoutée. En outre, la part des importations dans la consommation nationale aura tendance à se renforcer davantage dans le cadre des nombreux accords commerciaux signés. Il s'agit donc, au-delà des facteurs conjoncturels, d'optimiser les bénéfices que peut tirer notre économie d'une intégration accrue dans son environnement, en accélérant le chantier relatif aux métiers mondiaux du Maroc et en faisant émerger de nouveaux secteurs à haute intensité technologique et à forte valeur ajoutée, tout en diversifiant les marchés d'exportation, à travers la mise en oeuvre d'une stratégie favorisant les flux vers les pays émergents et en développement les plus dynamiques, notamment africains. Pour tirer davantage profit de cette ouverture extérieure, l'évolution vers un régime de change plus flexible paraît souhaitable. Cette option appellera l'adaptation du cadre de politique monétaire qui pourrait évoluer vers un régime de ciblage d'inflation si les prérequis, dont notamment le maintien de la soutenabilité budgétaire à moyen terme et un système financier solvable et résilient, sont assurés. Le succès de cette évolution du régime de change est conditionné par une bonne préparation de tous les acteurs concernés qui doivent bien en mesurer les enjeux et en maîtriser les aspects opérationnels. En complément, de nouvelles étapes dans l'assouplissement de la réglementation des changes sont à franchir, le Maroc accusant par ailleurs un retard notable en matière d'ouverture du compte capital par rapport à ses principaux concurrents. Solde des transactions courantes significativement négatif Selon les données préliminaires de l'Office des Changes, les échanges extérieurs des biens, à fin juillet 2012, ont affiché des progressions des valeurs des exportations (FOB) et des importations (CAF) de 5,2% et de 6,2% respectivement, donnant lieu à un taux de couverture des biens de 48,4% contre 48,1% le mois précédent et à un déficit commercial de 113,8 milliards de dirhams, en aggravation de 7,6 milliards de dirhams ou 7,2%. La hausse des importations s'explique à hauteur de 47% par la facture énergétique qui a progressé de 11,8%, en raison essentiellement du renchérissement de la valeur des importations des gas-oils et fuel-oils (+15,4%), de pétrole brut (+8,7%) et de gaz de pétrole et autres hydrocarbures (+15,9%). Selon la DEPF relevant du ministère des Finances, pour la quatrième année consécutive, le solde des transactions courantes de la balance des paiements est significativement négatif. Ce déficit a atteint 64,6 milliards de dirhams en 2011, après 34,3 milliards en 2010, 39,9 milliards en 2009 et 35,9 milliards en 2008. Cette détérioration, trouve son origine, principalement, dans le déficit structurel des échanges de biens dont l'impact a été, toutefois, atténuée par un solde excédentaire au niveau des échanges de services et des transferts courants. Sur la durée, en une décennie, avec une aggravation annuelle moyenne de 15,5% entre 2001 et 2011, le solde de la balance commerciale est resté structurellement déficitaire en moyenne d'environ 17,1% du PIB. Cette aggravation n'est, cependant, pas sans rapport avec l'envolée d'une croissance appelée à franchir un nouveau palier plus gourmand en importations de biens d'équipement, de biens intermédiaires et surtout en produits énergétiques dont les prix ont enregistré des pics insoupçonnés par le passé. Autant donc de produits incompressibles au regard des besoins du développement du pays. Ainsi, les produits énergétiques ont occupé le premier poste des importations avec une facture qui est passée de 5,2% du PIB en 2001 à 11% du PIB en 2011. Le solde énergétique a accusé une détérioration de 16,1% en moyenne durant la même période. Cette évolution, alimentée par les besoins de l'activité économique nationale est attribuable, surtout, à la montée des prix du baril de 24,5 dollars au titre de l'année 2001 à 111,8 dollars au titre de 2011, soit une hausse annuelle moyenne de 16,4%. A noter qu'à fin juin 2012, facture pétrolière (pétrole brut) a enregistré une hausse de 3% à 15,7 milliards de dirhams, suite au renchérissement de 10% du cours moyen de la tonne importée, à 6.802 dirhams, malgré une baisse du volume importé de 6%. Exprimé en billet vert, le cours moyen du baril importé par le Maroc s'est établi à 108 dollars sur le premier semestre de 2012, soit un écart d'environ 5 dollars par rapport au prix moyen du Brent (113 dollars). La hausse de la facture pétrolière (+3%) s'explique davantage par un effet change (appréciation du dollar face au dirham de 6%) plutôt que par un effet prix (renchérissement des cours mondiaux de pétrole de 3%). La Direction des Etudes et des Prévisions Financières indique dans son bulletin « Tendances des marchés des produits de base » qu'au terme du premier semestre 2012, la balance alimentaire marocaine a affiché un solde déficitaire de 6,8 milliards de dirhams, marquant une aggravation de plus de 300 millions de dirhams par rapport premier semestre 2011. La détérioration du déficit alimentaire a contribué de 7% à l'aggravation du déficit commercial global (-98,8 milliards de dirhams), contre une contribution de 44% pour la balance énergétique (-44 milliards de dirhams). La forte volatilité des cours d'importation des produits pétroliers et des produits alimentaires devrait continuer d'exercer des pressions sur la balance commerciale et sur les finances publiques du Maroc. Change Le dirham s'apprécie face à l'euro et recule devant le dollar En juillet 2012, l'euro a poursuivi sa dépréciation par rapport aux principales monnaies du marché de change international. Il s'est, ainsi, établi à 1,23 dollar pour un euro, contre 1,25 le mois précédent, soit une baisse de 2%. De même, la monnaie unique s'est dépréciée de 2,3% aussi bien contre le yen japonais, que par rapport à la livre sterling. Sur le marché de change national, le dirham a enregistré en juillet une appréciation mensuelle moyenne de 0,37% par rapport à l'euro. A l'inverse, il s'est déprécié de 1,9% contre le Yen Japonais, de 1,84% vis-à-vis de la livre sterling et de 1,58% face au dollar américain. En variation annuelle, la monnaie nationale s'est inscrite, en moyenne, en augmentation de 2,76% à l'égard de l'euro, alors qu'elle s'est dépréciée de 11,93%, de 11,55% et de 8,45% face, respectivement, au yen japonais, au dollar et à la livre sterling. Par ailleurs, le volume moyen des opérations d'achat et de vente de devises contre dirhams, au niveau du compartiment interbancaire, a connu une diminution de 14,4% en juin par rapport à la même période de l'année 2011, se situant ainsi à 9,1 milliards de dirhams. Quant au volume moyen des ventes de devises par Bank Al-Maghrib aux banques, il a augmenté, passant de près 4,7 milliards à 5,4 milliards de dirhams. S'agissant des opérations d'arbitrage, réalisées par les banques avec leurs correspondants étrangers, elles ont accusé une baisse de 65,4%, s'établissant à 60,5 milliards de dirhams en moyenne. Inflation : Légère hausse L'indice des prix à la consommation a connu, au cours du mois de juillet 2012, une hausse de 0,3% par rapport au mois précédent. Cette variation est le résultat de la hausse de 0,7% de l'indice des produits alimentaires et de 0,1% de l'indice des produits non alimentaires. Les hausses des produits alimentaires observées entre juin et juillet 2012 concernent principalement les «viandes» avec 1,7%, les «poissons et fruits de mer» avec 1,1% et les «fruits» avec 1,0%. En revanche, les prix ont baissé de 0,3% pour les «légumes». Pour les produits non alimentaires, la hausse a concerné principalement les services de transport avec 2,2%. Les hausses les plus importantes de l'IPC ont été enregistrées à Dakhla avec 1,9%, Marrakech avec 1,4%, Laâyoune avec 0,9% et à Guelmim et AL-hoceima avec 0,8%. En revanche, une baisse a été enregistrée à Oujda et Meknès avec 0,2%. Comparé au même mois de l'année précédente, l'indice des prix à la consommation a enregistré une hausse de 1,7% au cours du mois de juillet 2012. Cette variation résulte de la hausse de 3,1% de l'indice des produits alimentaires et de 0,5% de celui des produits non alimentaires. Les variations enregistrées pour les produits non alimentaires vont d'une baisse de 26,5% pour les «communications» à une hausse de 5,2% pour le «transport». Dans ces conditions, l'indicateur d'inflation sous-jacente, qui exclut les produits à prix volatiles et les produits à tarifs publics, aurait connu au cours du mois de juillet 2012 une hausse de 0,4% par rapport au mois de juin 2012 et une hausse de 0,5% par rapport au mois de juillet 2011.