Des combats meurtriers opposaient mardi insurgés et soldats à Damas et dans sa banlieue, au moment où la nouvelle coalition de l'opposition a obtenu une reconnaissance des pays du Golfe et le soutien de la Ligue arabe. Au lendemain de la formation de cette entité, qui doit à terme nommer un gouvernement provisoire, seules les monarchies du Golfe, à la pointe du soutien à la rébellion, l'ont formellement reconnue comme «représentant légitime du peuple syrien», la Ligue arabe et la France se contentant de lui apporter leur soutien. L'organisation panarabe l'a qualifiée de «principal interlocuteur» et de «représentant légitime de l'opposition», une reconnaissance prudente qui vise à satisfaire tous ses membres. Certains de ses membres soutiennent l'opposition à Bachar al-Assad, comme le Qatar parrain des discussions à Doha sur l'unification de ses rangs et qui arme et finance la rébellion, tandis que d'autres, comme l'Irak et l'Algérie, ont fait part de leurs réserves sur cette reconnaissance. Alors que plusieurs composantes de l'opposition, jusqu'ici réticentes à rejoindre les rangs du Conseil national syrien (CNS), ont rejoint la Coalition, la Ligue a appelé les derniers opposants hors de cette entité à leur emboîter le pas. Paris va également «soutenir» la Coalition, a déclaré le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius à l'issue d'une rencontre au Caire avec son chef Ahmad Moaz Al-Khatib, et George Sabra, chef du CNS, principale composante de la nouvelle formation. S'il ne s'est pas prononcé sur une reconnaissance formelle, il a souligné que Paris avait «toujours été à l'avant-garde» dans son soutien à l'opposition qui venait de «franchir une étape très importante». Sans surprise, Washington et Londres qui ont multiplié les appels à l'union de l'opposition, lui avaient promis dès lundi leur soutien, tandis que Moscou, grand allié de Damas, réitérait son appel à privilégier le dialogue avec M. Assad, une option déjà rejetée par les opposants qui exigent le départ du chef d'Etat. Premiers à reconnaître la nouvelle «Coalition nationale syrienne des forces de l'opposition et de la révolution», les six membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG, Arabie saoudite, Qatar, Koweït, Emirats arabes unis, Bahreïn et Oman) ont exprimé «l'espoir que cette (entité) soit un pas en avant vers un rapide transfert du pouvoir». Sur le terrain, de nouveaux combats meurtriers entre soldats et rebelles ensanglantaient Damas et sa proche banlieue, pilonnée par l'artillerie du régime. Dix soldats ont ainsi péri dans la Ghouta, la campagne qui borde Damas à l'ouest, selon une ONG syrienne, tandis que le quotidien du parti au pouvoir Al-Baas affirmait que les troupes avaient chassé les «terroristes», terme par lequel Damas désigne les rebelles, de Harasta, dans la banlieue nord-est. D'autres affrontements et des raids aériens ont frappé Rass al-Aïn, dans le nord-est kurde du pays, où les insurgés ont récemment pris un poste-frontière vers la Turquie, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). En outre, le gouverneur de la province de Raqa (nord) a été grièvement blessé dans un attentat qui a coûté la vie à deux autres personnes, selon la même source. Selon un premier bilan de l'ONG, 27 personnes, dont 11 soldats ont péri mardi, au lendemain de la mort de 151 personnes dans des violences en Syrie, en proie depuis mars 2011 à une révolte populaire devenue conflit armé qui a fait plus de 37.000 morts, selon l'OSDH.