Les rebelles ont renforcé leur contrôle de la région nord de la Syrie frontalière de la Turquie et continué dimanche d'opposer une forte résistance à l'armée dans leurs bastions soumis à de violents bombardements dans le reste du pays. La guerre déclenchée par la répression sanglante d'une contestation pacifique en mars 2011 réclamant des réformes ne montre aucun signe d'un dénouement à court terme, les violents mettant le pays à feu et à sang avec des dizaines de milliers de morts et des régions complètement détruites. Dimanche encore, les combats entre rebelles et soldats du régime de Bachar al-Assad, accompagnés de bombardements à l'artillerte lourde de l'armée se déroulaient dans la province de Damas, dans la ville stratégique d'Alep (nord) à Idleb (nord-ouest), à Hama (centre) et à Deraa (sud), selon une ONG syrienne. La télévision officielle syrienne a affirmé que l'armée avait délogé les rebelles des localités de Hameh et Qoudsaya, proches de Damas, après de violents combats. L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a confirmé la prise de Hameh. Près de Damas, les corps de dix personnes, dont un rebelle, exécutées par balle, ont été retrouvés, a affirmé l'OSDH, ces découvertes macabres se multipliant à travers le pays ces dernières semaines. Bilans lourds dans le Nord Sur la bataille cruciale d'Alep, le quotidien proche du pouvoir Al-Watan a affirmé que les soldats contrôlaient plusieurs quartiers de l'est de la ville Arkoub, Souleimane al-Halabi et le rond-point Sakhour menant à la vieille ville. Des combats se déroulaient dans d'autres secteurs selon l'ONG. Même s'ils disent manquer de munitions et ne cessent d'appeler Occidentaux et Arabes à leur envoyer des armes pour faire face à la puissance de feu, surtout aérienne, des troupes loyalistes, les rebelles ont marqué des points en s'emparant de larges secteurs du nord frontaliers de la Turquie. La journée de samedi a été particulièrement meurtrière pour les soldats syriens dont 62 ont été tués dans les combats avec les insurgés qui ont aussi perdu 45 de leurs hommes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Les civils ont aussi payé un lourd tribut avec 47 morts. Quarante des soldats ont péri dans les combats acharnés qui ont abouti à la prise de contrôle par les rebelles du village frontalier de Khirbet al-Joz, dans la province d'Idleb, à 2 km de la frontière avec la Turquie, pays qui soutient les insurgés syriens et appelle au départ du «criminel» Assad. Les combats ont duré douze heures et fait neuf morts dans les rangs des rebelles dans ce village totalement déserté de ses habitants, selon l'OSDH. Le même jour et de l'autre côté de la frontière, l'armée turque a riposté à deux nouveaux tirs en provenance de Syrie qui ont frappé en riposte à des tirs son territoire dans la province de Hatay (sud-est) sans faire ni victimes ni dégâts. Selon les autorités locales turques, un des tirs d'obus provenait d'une batterie des forces syrienne loyalistes, visait les rebelles déployés près de la frontière. Pas de nouvelles des otages iraniens Sur le plan diplomatique, Mokhtar Lamani, le représentant à Damas de Lakhdar Brahimi a rencontré samedi des membres de l'opposition armée à Lajat au sud de Damas, dans le cadre des discussions avec toutes les parties au conflit qui a fait plus de 31.000 morts en près de 19 mois selon l'OSDH. M. Brahimi, dont les efforts de paix n'ont enregistré aucun progrès depuis sa prise de fonction le 1er septembre, devrait retourner dans la région après des consultations en marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York. Il compte d'ouvrir un bureau pour sa mission au Caire, en plus de celui de Damas. Il avait rencontré à Damas à la mi-septembre M. Assad, sans obtenir de concession de sa part. Enfin, aucun indication n'a été donnée sur le sort des dizaines d'Iraniens enlevés en août par des rebelles, après l'expiration samedi d'un ultimatum d'un commandant rebelle menaçant de les tuer si l'armée syrienne ne se retirait pas totalement de la Ghouta orientale, une banlieue de Damas où sont basées les unités les plus organisées de l'Armée syrienne libre (ALS, rébellion). Echanges de tirs à la frontière La situation à la frontière syro-turque semblait calme dimanche matin au lendemain d'un nouveau bombardement de l'armée turque contre des cibles en Syrie, Ankara ripostant désormais systématiquement à des tirs syriens sur son territoire, ravivant les craintes d'une propagation du conflit syrien. Samedi, la Turquie a riposté pour la quatrième journée consécutive à des tirs d'obus de mortier en provenance de Syrie au lendemain de la mise en garde du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, selon lequel son pays ne reculera devant aucune provocation. Ces bombardements ont débuté mercredi en représailles à un tir de mortier des forces loyalistes syriennes qui a tué cinq civils turcs à Akçakale. Les forces syriennes de Bachar al Assad ont frappé samedi à deux reprises près de Guvecci dans le district de Yayladagi, ont déclaré les services du gouverneur de la province de Hatay, précisant que ces tirs semblaient viser des positions rebelles à la frontière. Les forces turques ont répliqué par quatre salves au premier tir de mortier, puis par deux autres au second. Deux incidents similaires s'étaient produits vendredi dans la province de Hatay, durant le discours d'Erdogan. Cette série de frappes constitue la plus importante escalade à la frontière turco-syrienne depuis le début de la révolte contre le président syrien Bachar al Assad en mars 2011. Ankara adopte une attitude «dissuasive», a déclaré samedi le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, faisant référence à l'autorisation donnée par le Parlement à une action militaire en territoire syrien. «En donnant ce mandat, nous n'avons pas signé une déclaration de guerre, nous avons montré à l'administration syrienne notre force de dissuasion, faisant ainsi les mises en garde nécessaires pour éviter le déclenchement d'une guerre», a-t-il dit. «Désormais, s'il y a une attaque contre la Turquie, elle sera refoulée». Vendredi, le Premier ministre turc a assuré d'un ton belliqueux ne pas craindre un conflit. Déclarant que son pays ne voulait pas la guerre, Recep Tayyip Erdogan a mis en garde le gouvernement syrien : «Ceux qui tentent de tester la force de dissuasion de la Turquie (...) commettent une erreur fatale».