Les violences font rage en Syrie fauchant la vie à plus 250 personnes en 48 heures, à deux jours d'une réunion internationale sur le conflit et au moment où des blindés turcs se déploient à la frontière syrienne. La Turquie déploie des troupes le long de sa frontière avec la Syrie à titre préventif, six jours après la destruction d'un avion de combat turc par la Syrie en Méditerranée, a déclaré jeudi un responsable gouvernemental à Ankara. «Je peux confirmer que des troupes sont en cours de déploiement le long de la frontière dans la province d'Hatay. La Turquie prend des précautions après la destruction de son avion», a déclaré cette source à condition de rester anonyme. Ce déploiement militaire avait au préalable été annoncé par les médias turcs. Le responsable interrogé n'a pas pu dire combien de troupes et de véhicules étaient concernés mais il a ajouté qu'elles stationneraient dans les régions frontalières de Yayladagi, Altinozu et Reyhanli, dans le sud de la province d'Hatay. Des canons antiaériens seront positionnés le long de la frontière. Après la destruction d'un F-4 Phantom turc par l'armée syrienne vendredi, la Turquie, dénonçant un acte hostile, a prévenu qu'elle renforcerait sa sécurité dans la région tout en excluant un conflit armé avec Damas. Il y a deux jours, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé une modification des règles d'engagement de l'armée turque sur les 900 km de frontière qu'elle partage avec Damas. Tout élément militaire approchant la Turquie et qui serait jugé menaçant sera traité comme une cible militaire. Selon les agences de presse turques, un convoi d'une trentaine de véhicules blindés a quitté la ville côtière d'Iskenderun, dans la province d'Hatay, et se dirige vers la frontière syrienne située à une cinquantaine de kilom Sur des images tournées par la télévision turque, on voit la colonne de blindés faire mouvement mercredi, escortée par des voitures de la police, sur l'autoroute conduisant au principal port de la province d'Hatay. On aperçoit des camions transportant des lance-roquettes, de l'artillerie antiaérienne et des ambulances militaires. Selon les médias, des véhicules blindés de l'armée font également route plus à l'est le long de la frontière, dans les provinces de Sanliurfa et Gaziantep. L'agence de presse Anatolie ajoute que plusieurs véhicules militaires ont voyagé séparément pour se rendre d'une garnison jusqu'à la ville frontalière de Reyhanli (province d'Hatay). La province d'Hatay abrite plus de 33.000 réfugiés syriens ainsi que des éléments de l'Armée syrienne libre (ASL), insurgée contre les forces gouvernementales. Les violences font toujours rage Par ailleurs, les violences font toujours rage en Syrie, fauchant la vie à plus 250 personnes en 48 heures, à deux jours d'une réunion internationale sur le conflit qui s'annonce difficile avec le refus persistant de Moscou de toute solution extérieure. Près de 150 personnes, en majorité des civils, ont trouvé la mort en la seule journée de mercredi, selon une ONG syrienne, alors que les bombardements de bastions rebelles et les combats ne cessent de gagner en intensité, surtout près de Damas, où les rebelles défendaient «farouchement» leurs bastions. Le médiateur international Kofi Annan a proposé la mise en place d'un gouvernement de transition pour trouver une solution politique au conflit, une suggestion qui sera discutée à la réunion du Groupe d'action sur la Syrie samedi à Genève en présence des grandes puissances notamment (Russie, Chine, Etats-Unis, Royaume uni, France). Mais Moscou, principal allié du régime du président Bachar al-Assad, qui a bloqué jusqu'à présent à l'ONU toute résolution condamnant la répression de la révolte, a maintenu jeudi sa position de refus de toute solution imposée de l'étranger, notamment en ce qui concerne le sort de M. Assad. «La Russie ne peut soutenir et ne soutiendra pas une quelconque recette imposée de l'extérieur», a martelé le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. L'idée d'un gouvernement de coalition inclurait des partisans de M. Assad et des membres de l'opposition, alors que les deux protagonistes se disent être prêts à lutter jusqu'au bout, l'un pour sa survie, l'autre pour la chute du régime. De son côté, la secrétaire d'Etat Hillary Clinton, qui rencontre son homologue russe vendredi à Saint-Pétersbourg, a transmis à M. Annan «son soutien pour le plan qu'il a présenté», le qualifiant de «feuille de route très concrète pour une transition politique».