Damas a accepté le principe d'un cessez-le-feu pour l'Aïd el Adha, a annoncé mercredi Lakhdar Brahimi, médiateur international pour la Syrie. «Après la visite que j'ai effectuée à Damas, il y a eu un accord du gouvernement syrien à un cessez-le-feu pour l'Aïd», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse organisée au siège de la Ligue arabe, au Caire. Le diplomate n'en a pas précisé la durée exacte. L'Aïd el Adah, ou fête du sacrifice, débute jeudi et doit s'étaler sur trois au quatre jours. L'aviation syrienne a mené mercredi matin un raid sur la ville stratégique de Maaret al-Noomane dans le nord-ouest du pays, à deux jours d'une trêve voulue par le médiateur international Lakhdar Brahimi qui doit rendre compte au Conseil de sécurité de l'ONU de sa mission à Damas. Le chef d'état-major des forces armées russes, le général Nikolaï Makarov, a déclaré mercredi que les rebelles syriens utilisaient des lance-missiles de fabrication américaine Stinger pour combattre les forces du gouvernement de Bachar al-Assad. «L'état-major dispose d'informations selon lesquelles les rebelles combattant les forces du gouvernement syrien ont des lance-missiles sol-air portables de différents Etats, en particulier des Stinger de fabrication américaine», a déclaré le général Makarov à l'agence Interfax. M. Brahimi a proposé à l'occasion de la fête musulmane de l'Adha cette trêve qui semble toutefois compromise par la persistance des violences. Il doit dresser un bilan de sa tournée de onze jours à Damas et dans la région, au terme de laquelle il n'a toutefois obtenu aucun accord sur un cessez-le-feu. Cette interruption des violences, qui ont fait 34.000 morts depuis la mi-mars 2011, est censée être consolidée afin de faire émerger un dialogue politique pour une sortie de crise. Mais en attendant le bilan continue à s'alourdir, dépassant quotidiennement la centaine de morts. Sur le terrain, où rébellion et régime se renvoient la responsabilité de cesser le feu en premier, l'aviation a repris ses raids sur Maaret al-Noomane (nord-ouest) où insurgés et soldats s'affrontent pour le contrôle d'une importante base militaire et d'une portion stratégique de l'autoroute Damas-Alep, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Au sol, après avoir lancé le 18 octobre une vaste offensive sur la base de Wadi Deif, la plus importante de la région --où les rebelles espèrent prendre armes, munitions et carburant--, les insurgés, de l'Armée syrienne libre (ASL) et du Front islamiste al-Nosra selon l'OSDH, sont repartis à l'assaut. A Maarchourine, un autre village de la province d'Idleb, cinq personnes d'une même famille dont une femme et en enfant, ont été tuées dans un raid aérien, selon l'OSDH. Dans la banlieue nord-est de Damas, l'aviation a en outre bombardé Erbine et Harasta. Cinq civils ont péri dans des tirs et des bombardements sur Harasta assiégée par les troupes du régime qui tentent de prendre la localité d'assaut depuis plusieurs jours pour en déloger les rebelles. Dans la capitale même, des combats et des tirs de roquette avaient lieu dans le quartier de Qaboun, d'après l'OSDH. A Alep, l'armée de l'air a bombardé plusieurs quartiers, tandis que des combats secouaient plusieurs fronts dans la métropole commerçante du nord. Mardi, 164 personnes ont été tuées dont 89 civils, 34 rebelles, 41 soldats, selon l'OSDH. Une situation humanitaire de plus en plus grave Les autorités ont jugé «réussie» la mission à Damas de M. Brahimi. Ce dernier a de son côté évoqué des discussions «franches et substantielles» avec le président Bachar al-Assad soulignant sa «réaction positive» à sa proposition de cessez-le-feu. Mais à la question de savoir si rebelles et régime étaient parvenus à un accord, Faiçal Mekdad, vice-ministre syrien des Affaires étrangères, a répondu: «il faut y parvenir de manière rapide». Pour la presse officielle, l'amnistie décrétée par le régime mardi, est un signe de bonne volonté du régime à l'égard de l'émissaire. «Il est clair que la Syrie donne des garanties pour la réussite de la mission Brahimi, comme l'amnistie (...) qui est une des mesures visant à aider Brahimi. Les autres pays et parties devraient à leur tour apporter des garanties», a écrit mercredi le journal du parti au pouvoir Al-Baas. Le quotidien ajoute en revanche que «si cette occasion est perdue (...) la Syrie, avec son peuple, son armée et ses dirigeants politiques, possède des options plus vigoureuses et plus efficaces» pour mettre fin à la crise. Damas a décrété une «amnistie» qui ne s'appliquera toutefois pas aux «terroristes», terme par lequel le régime désigne rebelles et opposants. Se préparant malgré tout à un éventuel arrêt durable des violences, l'ONU a annoncé travailler sur un projet de force de maintien de la paix. Mais il doit être approuvé par les 15 membres du Conseil de sécurité, profondément divisés, Moscou et Pékin protégeant leur allié syrien en utilisant leur veto. M. Brahimi s'adressera à eux mercredi par visioconférence. Face à la poursuite des violences en Syrie, qui compte 1,2 million de déplacés selon l'ONU, le Programme alimentaire mondial (PAM) a envoyé une aide alimentaire à 1,5 million de personnes, contre 850.000 le mois précédent, estimant que «la situation s'aggrave» notamment à l'approche de l'hiver.