L'armée syrienne a bombardé lundi des quartiers de la capitale et mené pour la première fois une campagne de perquisitions de grande envergure dans la vieille ville de Damas, tout en luttant pied à pied contre les rebelles qui ont lancé des attaques à Alep, la métropole du Nord. Les obus se sont abattus au petit matin sur Assali, Nahr Aïché et Qadam, des quartiers du sud de Damas, ainsi que dans la banlieue sud à Irbine, al-Tal et Artouz, a affirmé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui se base sur un réseau de militants et de témoins. Les services de sécurité menaient parallèlement une large campagne de perquisitions dans le vieux Damas où ils ont arrêté 22 personnes et fouillé un cimetière à la recherche d'armes. Des tirs nourris étaient entendus, selon l'OSDH, basé en Grande-Bretagne. La Commission générale de la révolution syrienne a indiqué qu'à Chaghour, «les forces de sécurité ont brisé les portes des magasins qui étaient fermés» pour les contraindre à ouvrir alors qu'ils faisaient grève en signe de protestation contre le régime. Selon un premier bilan provisoire de l'OSDH, 15 personnes sont mortes lundi, dont 10 civils et deux rebelles à Damas. Trois civils, dont deux enfants, ont aussi été tués par des tirs de roquettes à Deraa (sud), berceau de la révolte contre le régime de Bachar al-Assad. La veille, les violences en Syrie avaient causé la mort de 146 personnes --71 civils, 27 rebelles et 48 soldats, d'après la même source. A Alep (nord), où l'armée a lancé le 8 août une offensive terrestre, les rebelles ont attaqué un centre des services de renseignements de l'armée de l'air ainsi qu'une caserne de l'artillerie dans le quartier de Jamiyat al-Zahra, dans l'ouest de la ville. L'armée contrôlait le quartier de Salaheddine à l'exception de quelques poches de résistance, selon l'OSDH. Les communications étant coupées avec la ville, il était difficile d'obtenir des informations. A Palmyre, dans le centre du pays, l'armée, appuyée par des hélicoptères, menait des bombardements et affrontait les rebelles de l'Armée syrienne libre (ASL). Sommet islamique Des affrontements avaient lieu également dans la ville rebelle de Harasta, au nord-est de la capitale, de même qu'à Deir Ezzor (est) et dans plusieurs localités tenues par les rebelles dans cette région proche de l'Irak. Alors que les violences ont fait plus de 21.000 morts depuis le début en mars 2011 de la révolte contre le président Bachar al-Assad, rebelles et armée se sont livrés à de nouvelles atrocités ces derniers jours. A Homs (centre), des soldats aidés de miliciens ont «exécuté» dimanche dix jeunes choisis parmi une foule de 350 personnes rassemblées sur une place du quartier de Chamas, selon le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition. Cette information n'a pas été confirmée par l'OSDH qui a parlé d'échange de tirs. Parallèlement, un journaliste de l'agence officielle Sana, Ali Abbas, a été assassiné samedi soir à son domicile dans la province de Damas, ont indiqué l'agence et l'OSDH. Malgré l'escalade de la violence et de la répression, la communauté internationale peine à s'accorder sur un règlement de la crise en Syrie. Dans une nouvelle tentative diplomatique, à l'initiative du roi Abdallah d'Arabie saoudite, un sommet réunissant des dirigeants des 57 pays de l'Organisation de coopération islamique (OCI) doit aborder mardi à La Mecque la question syrienne, qui divise profondément les nations musulmanes. L'Iran chiite, qui va dépêcher son président Mahmoud Ahmadinejad, affiche un soutien sans faille à Damas, alors que l'Arabie saoudite, sunnite, appuie les rebelles. «J'espère que le sommet va se focaliser sur le renforcement de l'unité et l'affaiblissement des haines» parmi les pays musulmans, a affirmé M. Ahmadinejad avant son départ. L'opposition syrienne et Washington accuse l'Iran de fournir armes et assistance militaire à Damas, tandis que Téhéran fait le même reproche aux pays occidentaux, à la Turquie, à l'Arabie saoudite et au Qatar avec les rebelles.