Les forces syriennes ont affronté vendredi les rebelles dans trois banlieues de Damas, moins d'une semaine avant que le cessez-le-feu soutenu par la communauté internationale entre en vigueur, a annoncé l'Observatoire syrien des Droits de l'homme. L'armée syrienne a lancée des opérations dans les banlieues de Saqba et Douma, après des accrochages dans la nuit à Saqba, ainsi qu'à Arbeen. Trois soldats ont été tués. D'après l'Observatoire, les troupes syriennes ont incendié une maison à Saqba. Les militants pro-démocratie ont appelé les Syriens à manifester vendredi en faveur de l'armement de la rébellion sur fond de nouvelles violences, l'ONU plaidant pour sa part en faveur d'un cessez-le-feu total d'ici au 12 avril. Le Conseil de sécurité de l'ONU a demandé jeudi à Damas de cesser ses opérations militaires au plus tard le 10 avril, comme il l'a promis, et à l'opposition de faire de même dans les 48 heures suivantes. Mais, malgré cette injonction de l'ONU, les violences ne faiblissaient pas. Au total, 77 personnes, dont 45 civils, ont encore été tuées jeudi en Syrie, notamment dans des attaques de l'armée, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Vendredi, des combats ont éclaté dans la province de Homs (centre) entre des déserteurs du village d'al-Tiba et des hommes armés de villages loyaux au régime du président Bachar al-Assad, après que des miliciens ont tiré sur des femmes d'al-Tiba, tuant deux d'entre elles et en blessant quatre, a rapporté l'ONG. Dans le même temps, les forces armées pilonnaient des quartiers de Homs. Encerclée et bombardée aux obus de mortiers, la ville de Rastane, plus au nord, était aussi le théâtre de combats, avec des tirs à la mitrailleuse lourde. Par ailleurs, les forces de l'ordre perquisitionnaient des maisons dans la banlieue de Damas, après une nuit de combats avec des déserteurs, qui ont tué trois soldats, toujours selon la même source. A Douma, près de Damas, les forces armées ont pris d'assaut le quartier Abdel Raouf, où des tirs et des explosions étaient entendus. Le corps d'un homme arrêté quelques heures auparavant a été retrouvé à Khan Cheikhoun, dans la région d'Idleb (nord-ouest), d'après l'OSDH. Damas a pris l'engagement, selon l'émissaire international Kofi Annan, de retirer ses troupes avant le 10 avril, mais la communauté internationale l'a accusé à plusieurs reprises de ne pas tenir ses promesses. L'un des porte-parole de la diplomatie américaine Mark Toner a indiqué que les Etats-Unis ne voyaient aucun signe indiquant que les troupes de Bachar al-Assad se pliaient au plan de paix en six points de M. Annan. Le gouvernement syrien demande un «engagement écrit» de l'opposition qu'elle ne cherchera pas à profiter d'un retrait des troupes pour gagner du terrain, a indiqué l'ambassadeur syrien à l'ONU Bachar Jaafari. S'adressant à l'Assemblée générale de l'ONU jeudi, M. Annan a affirmé avoir décelé une volonté de la part de l'opposition de cesser les hostilités dès que les forces gouvernementales auront mis fin à leurs opérations, sans toutefois parler d'accord formel. «Tous nos interlocuteurs ont promis d'appeler à la fin des violences une fois que le gouvernement syrien aura rempli de manière manifeste ses engagements concernant les armes lourdes et les retraits de troupes», a-t-il souligné. La mission de l'ONU envoyée par M. Annan, censée observer la mise en place d'un cessez-le-feu, est pour sa part arrivée jeudi dans la capitale syrienne. L'équipe, dirigée par le général norvégien Robert Mood, un spécialiste du Moyen-Orient, doit rencontrer les autorités pour discuter «des modalités d'un éventuel déploiement de la mission de supervision de l'ONU», a annoncé un porte-parole de M. Annan. De leur côté, les militants pro-démocratie maintenaient leur mobilisation. Comme tous les vendredis, ils ont appelé les Syriens à descendre dans les rues, cette fois en faveur de l'armement des rebelles, selon leur page Facebook The Syrian Revolution 2011. Dans la nuit de jeudi à vendredi, des manifestations de soutien aux villes sinistrées et pour la chute du régime ont déjà eu lieu dans les quartiers de Mazzé et Barzé à Damas, à Alep (nord), de même que dans la province d'Idleb, à Raqqa (nord-est) et à Hama (centre), selon les comités locaux de coordination (LCC) qui animent la mobilisation sur le terrain et des vidéos postées sur YouTube. La Syrie est secouée depuis mars 2011 par une révolte populaire qui s'est militarisée au fil des mois. Le régime ne reconnaît pas l'ampleur de la contestation et attribue les troubles à des «bandes terroristes armées». Selon l'OSDH, les violences ont fait plus de 10.000 morts.