Dites-le avec modération. Il est des jours où le langage diplomatique donne l'impression de sortir de sa réserve ordinaire pour employer un ton plutôt maladroit. Ainsi, lorsque Ban-ki-Moon, Secrétaire Général des Nations Unies, appelle à la modération suite aux violents accrochages de l'esplanade des mosquées à Al Qods entre soldats israéliens et civils palestiniens, on se dit que la violation de la sacralité de la deuxième Mecque de l'Islam n'a aucune sorte d'importance aux yeux de la communauté internationale. La preuve, nul n'a condamné la violence continue contre les Palestiniens, on a tout juste appelé à faire preuve de modération ! Imaginez que pour se rendre à Gaza, Ban-ki-Moon a dû demander une autorisation à Israël lundi 8 mars. Un peu plut tôt, suite à l'assassinat à Dubaï par le Mossad d'Al Mabhouh, cadre du Hamas, l'exécutif de l'UE s'est dit embarrassé du fait que pour faire leur sale besogne, les agents secrets israéliens aient utilisé des passeports de pays membre de l'UE. L'assassinat en lui-même n'a posé aucun problème et n'a pas suscité d'état d'âmes car il est bien vrai que la victime est assimilée à un intégriste, représentant un parti islamiste. Qu'importe si les assassins portaient des gants de velours ou des baguettes de lynchage ! Qu'importe si un crime portant la signature du Mossad relève de la responsabilité juridique directe du Premier ministre israélien en exercice, Benyamin Netanyahou ! Il est bien vrai que la liste des crimes impunis du Mossad est bien longue car entre l'exécution d'Abou Nidal en Tunisie il y a vingt ans de cela, à celui de cheikh Yassine à Gaza, en passant par la liquidation des principaux cadres de l'OLP et de Hamas, il y a la marque d'une crapuleuse machine à tuer qui n'a de compte à rendre à personne, qui jouit des protections des amitiés de l'Etat hébreu dans les principales capitales occidentales et qui bénéficie surtout de l'impunité d'Israël auprès des instances internationales. Face à cette barbarie dont les crimes sont aussi abjects que moralement inacceptables, la modération avec laquelle la communauté internationale réagit est une sorte de capitulation complice devant le crime organisé et devant une machine à tuer qui se cache derrière le hideux masque de seule démocratie du Moyen-Orient et derrière les sournoiseries diplomatiques dont les intérêts sont de piètre acabit par rapport aux valeurs de justice et de respect des lois qui devraient être les seuls vrais moteurs de l'action internationale !