Dans une longue dépêche de plus de 3000 mots, l'Associated Press a publié mercredi les conclusions d'une investigation révélant la sournoiserie de deux récits israéliens concernant de prétendues violences sexuelles perpétrées par des membres du Hamas et comment Israël a exploité ces allégations pour justifier sa guerre contre les civils de Gaza. L'agence a indiqué dans son rapport qu'après l'attaque du 7 octobre lancée par le Hamas, deux récits spécifiques de deux incidents d'agressions sexuelles commises par des militants du mouvement se sont répandus dans les médias, mais il s'est avéré que ces récits étaient fabriqués et avaient été rapportés par des bénévoles d'une organisation israélienne, ZAKA, une organisation israélienne de recherche et de sauvetage. Opérant dans un kibboutz ravagé par l'attaque du Hamas le 7 octobre, Chaim Otmazgin – un commandant volontaire de ZAKA,– a vu le corps d'une adolescente, abattue et séparée de sa famille dans une autre pièce. Son pantalon avait été baissé sous sa taille. Il pensait qu'il s'agissait d'une preuve de violences sexuelles. Il a alerté les journalistes sur ce qu'il avait vu. Il a raconté les détails en larmes lors d'une apparition télévisée nationale au Parlement israélien. Dans les heures, les jours et les semaines frénétiques qui ont suivi l'attaque du Hamas, son témoignage a ricoché à travers le monde, avant qu'on ne s'aperçoive que son récit relevait de la fiction, comme plusieurs autres témoignages tout autant saugrenus et faux. "Ce n'est pas que j'ai inventé une histoire", a déclaré Otmazgin à l'Associated Press dans une interview, détaillant les origines de sa première affirmation explosive - l'une des deux allégations de violences sexuelles formulées par des bénévoles de ZAKA qui se sont révélées infondées.
Des récits d'agression sexuelle délibérément concoctés
"Je ne pouvais pas penser à toute autre option » autre que l'adolescente ayant été agressée sexuellement", a-t-il déclaré. À la fin, la situation s'est avérée différente, alors je me suis corrigé". Mais il était trop tard. Les Nations Unies et d'autres organisations ont présenté ce qui semblait être des preuves crédibles selon lesquelles les militants du Hamas avaient commis des agressions sexuelles au cours de leur opération « Déluge d'Al Aqsa ». Cependant, ces récits, une fois démystifiés, comme celui d'Otmazgin ont encouragé le scepticisme et alimenté un débat très animé sur la portée de ce qui s'est passé ce 7 octobre – un événement qui se joue encore sur les réseaux sociaux et lors des manifestations sur les campus universitaires. Certains soutiennent que les récits d'agression sexuelle ont été délibérément concoctés. Les responsables de ZAKA et d'autres contestent cela. Quoi qu'il en soit, l'examen par AP de la façon dont ZAKA a traité les histoires désormais démystifiées montre à quel point les informations peuvent être obscurcies et déformées dans le chaos du conflit. Faisant partie des premières personnes sur les lieux, les volontaires de ZAKA ont témoigné de ce qu'ils ont vu ce jour-là.
Absence de preuves médico-légales et de témoignages de survivants
Ces propos ont aidé les journalistes, les législateurs israéliens et les enquêteurs de l'ONU à dresser un tableau de ce qui s'est passé lors de l'attaque du Hamas. (ZAKA, un groupe bénévole, ne fait pas de travail médico-légal. L'organisation est présente sur les sites de catastrophes et les scènes d'attaques israéliennes depuis sa création en 1995. Son travail spécifique est de collecter les corps conformément à la loi juive.) Pourtant, il a fallu des mois à ZAKA pour reconnaître que les comptes rendus étaient erronés, ce qui leur a permis de proliférer. Et les conséquences de ces récits démystifiés montrent comment le sujet de la violence sexuelle a été utilisé pour faire avancer les agendas politiques. Israël exploite les (fausses) accusations de violences sexuelles du 7 octobre pour souligner ce qu'il considère comme la sauvagerie du Hamas et pour justifier sa barbarie dans sa guerre contre les Palestiniens de la Bande de Gaza. Une guerre dans laquelle plus de 35.000 Palestiniens ont été tués, dont près des deux tiers sont des femmes et des enfants. Israël va jusqu'à accuser la communauté internationale d'ignorer ou de minimiser les preuves des allégations de violences sexuelles, alléguant un parti pris anti-israélien. D'un autre côté, certains critiques d'Israël se sont emparés des récits de ZAKA, ainsi que d'autres qui se sont révélés tout aussi faux, pour affirmer que le gouvernement israélien a déformé les faits pour poursuivre une guerre. Se basant sur de faux récits, des enquêteurs de l'ONU ont trouvé des « motifs raisonnables » de croire que certains de ceux qui ont pris d'assaut le sud d'Israël le 7 octobre avaient commis des violences sexuelles. Mais ces enquêteurs de l'ONU ont également déclaré qu'en l'absence de preuves médico-légales et de témoignages de survivants, il serait impossible de déterminer l'ampleur de ces violences, (voire leur existence). Le Hamas a nié que ses forces aient commis des violences sexuelles. Enquête d'AP : une gifle pour ceux qui diffament la résistance Le mouvement Hamas a affirmé mercredi que le rapport d'Associated Press constitue une nouvelle gifle à l'encontre de ceux qui encouragent une campagne de diffamations contre la résistance, dans le but de diaboliser la résistance palestinienne et dissimuler le comportement humanitaire manifesté à l'égard des prisonniers israéliens pendant leur détention à Gaza. Le communiqué du mouvement a indiqué que le rapport publié mercredi par l'American Associated Press, dans lequel il confirme que les allégations de l'entité d'occupation selon lesquelles la résistance palestinienne a commis des violences sexuelles le 7 octobre ne sont pas vraies et qu'elles ont été délibérément fabriquées de toutes pièces, est un nouvelle gifle face à ceux qui promeuvent ces allégations infondées. Le communiqué ajoute que le rapport d'Associated Press, ainsi que de nombreux rapports publiés par les médias internationaux et les organismes de défense des droits de l'homme, qui réfutent ces allégations et prouvent qu'il s'agit de purs mensonges et de fabrications flagrantes, exigent que le président américain Joe Biden et d'autres responsables de certains pays européens de s'excuser et d'arrêter de les répéter. Ces fausses accusations sont dirigées contre la résistance et le peuple palestinien. De même, le mouvement Hamas a appelé l'Envoyée spéciale des Nations Unies pour la violence sexuelle dans les zones de conflit, Pramila Patten, à réévaluer et à revoir son rapport dans lequel elle a accusé la résistance palestinienne d'avoir commis des violences sexuelles, après s'être appuyée sur des récits israéliens qui se sont avérés faux, sans fondement et sans mener aucune enquête professionnelle sur ces fausses allégations.