L'armée israélienne a fait preuve d'un «mépris choquant» pour les vies civiles à Gaza lors des 50 jours de guerre qui ont ravagé le territoire palestinien en juillet et août, affirme mercredi 5 novembre Amnesty International. Israël rejette les accusations de cette ONG, affirmant en retour qu'elle ne fournit «aucune preuve», ne tient pas compte «des crimes de guerre perpétrés par le Hamas», le mouvement islamiste palestinien, et que son rapport est «un outil de propagande pour le Hamas et les autres groupes terroristes». Mais cette organisation de défense des droits de l'Homme basée à Londres, y accuse «des groupes armés palestiniens d'avoir commis des crimes de guerre, en tirant des milliers de roquettes vers Israël, et tuant six civils dont un enfant». Du 8 juillet au 26 août, plus de 2.100 Palestiniens, en majorité des civils, ont péri dans l'offensive israélienne contre Gaza et plus de 70 côté israélien, la plupart des soldats. Dans son rapport intitulé «Des familles sous les ruines : attaques israéliennes contre des maisons vides», Amnesty fait état de huit attaques menées par l'armée contre des habitations «sans aucun avertissement» et dans lesquelles «au moins 104 civils dont 62 enfants» ont péri. «Le rapport fait apparaître qu'à de nombreuses reprises les Israéliens ont utilisé des bombardements aériens pour raser des maisons, tuant parfois des familles entières», écrit Amnesty. Si dans certains cas de possibles cibles militaires étaient visées, «la dévastation occasionnée aux civils était clairement disproportionnée». Amnesty accuse Israël d'avoir parfois «directement et délibérément ciblé des civils ou des bâtiments civils, ce qui pourrait constituer des crimes de guerre». Pour Philipp Luther, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d'Amnesty, les conclusions du rapport montrent que les forces israéliennes ont fait preuve d'un «mépris choquant pour les vies des civils palestiniens qui n'ont eu aucune chance de fuir» de l'enclave sous blocus israélien. L'ONG explique, dans la présentation de son rapport, que les autorités israéliennes ne lui avaient pas permis d'accéder à Gaza, la forçant à «mener ses recherches de loin, avec pour seule aide deux travailleurs basés» dans l'enclave. Amnesty appelle en outre les autorités israéliennes et palestiniennes à «permettre à la cour pénale internationale d'enquêter sur les crimes commis en Israël et dans les territoires palestiniens occupés». L'ONG demande enfin à Israël de coopérer avec le comité des droits de l'Homme de l'ONU, qui a demandé à ce pays de mettre en place une enquête indépendante et impartiale sur la guerre à Gaza. Les Affaires étrangères israéliennes ont dénoncé ce rapport en accusant Amnesty d'avoir ignoré «les crimes du Hamas, dont l'utilisation de boucliers humains» et les tirs de roquettes «depuis les écoles, les hôpitaux, les mosquées».