Le Conseil de Sécurité a pris acte du briefing de Staffan De Mistura sur la situation au Sahara. Incapable de relancer le processus politique, l'émissaire onusien en est quasiment à l'aveu d'échec. Décryptage. Marasme du processus politique, c'est la grande conclusion des consultations au Conseil de Sécurité lors d'une séance tenue, le 16 avril, à huis clos. L'Envoyé personnel du Secrétaire Général des Nations Unies pour le Sahara, Staffan De Mistura, a rendu compte du bilan de son cycle de discussions menées avec l'ensemble des parties, y compris les pays qui ne sont pas directement concernés. Pour sa part, le patron de la MINURSO, Alexander Ivanko, a briefé les Etats membres du Conseil sur l'évolution de la situation concernant l'affaire du Sahara. Selon les premières indiscrétions, les Etats membres ont apporté leur soutien aux efforts de l'Envoyé personnel réitérant la nécessité de la reprise des négociations, dans le cadre prévu par les Résolutions du Conseil de Sécurité. À la veille de son briefing aux quinze Etats membres du Conseil de Sécurité, l'émissaire onusien a été reçu par son supérieur hiérarchique, Antònio Guterres, à qui il a présenté son bilan. Force est de constater que ses consultations sont tenues en présence de l'Algérie qui siège au Conseil de Sécurité en tant que membre non permanent jusqu'en 2025. Perte de boussole ! Sur le plan politique, l'émissaire onusien semble tourner en rond. Tout le monde a beau appeler à la relance des discussions, le modus operandi fait défaut. Staffan De Mistura n'est pas parvenu jusqu'à présent à trouver une formule consensuelle. Il l'a clairement reconnu lors de son briefing, selon des sources bien informées. Il s'est même plaint du blocage du processus politique à cause des "conditions exigées" par toutes les parties sans nuancer. Il est, tout de même, sidérant que l'émissaire onusien mette tout le monde dans le même sac alors que le Maroc reste aligné sur les Résolutions du Conseil de Sécurité tout en gardant toujours l'initiative. Lorsqu'il a rencontré le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, Staffan De Mistura a pris acte de la position constante du Royaume sur ce conflit qui n'a que trop duré. Bourita lui a fait clairement savoir qu'il ne peut y avoir de solution en dehors du plan d'autonomie, soutenu désormais par la majeure partie de la communauté internationale. Force est de rappeler que près d'une centaine de pays, dont quatorze pays européens, soutiennent l'initiative marocaine, auxquels s'ajoutent les Etats Unis et Israël et les vingt-quatre pays ayant des représentations consulaires au Sahara, qui reconnaissent officiellement la souveraineté marocaine. En plus, la France, pour la première fois, a dépassé son soutien traditionnel au plan d'autonomie en décidant officiellement d'investir dans le Sahara, un acte perçu comme une reconnaissance implicite de la souveraineté du Royaume. L'option d'autonomie est soutenue également par les populations du Sahara, dont De Mistura a rencontré les représentants et les élus locaux du 5 au 7 septembre 2023 lors de son déplacement à Laâyoune et Dakhla.
L'obstination algérienne persiste ! Aussi, la diplomatie marocaine reste-t-elle inflexible sur la nécessité de résoudre le conflit avec la participation de toutes les parties concernées. Aux yeux de Rabat, il ne peut y avoir de de processus en dehors du cadre des tables rondes défini par l'ONU, avec la pleine participation de l'Algérie. Du côté algrien, c'est le dialogue de sourds. La délégation algérienne a, durant les consultations à huis clos, plaidé, comme prévu, pour des négociations directes. Jusqu'à présent, le Maroc demeure la partie qui fait le plus d'efforts pour parvenir à une solution durable qui respecte aussi bien le droit international que son intégrité territoriale au moment où le Polisario et l'Algérie restent figés dans leur attachement aveugle à la chimère du référendum d'autodétermination, jugée inapplicable par l'ONU. Le Secrétaire Général des Nations Unies, Antònio Guterres, a lui même souligné la flexibilité du Royaume dans son dernier rapport annuel en expliquant que le Maroc ne dicterait pas l'ordre du jour des tables rondes si le plan d'autonomie constitue le point de départ.
Le syndrome syrien ! En dépit des nombreuses consultations préalables menées par De Mistura qui a passé son temps à discuter avec les diplomates des pays concernés, il reste très loin de son objectif principal : ressusciter le processus des tables rondes, gelé depuis 2019 après la démission de son prédécesseur, Horst Köhler. Le cadre onusien est clair, la Résolution 2703 du Conseil de Sécurité appelle "toutes les parties" à prendre part aux négociations. Le texte, rappelons-le, encourage la poursuite des consultations entre l'Envoyé personnel et le Maroc, le Front Polisario, l'Algérie et la Mauritanie à cet égard pour faire fond sur les progrès accomplis. Il serait inimaginable sans la présence de la Mauritanie et de l'Algérie, priées d'y participer comme elles l'ont fait lors des précédentes éditions. Toutefois, Alger s'y refuse obstinément sous prétexte que la diplomatie algérienne y voit un processus obsolète sans pouvoir donner une alternative. Le Chef de la diplomatie algérienne, Mohammed Attaf, a confirmé, à nouveau, le refus d'Alger à assumer sa responsabilité en tant que principale partie au conflit, lorsqu'il a reçu, la veille du début des consultations à huis clos, Joshua Harris, le "monsieur Sahara" du Département d'Etat américain, fraîchement nommé ambassadeur à Alger par la Maison Blanche. L'Administration américaine, rappelons-le, compte sur lui pour convaincre les Algériens à revenir aux tables rondes auxquelles ils ont participé en 2018 et 2019. L'Algérie a elle même démontré son implication directe dans le conflit par la mascarade à laquelle s'est livré le président Abdelmajid Tebboune en réservant un accueil digne d'un chef d'Etat au chef du Polisario, Brahim Ghali, chef d'une entité fantoche. L'Algérie montre ainsi aux observateurs qu'elle se sert du Polisario comme un proxy dans la région, à l'instar de ce que fait l'Iran au Moyen Orient. Par ailleurs, la situation au Sahara fait l'objet d'une ambiguïté déconcertante du moment que le Polisario se déclare toujours en retrait de l'accord de cessez-le-feu qui, rappelons-le, est la raison d'être de la MINURSO, dont les casques bleus sont souvent empêchés de se déplacer librement dans la zone tampon. Bien que la Résolution 2703 du Conseil de Sécurité ait appelé le Polisario à respecter l'accord de 1991 et à coopérer pleinement avec la mission onusienne, le front n'a pas encore renoncé officiellement à laisser tomber sa prétendue "lutte armée".
La Belgique réitère son soutien au plan d'autonomie La Belgique considère l'initiative marocaine d'autonomie, présentée en 2007, comme "un effort sérieux et crédible du Maroc et comme une bonne base pour une solution acceptée par les parties".
Cette position a été exprimée dans la déclaration conjointe adoptée lors de la 3ème réunion de la Haute Commission mixte de partenariat Maroc-Belgique, co-présidée, ce lundi à Rabat, par le Chef du Gouvernement, M. Aziz Akhannouch, et le Premier ministre belge, M. Alexander De Croo.
M. De Croo a réitéré dans ce cadre "le soutien de longue date de la Belgique au processus mené par les Nations Unies pour une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable pour les parties", lit-on dans la Déclaration.
A cette occasion, les deux parties conviennent de "l'exclusivité de l'ONU dans le processus politique et réaffirment leur soutien à la Résolution 2703 (2023) du Conseil de Sécurité de l'ONU, qui a noté le rôle et la responsabilité des parties dans la recherche d'une solution politique réaliste, pragmatique, durable et fondée sur le compromis", ajoute-t-on de même source.
La Belgique, rappelons-le, a apporté son soutien au plan d'autonomie dès 2022, quand la ministre des Affaires étrangères, Hadja Lahbib, avait été reçue par son homologue marocain, Nasser Bourita, lors de sa première visite officielle au Maroc.