Des pertes et dommages importants dus aux événements climatiques extrêmes fréquents accentuent les pressions budgétaires, sans oublier les perturbations persistantes des chaînes d'approvisionnement mondiales. Un ensemble de questions que traitent les rapports économiques pays par pays de la BAD pour guider les décideurs africains dans leurs discussions, lors de la conférence mondiale sur le climat à Dubaï. Grille de lecture. Dans la perspective de la 28e Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 28), qui se tiendra du 30 novembre au 12 décembre prochains à Dubaï, aux Emirats arabes unis, le Groupe de la Banque africaine de développement vient de lancer des rapports économiques pays par pays pour guider les décideurs africains dans leurs discussions, lors de cet événement planétaire. Bien qu'ils contribuent pour moins de 4% aux émissions mondiales totales de carbone, les pays africains sont confrontés à d'importants défis en matière de financement climatique pour répondre aux mesures d'atténuation et d'adaptation nécessaires pour lutter contre les effets des changements climatiques, relève la BAD. Placé sous le thème : « Mobiliser le financement du secteur privé pour le climat et la croissance verte », le rapport 2023 examine les impératifs d'une transition verte pour l'Afrique et le rôle du financement du secteur privé. En effet, les Rapports spécifiques par pays (Country Focus Reports, CFRs, en anglais) favorisent le dialogue politique sur les performances et les perspectives macroéconomiques et fournissent des informations sur la mobilisation du secteur privé et du financement du capital naturel pour stimuler les politiques du continent en matière de résilience aux changements climatiques et de croissance verte. Dans cette optique, ils présentent plusieurs politiques à court, moyen et long terme visant à accélérer la croissance économique des pays africains et à renforcer leur résilience aux chocs. Ils fournissent aux gouvernements et aux investisseurs potentiels des données actualisées et précises pour éclairer les décisions en matière de politique et d'investissement.
Négociations fondées sur des preuves Pour Kevin Urama, économiste en chef et vice-président du Groupe de la Banque chargé de la Gouvernance économique et de la Gestion des connaissances, les CFR 2023 contribueront à susciter des « politiques saines, pratiques et applicables » pour renforcer le financement du secteur privé pour les changements climatiques et la croissance verte. Et d'ajouter : « Alors que les pays se préparent pour la COP 28, ces rapports fournissent à chaque pays africain une analyse indépendante et vérifiée ainsi que des recommandations pour des négociations fondées sur des preuves lors de cette discussion mondiale sur le financement climatique et les transitions vertes ». C'est à juste titre, d'ailleurs, que les Rapports thématiques par pays comprennent plusieurs politiques à court, moyen et long terme visant à accélérer la croissance économique des pays africains et à renforcer leur résilience aux chocs. Dans cette optique, ils fournissent aux gouvernements et aux investisseurs potentiels des données actualisées et précises pour éclairer leurs décisions en matière de politique et d'investissement. Dans son analyse, la BAD indique que les changements climatiques étant identifiés comme l'une des menaces existentielles les plus pressantes pour la croissance inclusive et le développement durable de l'Afrique, les CFR 2023 explorent les possibilités de tirer parti des ressources du secteur privé et du capital naturel pour combler le déficit de financement climatique. Ceci, à son tour, soutiendra la transition vers une croissance verte inclusive, forte et durable. Pour comprendre la portée de ces rapports, il faut rappeler qu'ils se basent sur les Perspectives économiques en Afrique 2023. Leur publication intervenait à un moment où les pays africains sont confrontés à de multiples chocs, tels que les effets de la pandémie de Covid-19, les perturbations des chaînes d'approvisionnement exacerbées par l'invasion de l'Ukraine par la Russie et le resserrement des conditions financières mondiales.
Menaces existentielles Dans ce contexte, ces chocs ont entraîné une réduction du taux de croissance réel du produit intérieur brut (PIB) du continent de 4,8% en 2021 à 3,8% en 2022. Cependant, les économies africaines restent résilientes avec une croissance moyenne qui devrait se stabiliser à 4,1% en 2023-2024. A en croire la BAD, ces perspectives de croissance sont toutefois soumises à d'importants risques de dégradation dus, entre autres, à une croissance mondiale modérée qui pèse sur les exportations africaines, ou encore à la persistance de conditions financières mondiales tendues qui exacerbent les coûts du service de la dette. Les changements climatiques étant identifiés comme l'une des menaces existentielles les plus pressantes pour la croissance inclusive et le développement durable de l'Afrique, les CFR 2023 explorent les possibilités de tirer parti des ressources du secteur privé et du capital naturel pour combler le déficit de financement climatique. Ceci, à son tour, soutiendra la transition vers une croissance verte inclusive, forte et durable. Enfin, ces analyses indiquent la manière dont les gouvernements peuvent renforcer leurs performances et leurs perspectives macroéconomiques et catalyser le financement du secteur privé et du capital naturel pour soutenir l'action climatique et les initiatives de croissance verte dans le pays. Il s'agit notamment des obligations vertes, des échanges de dette contre le financement climatique, des banques vertes, du financement mixte, des marchés du carbone et de plusieurs autres instruments de financement innovants.
Bon à savoir Pour Kevin Urama, économiste en chef et vice-président du Groupe de la Banque chargé de la Gouvernance économique et de la Gestion des connaissances, augmenter la participation du secteur privé aux marchés de la croissance verte nécessite plusieurs interventions politiques, y compris le renforcement de la capacité à développer des stratégies de croissance verte à long terme. En effet, estime-t-il, cela comprend l'élaboration de réglementations et d'incitations appropriées, le soutien à la préparation et au développement de projets, ainsi que le développement de marchés de capitaux plus robustes pour faciliter l'entrée et la sortie des investisseurs nationaux et internationaux. Dans cette optique, cela nécessitera un recours accru au financement mixte, l'utilisation de facilités à grande échelle pour diminuer les risques, et le développement de plateformes permettant au secteur privé d'investir dans un portefeuille de projets verts, plutôt que dans des projets individuels, afin de diversifier et de gérer les risques. Il est question plus que jamais de la nécessité du secteur privé dans le financement climatique au niveau de l'Afrique.