Selon l'institution panafricaine, la croissance de la région est essentiellement portée par le secteur des services, en particulier le commerce et le tourisme. En 2022 la croissance dans la région était modérée : 4,1% contre 5,4% en 2021. Les pays d'Afrique du Nord devraient connaître une légère hausse de croissance économique à 4,6% en 2023 et 4,4% en 2024 et devraient ériger la croissance verte au rang d'urgence, indique la Banque africaine de développement dans son rapport annuel sur les perspectives économiques en Afrique du Nord en 2023, sous le thème «Mobiliser les financements du secteur privé en faveur du climat et de la croissance verte en Afrique». Au Maroc, la croissance économique devrait connaître une hausse significative à 3,3%, «le pays se remettant de la sécheresse de 2022», souligne la BAD. Le rapport met en avant la résilience de l'économie marocaine et comment le pays a réussi à maîtriser l'inflation. «Le Maroc a connu les taux d'inflation les plus bas de la région ces dernières années, avec seulement 1,4% en 2021. Cependant, en 2022, l'inflation a augmenté pour atteindre 6,6% et devrait être de 5,4% en 2023», prévoit l'institution panafricaine, tout en rappelant que la Banque centrale a adopté une stratégie «prudente» en ce qui concerne les taux directeurs, tout en maintenant une position accommodante. Par ailleurs, la BAD a rappelé que dans la loi de finances 2023, le Maroc a introduit une série de réformes fiscales, notamment la simplification des procédures fiscales, l'élargissement de l'assiette fiscale et l'amélioration de l'administration fiscale, «ce qui a entraîné une augmentation des recettes», a salué la BAD dans son rapport. En conséquence, le déficit budgétaire de 2022 qui s'est rétréci à 5,1% du PIB, contre 5,9% en 2021, «devrait encore s'améliorer dans les années à venir», estime le groupe de la BAD. Sur un autre registre, le rapport précise qu'au Maroc, le gouvernement a lancé un vaste programme de protection sociale visant à assurer la couverture médicale de 22 millions de Marocains à l'horizon 2025, en élargissant la base des bénéficiaires, ce qui pourrait également entraîner une réduction du secteur informel, se félicite l'institution. De plus, les allocations familiales devraient être généralisées en 2023 et 2024 et le nombre d'affiliés aux régimes de retraite devrait augmenter. Enfin, l'institution financière a encensé le Maroc pour ses efforts et sa stratégie de développement durable. «Le Maroc fait partie des pionniers mondiaux qui mènent la transition vers des économies plus vertes et plus inclusives», estime la BAD. D'importantes disparités Par ailleurs, de manière globale, la croissance de la région est essentiellement portée par le secteur des services, en particulier le commerce et le tourisme. En 2022 la croissance dans la région était modérée : 4,1% contre 5,4% en 2021. La hausse de la croissance connaît cependant d'importantes disparités entre les pays, a expliqué Audrey Verdier-Chouchane, économiste régionale pour l'Afrique du Nord et cheffe de division par intérim des économies pays pour l'Afrique centrale, l'Afrique du Nord et de l'Ouest qui a présenté le rapport. «Pour soutenir une croissance inclusive, la région devrait mettre en œuvre des réformes structurelles qui favorisent le développement du secteur privé, améliorent la productivité et l'employabilité et créent des opportunités d'emploi», a souligné Mme Verdier-Chouchane. L'inflation devrait se poursuivre dans la région pour atteindre un taux à deux chiffres : 14,2% en 2023 et retomber à 6,9% en 2024. Le déficit budgétaire régional devrait se maintenir autour de 3,5% du produit intérieur brut (PIB) en 2023 et 3,2% en 2024. Le déficit régional de la balance courante devrait se contracter pour atteindre 0,5% du PIB en 2023 et 0,2% en 2024. L'environnement économique mondial, y compris les cours des hydrocarbures, la structure des échanges, le tourisme et les flux d'investissements directs étrangers, devrait influencer la position extérieure de la région, selon la Banque africaine de développement. Pour maintenir les économies de la région à flot, la Banque africaine de développement préconise une coordination des politiques monétaires et budgétaires, pour faire face à la hausse de l'inflation et protéger les petites entreprises et les populations grâce à des dépenses publiques ciblées. De même, le maintien et l'appui de la sécurité alimentaire dans la région restent un objectif crucial. Les pays devraient investir dans l'agriculture en développant notamment des variétés améliorées ainsi que des stratégies de gestion de l'eau et des sols. La région doit renforcer sa résilience, notamment dans le cadre du lien «transition énergétique – gestion de l'eau – sécurité alimentaire», souligne la Banque. Nécessité de poursuivre les réformes Enfin, pour relever les défis de l'assainissement budgétaire, les pays doivent poursuivre leurs efforts de mise en œuvre des réformes, notamment en améliorant la numérisation de l'administration fiscale, en élargissant l'assiette fiscale, en rationnalisant les dépenses publiques et en renforçant les systèmes de gouvernance. L'Afrique du Nord devrait aussi renforcer la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine, afin de stimuler les échanges et les investissements intra-africains. En outre, les gouvernements d'Afrique du Nord devraient s'attaquer aux niveaux croissants de la dette publique à moyen terme, en allouant les fonds de la dette de manière transparente, en restructurant les entreprises publiques en situation difficile et en procédant à des examens réguliers des dépenses publiques. L'Afrique du Nord devrait tirer parti de ses importantes richesses naturelles tout en faisant de la croissance verte une urgence. Les pouvoirs publics d'Afrique du Nord, les investisseurs privés étrangers et nationaux, les banques multilatérales de développement et les institutions de financement du développement ainsi que le secteur privé devraient investir dans la croissance verte. Le financement du secteur privé peut notamment jouer un rôle crucial par des investissements dans les infrastructures d'énergie propre, l'efficacité énergétique, l'agriculture durable et la restauration des terres. Le secteur privé peut également apporter l'expertise, la technologie et les compétences de gestion nécessaires à la mise en œuvre efficace et efficiente de projets de développement verts. Les pays devraient donc investir dans la gestion durable du capital naturel pour constituer une option de financement complémentaire pour les initiatives liées au climat et à la croissance verte, et contribuer ainsi à la réduction de la pauvreté et des inégalités, à la création d'emplois et une croissance économique durable, préconise la BAD. Le rapport souligne que l'institution financière et les autres partenaires au développement ont un rôle crucial à jouer pour optimiser le rôle du secteur privé et du capital naturel dans le financement des actions climatiques et de la croissance verte en Afrique du Nord.