Dans son rapport 2023 des Perspectives économiques de l'Afrique de l'Ouest, la Banque africaine de développement (BA D) souligne que cette région du continent a connu un ralentissement de sa croissance économique au cours de l'année écoulée, à l'exception du Cabo Verde, de la Gambie, de la Guinée, du Mali et du Niger. Publié le 27 juillet dernier, le rapport évalue les performances économiques de 15 pays d'Afrique de l'Ouest, en l'occurrence le Bénin, le Burkina Faso, le Cabo Verde, la Côte d'Ivoire, la Gambie, le Ghana, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Libéria, le Mali, le Niger, le Nigeria, le Sénégal, la Sierra Leone et le Togo.
Intitulé « Mobiliser le financement du secteur privé pour le climat et la croissance verte en Afrique de l'Ouest », le document indique que la croissance économique de l'Afrique de l'Ouest devrait légèrement augmenter pour atteindre 3,9% en 2023, contre 3,8% en 2022.
Pour comprendre la portée de ce rapport, il faut noter qu'il présente les principales tendances économiques en 2022 ainsi que des prévisions économiques à moyen terme (2023-2024) pour la région. Il évalue également les stratégies visant à accélérer la mobilisation des financements du secteur privé pour le climat et la croissance verte en Afrique de l'Ouest.
Les experts de la BAD révèlent, en outre, que l'Afrique de l'Ouest dispose d'un énorme potentiel pour parvenir à une croissance verte, l'industrialisation verte étant la voie la plus évidente. Les raisons qui militent en faveur d'une croissance verte dans la région sont nombreuses : impacts et risques liés aux changements climatiques, épuisement du capital naturel, pauvreté et insécurité alimentaire, création d'emplois limitée et nombreuses enclaves à forte intensité de capital.
Hausse des taux d'intérêt
S'exprimant lors du lancement, Kevin C. Urama, économiste en chef et vice-président chargé de la Gouvernance économique et de la Gestion des connaissances de la BAD, a déclaré que de multiples défis avaient entraîné une hausse des taux d'intérêt et alourdi les paiements au titre du service de la dette pour les pays africains. Il a expliqué que ces défis comprenaient notamment les changements climatiques, l'inflation due à la hausse des prix de l'énergie et des matières premières, la perturbation des chaînes d'approvisionnement, ainsi que le resserrement de la politique monétaire aux Etats-Unis et en Europe.
Il a, par ailleurs, déclaré que l'Afrique est lésée en matière de financement climatique. Le continent aura besoin de 235 à 250 milliards de dollars par an jusqu'en 2030 pour réaliser les investissements prévus dans le cadre de ses contributions déterminées au niveau national. Pourtant, l'Afrique n'a reçu qu'environ 29,5 milliards de dollars de financement climatique entre 2019 et 2020.
Enfin, il souligne que le financement du secteur privé pour soutenir l'adaptation aux changements climatiques et l'atténuation de leurs effets en Afrique est estimé à seulement 4,2 milliards de dollars pour la période 2019-2020, soit le montant le plus faible de toutes les régions du monde. Selon les estimations de la BAD, le déficit de financement climatique du secteur privé en Afrique devrait atteindre 213,4 milliards de dollars par an entre 2020 et 2030.