Alors que le Royaume attend toujours l'arrivée des premiers lots du vaccin d'AstraZeneca, et dans l'expectative de l'autorisation de Sinopharm, des voix au Comité technique s'élèvent pour appeler à diversifier les fournisseurs afin de sortir de la dépendance. Pfizer, Moderna, Johnson & Johnson sont des pistes envisageables. Après plusieurs annonces ratées, le Maroc est toujours sans vaccin. Bien que le Royaume ait accordé une autorisation d'urgence au vaccin du suédo-britannique AstraZeneca, il est encore incertain que nous l'obtiendrons dans les jours qui viennent. Même le ministère de la Santé n'en a plus aucune idée et s'est réfugié dans un silence assourdissant afin d'éviter les questions embarrassantes des journalistes. En réalité, les autorités n'en sont pour rien du moment que tout dépend de la source du vaccin. Le fournisseur indien « Serum Institute Of India » est pris en otage par le gouvernement indien qui veut garantir un stock suffisant pour commencer à vacciner ses ressortissants (300 millions de personnes). Pour le vaccin chinois de Sinopharm, l'ambiguïté plane toujours sur les résultats des essais cliniques phase III qui font encore l'objet d'examen de la Direction des Médicaments et de la Pharmacie. Commander d'autres vaccins : pourquoi pas ? En plein brouillard, les Marocains se demandent quand seront-ils vaccinés, au moment où la concurrence sur les vaccins se déchaîne au niveau mondial. Pour sortir de cette « perplexité vaccinale », quelques membres du Comité technique sont sortis de leur silence pour tenter de livrer des recommandations salvatrices. Azzedine Ibrahimi, directeur du laboratoire de biotechnologie de la Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat et membre éminent du Comité technique, ne s'est pas empêché de réagir au climat d'incertitude ambiant. Dans une déclaration sur son compte Facebook, le spécialiste a préconisé de diversifier les sources de vaccins en s'ouvrant sur d'autres Laboratoires, en plus de Sinopharm et AstraZeneca, afin d'éviter de rester « à la merci d'un seul partenaire ». En pratique, M. Ibrahimi propose le vaccin de « Johnson & Johnson » dont les essais cliniques prendront fin en février. Ce vaccin présente plusieurs avantages puisqu'il n'est pas difficile à transporter et facile à administrer. « Une seule dose injectée suffit pour développer une immunité », a expliqué M. Ibrahimi. Ce vaccin américain peut s'avérer une bonne affaire vu qu'il est très probable qu'il soit produit en France dans les unités de production du laboratoire « Sanofi ». Ce qui faciliterait davantage l'approvisionnement. Moderna ou Pfizer ? Le ministre de la Santé Khalid Aït Taleb avait annoncé que le Maroc se contentera des deux vaccins commandés (Sinopharm et AstraZeneca), Azzedine Ibrahimi va plus loin en demandant de négocier avec des géants pharmaceutiques américains tel que Moderna. En dépit des difficultés de stockage de ce type de vaccin issu d'une nouvelle technologie (ARN Messager), M. Ibrahimi estime qu'il suffit que le Maroc fasse un effort supplémentaire pour s'adapter en logistique, « ceci va affermir nos capacités de stockage », a-t-il poursuivi. Le vaccin Moderna comme celui de Pfizer ne peuvent être stockés dans une température inférieure à -20° C. Rappelons que le Maroc est pris en tenailles au milieu d'une concurrence internationale sur les quantités du vaccin d'AstraZeneca et de Sinopharm. Ainsi, le Royaume est à la merci des pays où les vaccins sont produits, à savoir la Chine et l'Inde. C'est ce qui explique les tergiversations du gouvernement sur la date du début de la campagne de vaccination qui n'ont pas manqué de lasser les citoyens. Repères Sinopharm sommé de présenter plus de données sur son vaccin Selon des sources du ministère de la Santé, le vaccin de Sinopharm est en cours d'examen, l'autorisation d'urgence pourrait avoir lieu dans quelques jours, selon quelques sources du Comité technique. Azzedine Ibrahimi a affirmé que le ministère de la Santé a demandé des informations supplémentaires au Laboratoire chinois sur les résultats des essais cliniques. « Le vaccin ne sera autorisé que s'il répond à l'ensemble des critères de sécurité », a-t-il précisé, soulignant que l'autorisation d'urgence exige une visibilité claire et exhaustive sur les résultats des essais cliniques. Moncef Saloui à la rescousse ? Le chercheur émérite d'origine marocaine a présenté sa démission du programme Warp Speed aux Etats-Unis, une aubaine pour le Maroc aux yeux d'Azzedine Ibrahimi qui croit à la maxime « le malheur des uns fait le bonheur des autres ». L'ex-dirigeant du programme américain de vaccination pourrait mettre ses compétences à profit de son pays natal vu sa connaissance profonde des méandres du marché des vaccins. « Je lance un appel fraternel à M. Slaoui et à tous les experts et scientifiques marocains dans le monde pour venir en aide à leur pays d'origine », a exhorté M. Ibrahimi.