Les propos tenus par le défenseur chevronné de la laïcité Ahmed Assid sur l'Islam continuent de susciter de vives critiques. Par la voix de son secrétaire général, le PJD réagit aux propos du militant du mouvement amazigh. Abdelilah Benkirane, Chef du Gouvernement, a vivement dénoncé les déclarations de Ahmed Assid sans citer le nom de ce dernier. Dans son discours prononcé le week-end dernier, au 5ème congrès de la jeunesse de son parti (PJD), tenu à Bouznika, Abdelilah Benkirane a souligné que «ce sont les principes de l'Islam qui ont bâti ce pays…Si certaines personnes ne veulent pas entendre des propos sévères qu'elles respectent la foi de la Oumma ». « Ce n'est pas raisonnable de porter outrage à la personne du prophète Sidna Mohammed, Messager d'Allah, paix et salut sur lui, le meilleur des Hommes. Ce n'est pas raisonnable. Et nous n'accepterons pas cela», a-t-il martelé devant une foule excitée. Pour rappel, Ahmed Assid, chercheur à l'Institut Royal de la Culture Amazighe (IRCAM) a déclaré, lors d'une rencontre organisée récemment à Rabat par l'Association marocaine des droits humains (AMDH) autour de « l'Islam et l'enseignement au Maroc », que « l'Islam est aujourd'hui dépassé, car les valeurs universelles actuelles sont ce que l'humanité a atteint de mieux ». Des propos criminels pour Hassan El Kettani Critiquant les manuels scolaires marocains, Assid affirme que «le message de l'Islam enseigné aux jeunes dans les manuels scolaires est un message terroriste évoquant un Islam propagé à l'épée à l'époque du prophète ». La réaction des islamistes ne se fera pas attendre. Hassan El Kettani, président de l'association « Al Bassira pour l'éducation et la prédication » dénonce sur sa page facebook les propos de Ahmed Assid qu'il qualifie de « criminel » et d'« ennemi de Dieu ». Les dénonciations des salafistes se multiplient. Pis encore. Ils ont même proféré des menaces de mort contre ce militant du mouvement amazigh. La tension monte d'un cran entre ces deux mouvements ( amazigh et salafistes) dont les relations sont tumultueuses. Pour rappel, Hassan El Kettani, président de l'association « Al Bassira pour l'éducation et la prédication » a traité lors d'une sortie médiatique les Amazighs « d'agents à la solde des juifs, fils des singes et des porcs ». Le prédicateur salafiste a déclaré ensuite sur sa page facebook qu'il a reçu des menaces de mort par téléphone. Le nouvel incident ne fera qu'envenimer les relations entre ces deux mouvements. Par ailleurs, face aux intimidations et aux menaces proférées à l'encontre du chercheur Assid, une chaîne de soutien est lancée par des associations des droits de l'Homme, des acteurs de la société civile, des journalistes et de jeunes artistes. Un « comité de soutien à l'intellectuel et militant amazigh Ahmed Asid » a été même créé. Il dénonce via un communiqué la «campagne d'intimidation» menée par les dirigeants des associations « Al Bassira pour l'éducation et la prédication », et du mouvement « La réforme et l'unité », bras prédicateur du PJD, contre le penseur et intellectuel Ahmed Asid. Le comité de soutien à Ahmed Assid critique ainsi avec vigueur la « fatwa » des dirigeants de ces deux associations, la considérant comme une « violation grave des libertés et des droits de l'Homme ». « Cette attitude s'inscrit dans le cadre d'une campagne visant à porter atteinte au droit à la vie des intellectuels et des défenseurs de la démocratie et des droits de l'Homme et dont le dernière victime a été le militant tunisien Choukri Belaid », s'indignent les membres de ce comité de soutien qui annoncent la réflexion sur « la création d'un mécanisme permanent d'observation et de lutte contre les violations et les pratiques qui visent à confisquer le droit à la différence et à la liberté de la croyance ». Les membres du comité de soutien à Ahmed Assid devront se réunir cette semaine pour débattre de cette proposition. Le comité de soutien interpelle le Gouvernement pour « qu'il assume ses responsabilités » et pour qu'il prenne « les mesures nécessaires afin de garantir la protection de l'intégrité physique de l'Intellectuel Ahmed Assid ». Le comité exige aussi l'ouverture d'une enquête concernant les déclarations des dirigeants des deux associations. Par ailleurs, une pétition a été lancée sur Internet en solidarité avec Ahmed Assid.