Une rencontre organisée par l'association des enseignants de la langue amazighe de Tahla (région de Taza), le samedi 07 Juillet 2012 dans la salle de la Municipalité de Tahla, a réuni plusieurs militants et chercheurs du mouvement amazigh ainsi que des enseignants de Tamazight pour une réflexion commune sur la mise en œuvre de l'officialisation de la langue et culture amazighes. Après une présentation de différents modèles d'états démocratiques plurilingues dans le monde exposé par Abdeslam Khalafi, chercheur dans le domaine amazighe, une analyse du contexte politique et social marocain a été décrite par Ahmed Aassid, de l'Observatoire Amazigh des droits et libertés, mettant en relief tous les chantiers d'intervention pour la langue amazighe officielle (éducation, médias, institutions publiques...) et insistant sur le fait que l'Amazighité n'est pas seulement une langue mais aussi une culture porteuse de valeurs universelles telle que la tolérance, le vivre ensemble et la solidarité. La troisième communication a été donnée par Meryam Demnati du même observatoire, sur l'état des lieux de la langue amazighe dans le système éducatif. Après avoir rappelé les fondements de cet enseignement : enseignement obligatoire à tous les marocains sans exception et généralisé à tous les cycles, standardisation progressive de la langue amazighe, transcription de la langue amazighe dans sa graphie originelle «Tifinaghe», l'intervenante, chercheure en pédagogie de l'amazighe, a présenté un diagnostic détaillé de ce dossier. Bilan plutôt négatif, voire catastrophique affirme-t-elle, la généralisation horizontale et verticale prévue pour 2011 n'ayant même pas atteint 14 % des élèves du primaire, le dossier étant négligé et peu pris au sérieux. Mohamed Eddaghur, activiste amazigh, originaire de la région, a, quant à lui, brossé un tableau sur la situation critique de la langue et de la culture amazighes dans cette province, situation due à leur marginalisation depuis l'indépendance. Après un débat fructueux, des mesures nécessaires urgentes pour une véritable mise en oeuvre de l'officialisation de la langue ont été proposées par les participants et les membres de l'association des enseignants de la langue amazighe de Tahla : Intégrer la langue amazighe au même titre que les autres langues dans les futurs Centres Régionaux de métiers d'Education et de Formation (CRMEF) avec des horaires pour la langue amazighe qui tiennent compte de sa situation spécifique, une évaluation systématique et une section de langue amazighe pour la formation des enseignants du collège sans attendre la généralisation du primaire. Elaborer un plan prévisionnel assurant sa généralisation au niveau vertical et horizontal avec un suivi sérieux sur le terrain ; Recruter les cadres pédagogiques parmi les diplômés en amazighe (Masters et licenciés) ; Mettre sur pieds des départements de langue et culture amazighes en y consacrant le budget nécessaire ; Donner à la graphie amazighe «Tifinaghe» les moyens de s'ouvrir sur l'environnement. Avant de conclure, les participants ont lancé un appel à toutes les autres associations des enseignants de la langue amazighe dans tout le Maroc pour asseoir les bases d'une structure à caractère nationale indispensable aujourd'hui pour la promotion de l'amazighe dans le système éducatif.