Les hommes de Chakib Benmousa parleront bientôt amazigh. Une convention a été signée en ce sens, mardi, par le département de l'Intérieur et l'Ircam. L'enseignement de la langue amazighe n'est pas pour autant obligatoire pour ces agents de l'administration locale amenés à officier dans des zones amazighophones. «C'est une option facultative», précise Ahmed Assid, chercheur et membre de l'Ircam. Les deux parties, l'Intérieur et l'Ircam, se sont entendues sur un cadre général de coopération pour «la promotion de la culture et de la langue amazighes». La convention signée concerne principalement l'enseignement de la langue amazighe à l'Institut royal de l'administration territoriale, pour permettre aux fonctionnaires du ministère de l'Intérieur chargés des affaires juridiques de pouvoir la pratiquer. L'objectif est de mieux communiquer avec les citoyens parlant principalement la langue amazighe. Toutefois, précise A. Assid, les modalités de mise en pratique de cet accord ne sont pas encore fixées. «Le volume horaire, l'effectif des bénéficiaires ou encore le mode d'enseignement de la langue, (c'est-à-dire s'ils 'agit des trois variantes ou d 'une langue unifiée) ne sont pas encore finalisés», précise A. Assid. «L'intégration de la langue amazighe dans les secteurs publics a été et reste encore une revendication prioritaire du mouvement amazigh», soutient Ahmed Arehmouch, membre du Bureau exécutif du Réseau amazigh pour la citoyenneté (Azetta). «C'est certes un pas dans la voie pour mettre fin à cette violence symbolique que subissent les citoyens des zones amazighophones, face aux agents de l'autorité exclusivement arabophones», ajoute-t-il. Seulement, regrette ce militant amazigh, «la convention signée avec le ministère de l'Intérieur a une portée beaucoup plus politique que pratique. Ce qui en limite déjà les retombées». Pour Ahmed Assid, la convention comporte plusieurs aspects. Outre l'enseignement de la langue, explique ce membre de l'Ircam, «le cadre juridique a également pour objectif de sensibiliser les agents d'autorité aux droits culturels et linguistiques des citoyens de ces zones». Il s'agit de la polémique des prénoms amazighs. Problématique à laquelle le département de Chakib Benmoussa s'est engagé, selon les termes de la convention, à mettre fin. L'accord comporte en outre le volet lié à la signalisation ou à la transcription en tifinagh des noms des rues ou des messages des panneaux de signalisation dans certaines villes. Il s'agit de mettre fin aux conflits entre les municipalités et la tutelle à l'image de ceux qu'ont vécus Agadir et Nador. A noter que le département de l'Intérieur est l'un des cinq ministères qui est représenté au conseil d'administration de l'Ircam. «Mais le courant ne passait pas toujours bien, entre les deux institutions», confie ce membre de l'Ircam.