Le 20 juillet dernier, le juge d'instruction auprès de la Cour d'appel de Casablanca met en liberté conditionnelle un éducateur d'une école privée à Sidi Bernoussi à Casablanca. Ce dernier est accusé par des parents d'avoir agressé sexuellement leur fille. L'association « Touche pas à mes enfants » intervient et devient partie prenante dans l'affaire. Une autre audience est prévue le 25 septembre, mais l'association «Touche pas à mes enfants» compte tenir un sit-in devant l'école réclamant sa fermeture. La présumée victime a 8 ans et s'appelle C.A. Issue de parents maroco-bahreïniens, elle accuse un homme de 65 ans, son éducateur, d'avoir abusé d'elle sexuellement. Najia Adib, présidente de l'association « Touche pas à mes enfants» , nous raconte ce que la famille lui a confiée « Ce que la fille nous a raconté est effroyable. Le 18 juin, dans son école à Sidi Bernoussi, la petite fille C.A. rend sa copie d'examen puis se dirigé vers les toilettes. L'un des éducateurs de l'école, A.M., 65 ans, la suit. Il la menace de lui donner un zéro à l'examen, puis de la tuer, elle et sa mère, si jamais elle viendrait à rapporter ce qu'il projetait de lui faire subir. La petite fille nous a raconté qu'il l'a plaquée contre le mur, puis posé une main sur sa bouche pour l'empêcher de hurler. Plus que des attouchements, A.M. a introduit ses doigts dans des parties intimes du corps de la fillette. Le Lendemain, il récidive », nous rapporte Najia. Cauchemar, traumatisme, douleurs Contactée par le Soir échos, la mère de la petite fille nous raconte sa version : « Nous avons remarqué que notre fille faisait beaucoup de cauchemars la nuit. Elle se rendait constamment aux toilettes et y restait longtemps a cause d'une diarrhée anormale. On a cru dans un premier temps que c'était à cause de l'antibiotique qu'elle prenait contre son rhume. A l'hôpital Ibn Rochd, le médecin me pose cette effroyable question : “Vous soupçonnez qui, Madame ? ". Je ne voulais pas comprendre. Le médecin m'explique par des mots moins durs que quelqu'un a abusé de ma fille ! », témoigne la dame indignée. La petite fille finit par se confier : « En effet, l'éducateur A.M.a abusé de moi à deux reprises ». Devant le juge, une source ayant requis l'anonymat nous révèle qu'à la vue de l'éducateur, la fille avait commencé à trembler et à gémir. L'avocat de la famille de la fille, Mohamed Yamani, nous apprend que le 20 juillet, le juge a mis en liberté conditionnelle l'accusé car ce dernier a nié tous les chefs d'accusations, a présenté un certificat attestant sa maladie cardiaque, « et par-dessus tout, prétend être impuissant pour commettre de telles atrocités », indique Najia. Chose qui met hors d'elle la maman de la fille. «Je reste sceptique par rapport à l'objectivité de la décision du juge. Il ne devait pas mettre cet homme en liberté conditionnelle. Il est accusé de pédophilie. C'est quand même grave de le laisser en liberté. Ma fille maintenant met des couches. Son innocence a été violée. C'est fini pour elle. Ce regard pur et cette ingénuité qu'elle avait, elle les a perdus. Ma fille a changé, elle ne mange plus, n'arrête pas de penser à ce qu'elle a subi. C'est tout simplement inhumain. », s'indigne la mère. Et après ? Une autre audience est prévue le 25 septembre, mais l'association «Touche pas à mes enfants» compte tenir un sit-in devant l'école réclamant sa fermeture et une marche pacifique devant la Cour d'appel pour que le présumé coupable soit poursuivi en état d'arrestation « et non pas en liberté conditionnelle pour persister dans ses viols sur d'autres petites filles », ironise Najia. L'affaire risque de prendre un tournant diplomatique, car la mère de la victime a contacté l'ambassade du Bahreïn au Maroc qui suit elle aussi de très près l'affaire. Nous avons tenté de contacter l'école, l'un des responsables et l'éducateur, mais personne ne répond. L'avocat de la famille nous a appris que la procédure et l'enquête sont toujours en cours mais qu'il trouvait cela « insensé » de relâcher l'accusé sans prendre en considération les sentiments de la mère et de la petite fille. Affaire à suivre. Ce que dit le code pénal L'article 485 du code pénal marocain est on ne peut plus clair : « Est puni de la réclusion de cinq à dix ans tout attentat à la pudeur consommé ou tenté avec violences contre des personnes de l'un ou de l'autre sexe. Toutefois si le crime a été commis sur la personne d'un enfant de moins de dix-huit ans, d'un incapable, d'un handicapé, ou sur une personne connue pour ses capacités mentales faibles, le coupable est puni de la réclusion de dix à vingt ans.» L'article 486 précise : «Le viol est l'acte par lequel un homme a des relations sexuelles avec une femme contre le gré de celle-ci. Il est puni de la réclusion de cinq à dix ans. Toutefois si le viol a été commis sur la personne d'une mineure de moins de dix-huit ans, d'une incapable, d'une handicapée, d'une personne connue par ses facultés mentales faibles, ou d'une femme enceinte, la peine est la réclusion de dix à vingt ans.» * Tweet * * *