Les deux finalistes du second tour de la présidentielle égyptienne, qui se tiendra les 16 et 17 juin, sont déjà à pied d'œuvre. Cet ultime duel entre le candidat des Frères musulmans, Mohamed Morsi, et Ahmed Chafiq, une figure de l'ancien régime, s'annonce très serré. Affrontement verbal, le 25 mai à la sortie de la mosquée Al-Fatah au Caire, entre les supporters des deux candidats au second tour de la présidentielle. Ci-dessus, Mohamed Morsi, candidat des Frères musulmans et Ahmed Chafiq, dernier Premier ministre de Moubarak. La bataille pour le second tour de la présidentielle en Egypte est lancée. Un duel de haut niveau qui opposera le candidat des Frères musulmans, Mohamed Morsi, et le cacique de l'ancien régime déchu, Ahmed Chafiq. Autant dire que c'est un combat entre « l'ancienne Egypte » marquée par trente ans de dictature sous Hosni Moubarak et « l'Egypte moderne », du moins de l'avis des Frères musulmans qui entendent débarrasser le pays de ses vieux fantômes qui continuent de le hanter, en dépit de la chute du raïs, il y a plus d'un an. Déjà vainqueurs des élections législatives qui leur ont permis d'étaler leur règne sur l'Assemblée constituante, les Frères musulmans s'efforcent désormais de présenter le second tour prévu les 16 et 17 juin comme un référendum destiné à « sauver la révolution ». Un thème bien choisi, qui ne peut recueillir l'assentiment de ces milliers d'Egyptiens qui sont descendus dans les rues pour crier leur ras-le-bol face à l'ancien régime. Ahmed Chafiq, le dernier Premier ministre de Hosni Moubarak, est accusé par ses détracteurs de représentant de l'ex-régime ; donc avec lui, ce sera Moubarak sans Moubarak. Toutefois, le candidat soutenu par le Parti National Démocratique (PND de Hosni Moubarak) ne compte pas se laisser faire. À son tour, il a déjà commencé à courtiser les jeunes de la Révolution. Un scrutin crédible Concernant ce premier scrutin « libre et transparent » qualifié « d'historique» par les analystes de la scène politique de ce pays, il y a pas eu d'irrégularités majeures, selon le Carter Center, qui a dépêché ses observateurs sur le terrain : 102 au total pour superviser le déroulement du vote. Le centre a notamment fait savoir que ses observateurs n'avaient pas été « en mesure d'observer l'ensemble du processus, parce que les autorités ne leurs ont remis des permis qu'une semaine avant le vote ». « Nos observateurs n'avaient pas été en mesure d'assister au décompte des bulletins de vote ; ce qui mine fortement la transparence des résultats de l'élection », a déclaré Carter Center dans un communiqué. Le duel du second tour s'annonce d'ores et déjà très serré entre les deux finalistes. La confrérie des Frères musulmans a convié, samedi après-midi, les candidats éliminés au premier tour à des discussions sur la désignation du vice-président et la composition d'un futur gouvernement de coalition. Hamdine Sabahi, représentant de la gauche nassérienne, Amr Moussa, ex-secrétaire général de la Ligue arabe et candidat malheureux, ainsi qu'Abdel Moneim Aboul Fotouh, un autre candidat islamiste ne faisant pas partie de la confrérie n'ont pas participé à la réunion, selon les annonces faites par leurs équipes de campagne respectives. Embarras de choix Mais toutefois, Abdel Moneim Aboul Fotouh a fait savoir qu'il avait l'intention de participer « au front uni contre les symboles de la corruption et de l'oppression ». Lors d'une conférence de presse, samedi soir, Mohammed Morsi a appelé les Egyptiens à poursuivre les objectifs de la révolution, promettant « d'être le président de tous les Egyptiens ». La confrérie a aussi accusé son challenger, Ahmed Chafiq, « de mettre la révolution en danger ». « Il n'y a pas de place pour un retour à l'ancien régime. L'Egypte a changé et on ne peut pas revenir en arrière », a déclaré Mohamed Morsi lors de sa conférence de presse. S'adressant aux jeunes, à son tour, samedi, l'ex-Premier ministre de Hosni Moubarak s'est posé comme l'homme de la rupture, une façon d'inviter le peuple égyptien à faire table rase d'un passé pas si loin que ça. « La révolution que vous avez provoquée vous a été confisquée, je me suis engagé et je m'engage à vous en rendre les fruits », a déclaré celui qui avait été contraint de démissionner sous la pression de la rue, il y a un an. En tout cas, une chose est certaine, c'est que les électeurs auront l'embarras du choix entre les deux camps dont on ignore encore les vraies intentions, au delà du discours politique. * Tweet * * *