Candidat par défaut des Frères musulmans, Mohammed Morsi, qui devrait affronter au second tour de la présidentielle égyptienne un ancien de l'ère Moubarak, Ahmad Chafiq, a dépassé son manque de charisme grâce à l'immense réseau de militants de la confrérie. Cet ingénieur de 60 ans, diplômé d'une université américaine, a été surnommé la «roue de secours» car il a remplacé au pied levé le premier choix de la confrérie, Khaïrat al-Chater, dont la candidature a été invalidée en raison d'une condamnation du temps du président Hosni Moubarak. En quelques jours, la confrérie a dû imprimer en toute hâte de nouvelles affiches à l'effigie de son candidat de rechange et lui bâtir une image de présidentiable. Peu charismatique, le regard timide sur ses affiches et semblant sur la défensive lors de ses premières apparitions publiques, Mohammed Morsi n'avait pas le profil d'un favori aux yeux de nombreux experts. Mais au fil de la campagne, il a pris de l'assurance et du mordant, bénéficiant en outre du maillage militant serré des Frères musulmans, la force politique égyptienne la plus importante et la mieux organisée du pays. M. Morsi peut se prévaloir de diriger le PLJ, de loin le premier parti du pays avec presque la moitié des sièges de députés depuis les récentes législatives. Mais cette domination parlementaire est aussi un argument pour les adversaires des Frères qui pointent le risque de voir la confrérie dominer sans partage les pouvoirs législatif et exécutif. M. Morsi se présente comme le «seul candidat avec un programme islamiste», partisan d'un «projet de renaissance» fondé sur les principes de l'islam. Il souhaite des relations «plus équilibrées» avec Washington et menace de revoir le traité de paix avec Israël si les Etats-Unis bloquent leur aide à l'Egypte. Il réfute toute division au sein des Frères, bien que son principal adversaire pour le vote islamiste ait été Abdel Moneim Aboul Foutouh, un ancien haut dirigeant de la confrérie exclu l'an dernier.