Le Soir échos a essayé de savoir pourquoi les échanges commerciaux bloquent entre les deux pays. Le point avec Khalid Benjelloun, président du conseil d'affaires maroco-saoudien au sein de la CGEM. Khalid Benjelloun, président du conseil d'affaires maroco-saoudien au sein de la CGEM, lors de la 1ère étape de Maroc export dans les pays du Golfe, en Arabie Saoudite. Comment se comportent les échanges commerciaux entre le Maroc et l'Arabie Saoudite ? Les échanges commerciaux entre le Maroc et l'Arabie Saoudite restent faibles, particulièrement du côté marocain. On exporte très peu par rapport à ce qu'on importe. Nous importons environ 2 à 3 milliards de dollars, principalement les produits pétroliers et les produits pétrochimiques. Par ailleurs, nous exportons seulement l'équivalent de 46 millions de dollars. Nous pouvons faire beaucoup mieux et développer davantage nos relations commerciales car les potentialités entre les deux pays sont énormes. Cette faiblesse d'échanges est due à quoi, selon vous ? Il y a plusieurs problèmes. Le premier est celui du transport maritime. Il n'y a pas de ligne directe entre le Maroc et l'Arabie Saoudite. Tous les bateaux en provenance de l'Arabie Saoudite doivent par exemple faire des transbordements dans des ports européens et vice-versa. Résultat, les délais de livraisons deviennent très lents et cela impacte surtout les produits alimentaires et les produits périssables. Existe-il des prémices de création d'une ligne maritime directe entre les 2 pays ? Je tiens à préciser qu'au niveau du transport maritime, nous comptons demander à nos gouvernements réciproques d'appuyer et de subventionner en partie ce transport qui revient très cher. Il faut supporter une partie des coûts du transport maritime non seulement en faveur des entreprises marocaines mais aussi pour les entreprises saoudiennes. Par rapport à l'espoir de voir une ligne directe, je peux vous dire qu'il y a une ligne qui est en train de s'installer entre l'Arabie Saoudite et le port de Tanger-Med. C'est un premier pas et nous souhaitons que la ligne directe arrive jusqu'à Casablanca et Agadir. Nous souhaitons que cette ligne directe entre Jeddah et Tanger entre en vigueur en 2012. Pour son extension à Casablanca et à Agadir, nous sommes en train de travailler sur ce chantier qui pourrait voir le jour l'année prochaine. Qu'en est-il du manque de connaissance des marchés ? Effectivement, il y a une énorme méconnaissance des marchés. Les Marocains connaissent très mal le marché saoudien et les Saoudiens ne connaissent pas suffisamment le marché marocain. Par exemple, la législation saoudienne permet actuellement à toute entreprise de s'implanter dans le pays sans l'obliger à avoir un partenaire saoudien. Elle offre des conditions incitatives à toute entreprise désireuse de s'y installer et avec une réglementation des changes et une réglementation sur le plan fiscal des plus avantageuses. Sur un autre registre, depuis environ un an, l'Arabie Saoudite a lancé plusieurs programmes de construction et plus de 500 000 logements dans des délais très courts et malheureusement aucune des entreprises marocaines n'a participé à ces programmes alors que nous avons de grandes entreprises dans ce domaine et qui investissent dans d'autres pays. De plus, sur le plan de l'agriculture, en ce moment, l'Arabie Saoudite peut offrir aux entreprises marocaines qui opèrent dans ce secteur des financements importants pour toutes les entreprises qui sont prêtes à exporter leurs produits finis au pays moyennant des contrats et cela n'est pas connu par les Marocains. Y a-t-il des entraves d'ordre administratif ? L'octroi des visas, à titre d'exemple pour les hommes d'affaires marocains, devient de plus en plus difficile et malheureusement les responsables saoudiens mélangent entre les hommes d'affaires et les gens qui y vont pour le tourisme et le pèlerinage. Actuellement, nous sommes en train de demander aux responsables saoudiens de faciliter l'octroi des visas aux Marocains et ce pour développer davantage les contacts, car sans contact direct il ne peut pas y avoir d'affaires. Au sein de la CGEM, comment comptez-vous changer cette donne ? Au niveau de la CGEM, nous sommes en train de faire un bilan de ces relations. Nous allons travailler sur les potentialités qui existent mais qui ne sont pas exploitées. Par la suite, nous comptons élaborer un plan d'action pour essayer de développer nos relations et d'ailleurs le but de notre voyage actuellement est de nous réunir avec nos homologues saoudiens et essayer de trouver ensemble les solutions aux différents freins qui empêchent le développement de nos relations et ce le plus rapidement possible. 39 entreprises marocaines présentes « Cette Mission, composée de 39 entreprises marocaines, a pour objectif d'une part, de renforcer les échanges commerciaux avec les trois pays du Golfe, et d'autre part, d'identifier de nouvelles opportunités de partenariat entre les sociétés marocaines et leurs homologues de ces pays », déclare Maroc Export. Les secteurs concernés sont principalement le textile et tissus d'ameublement, le cuir, l'agroalimentaire, les produits de la mer, les BTP, les nouvelles technologies de l'information et de la communication et le secteur pharmaceutique. Ainsi, pour développer ses exportations dans les pays du Moyen-Orient, Maroc Export compte s'attaquer à deux fronts : la diversification et le gain de nouvelles parts de marché. Pour cela, l'enjeu est de faire jouer les synergies entre le Maroc en tant que hub du Maghreb, signataire de différents ALE et ces plateformes à l'import / export au Machrek.