Rends ton tablier et casse-toi ! Dimanche dernier, alors que je parcourais nonchalamment les journaux et magazines du week-end et dans lesquels je découvre, hélas comme souvent, que le futile copie minablement le superficiel, le dérisoire mime lamentablement le ridicule et le creux singe piteusement le fantasque, je suis tombé sur un titre qui m'a interpellé... à plus d'un titre : « Si elle est appliquée au Maroc, la prime à la casse profitera à tout le monde». Euréka ! M'écriai-je en mon for intérieur, mais tellement fort que je suis sûr que ça s'est entendu même à l'extérieur. Bien sûr ! Mais pourquoi donc n'y ai-je pas pensé plus tôt ? C'est ça, LA solution. La seule. Il n'y en a pas d'autre. Je vais vous expliquer, mais, auparavant, j'aimerais éclairer ceux qui ne le sont pas encore, sur cette apparente abracadabrante et pourtant génialissime «prime à la casse». Je ne vous apprendrais rien si je vous disais que notre parc automobile est pour le moins qu'on puisse dire, dramatiquement vétuste. J'ai appris, notamment dans l'article en question, qu'une bonne partie des véhicules qui circulent cahin-caha dans notre pays ont plus de 20 ans d'âge. Et contrairement à un célèbre breuvage, les voitures qui ont 10, 15 ou 20 ans, ne se bonifient pas avec l'âge, bien au contraire. De pimpantes et d'aguicheuses, quand on se les paye au début, plus elles avancent dans le temps, plus elles deviennent grincheuses et «grinceuses». Elles ont du mal à se réveiller le matin, elles fument comme des pompières et, en roulant, quand elles arrivent à rouler, elle font un boucan d'enfer. Et comme ces vieilles s... n'ont pas envie de nous lâcher les jantes, alors que nous, on ne rêve que d'une chose, c'est, justement, de les envoyer en enfer, nos législateurs pas très créatifs certes, mais bons copieurs, veulent nous aider à nous en débarrasser, pour qu'elle ne nous pompent plus ni notre fric ni notre air. Que faut-il faire ? Le principe est presque mécanique. On ramène sa satanée vieille caisse à la casse, et on reçoit en contrepartie un petit pactole, mais assez grand pour servir d'avance pour s'offrir une caisse toute neuve et toute fraîche. Et, effectivement, comme disait l'autre là-haut, tout le monde va y gagner. Nous, on va rouler dans une voiture, de nouveau, toute fringante, et les autres, qu'ils en aient ou qu'ils n'en aient pas, c'est pas notre problème, ils vont pouvoir, en tout cas, enfin, respirer, et en même temps, profiter, gratos, du doux vrombissement du moteur de notre nouvelle bagnole. Alors, elle n'est pas belle, la vie ? Maintenant, intelligents et intelligentes comme je vous imagine, vous imaginez bien que ce n'est pas pour vous parler d'écologie, ni pour rouler les mécaniques que je vous ai raconté tout ça. Je suis trop vicieux pour me contenter de si peu. Mais, je suis sûr, quand je vais vous soumettre mon idée, que vous allez être d'accord avec moi, m'applaudir et plus si affinités. Je vais vous poser une question. Depuis combien de temps on demande aux vieux schnoques qui dirigent depuis toujours certains partis ou certains syndicats dans notre pays éternel, de débarrasser le plancher et de laisser la place aux jeunes pour qu'ils les remplacent ? C'est ça, depuis une éternité ! Alors, comme ils refusent de se casser, on n'a qu'à, justement, les renvoyer à la casse, empocher la prime, et l'offrir à leurs suppléants qui n'ont jamais cessé de les supplier de partir, «un départ sans retour, inchallah !» ( j'ai traduit comme j'ai pu). D'une part, on n'aura plus de caisses polluantes et assourdissantes et d'autre part, plus de patriarches grincheux et ringards. Rêvons toujours...