Il semble que la hausse des taux d'intérêt, la seule solution censée neutraliser l'inflation, ne donne pas totalement l'effet escompté. Et pour cause, la flambée des prix ne faiblit pas aux USA, poussant la Fed à envisager une nouvelle hausse des taux. La banque centrale américaine (Fed) ne lâche pas le morceau dans sa lutte contre l'inflation. Elle compte ainsi attaquer avec une forte hausse des taux. À l'heure où nous mettions sous presse, nous ne connaissions ni l'ampleur ni le niveau de la hausse, la Fed n'ayant pas encore terminé la réunion de son comité de la politique monétaire. En tout cas, la banque centrale américaine devrait décider de relever, pour la cinquième fois d'affilée depuis mars, son principal taux directeur actuellement compris dans une fourchette de 2,25 à 2,50%. Il est attendu un relèvement de trois quarts de point de pourcentage (75 points de base). Cela en ferait la troisième hausse de cette ampleur, après les réunions de juin et juillet. D'après certains économistes, l'augmentation sera de 75 points de base aujourd'hui, auxquels s'ajoutera 1 point de pourcentage supplémentaire d'ici la fin de l'année. D'autres sont plus pessimistes, pour un acteur du marché sur cinq la hausse sera encore plus forte, d'un point de pourcentage. En attendant la décision finale, les investisseurs retenaient leur souffle sur le marché financier. Si l'inflation a bel et bien ralenti en août aux Etats-Unis, compte tenu de la baisse des prix de l'essence, elle est, tout de même, restée bien plus forte que prévu, à 8,3% sur un an, et la hausse des prix est généralisée. C'est justement ce niveau qui continuera de déterminer la trajectoire de la politique monétaire, malgré les risques croissants d'une récession en 2023. Il faut dire que le fait de relever le taux directeur fait augmenter les taux d'intérêt des divers prêts aux particuliers et professionnels, afin de faire ralentir l'activité économique, et donc de desserrer la pression sur les prix. Sauf que ce ralentissement volontaire de l'économie est très délicat, car un trop grand coup de frein risque de faire basculer les Etats-Unis dans la récession qui, d'ores et déjà, plane sur l'ensemble de l'économie mondiale. La Fed peut agir de manière agressive grâce à l'excellente santé du marché du travail. Le taux de chômage aux Etats-Unis est d'ailleurs à 3,7%, l'un des plus bas des 50 dernières années, car il n'y a pas assez de travailleurs pour occuper tous les postes vacants. La puissante institution l'a martelé: la lutte contre l'inflation est sa priorité. La laisser s'ancrer impliquerait des mesures encore plus douloureuses pour les ménages et entreprises, comme ce fut le cas il y a 40 ans, après des années de flambée des prix frôlant parfois les 15%. Au-delà du taux directeur, la Fed qui devait publier mercredi ses prévisions actualisées de croissance du PIB, inflation et taux de chômage devrait engendrer «un ralentissement de la croissance, une hausse du chômage et un ralentissement de l'inflation pour l'année prochaine». Une «légère récession au premier semestre 2023» est même envisagée. Rappelons que lors de ses précédentes prévisions en juin, la Réserve fédérale prévoyait 5,2% d'inflation en 2022 et 2,6% en 2023, avec une croissance économique de 1,7% cette année. Quant au taux de chômage, elle le voyait s'élever à 3,7% fin 2022 et, en 2023, à 3,9%. La banque centrale américaine, comme ses homologues dans le monde, tente de juguler une inflation provoquée par les perturbations de la chaîne d'approvisionnement liées au Covid-19, et exacerbée par la hausse des prix de l'énergie et de l'alimentation avec la guerre en Ukraine. Elles sont nombreuses à se réunir cette semaine, notamment la banque d'Angleterre (BoE) et celle du Japon (BoJ), ce jeudi. Mardi dernier, la banque de Suède, la Riksbank, avait créé la surprise avec une hausse inédite d'un point. Début septembre, la Banque centrale européenne (BCE) avait relevé ses taux de trois quarts de points de pourcentage Du jamais-vu. Jules Gabas Avec Agence / Les Inspirations ECO