La crise est là et elle se confirme. Celle de la zone euro aura fini par toucher les activités économiques nationales, selon la dernière note de conjoncture de la DEPF du mois de février. Comment se traduit-elle ? Le ministère des Finances atteste d'une baisse générale de la demande extérieure, au regard de la conjoncture économique que traverse l'Union européenne, principale partenaire commercial du pays. Aussi, la demande intérieure continue de constituer le principal levier de la croissance économique nationale. Dans une approche par secteur, la campagne agricole initialement prévue comme normale soulève de larges inquiétudes (lesechos.ma) quant à sa récolte, en l'absence d'une pluviométrie suffisante. Pour l'heure, le ministère de l'Agriculture se veut confiant, annonçant par là, que la superficie labourée a atteint 5,5 millions d'hectares dont 4,7 millions ont été emblavés à la date du 15 janvier dernier, d'autant plus que «70% de la superficie emblavée en céréales présente un bon couvert végétal». Les secteurs qui sauvent la mise Pour ce qui est des activités secondaires, le groupe OCP continue d'afficher une orientation positive des activités minières et chimiques puisque la valeur des exportations des phosphates et dérivés enregistre une hausse de + 35% par rapport à 2010. Dans le domaine de l'énergie, la consommation ne baisse pas et les Marocains consolident les ventes d'électricité qui atteignent 7,9%. Dans la lignée des bons résultats de la demande intérieure, celle-ci profite également au BTP qui voit sa consommation de ciments raffermie de 10,7%. Même tendance pour les activités industrielles qui affichent une amélioration de leur indice de production de 2,1% à fin septembre 2011. Cependant malgré ces bons résultats, la crise pointe et les opérateurs économiques ne sont pas assurés de la durabilité de la situation, qui continue de reposer sur une demande intérieure fragile. Peut mieux faire Si les chefs d'entreprises s'attendent à une amélioration de la conjoncture par rapport au trimestre précédent, il n'en demeure pas moins qu'ils ont besoin de chiffres concrets des autorités concernées. C'est à juste titre et pour répondre à ces attentes que Bank Al-Maghreb adopte une approche pour le moins rassurante. Les résultats de l'enquête que cette dernière a menée annoncent un taux d'utilisation des capacités de production de 72,7% à fin 2011, soit une légère hausse de 0,2 point, par rapport à 2010. Pour ce qui est des activités tertiaires, le secteur touristique connait une évolution relativement positive des arrivées avec une timide hausse de 0,6%, en glissement annuel. À l'inverse, les nuitées dans les établissements d'hébergement classés reculent de 6,4%, en rapport avec la baisse des nuitées réalisées dans les principales destinations touristiques. Si la croissance économique reste tirée par la demande intérieure, la question serait aujourd'hui de savoir si le pouvoir d'achat des Marocains suivra. Sur ce plan, la consommation des ménages serait appuyée par une évolution modérée des prix à la consommation, et par une amélioration des revenus des ménages. Les effets des revalorisations salariales entreprises dans le cadre du dialogue social auraient donc porté leurs effets. Un impact certes positif sur les Marocains, mais qu'en est-il des finances publiques qui les gèrent ? Le clignotant bloqué au rouge Les caisses de l'Etat continuent de s'enliser dans le déficit. En témoigne la loi de finances 2011 qui s'est soldée par un déficit budgétaire de 6,1% du PIB (lesechos.ma). Dans le détail, l'exécution favorable des recettes ordinaires n'aura finalement pas pu compenser le dépassement enregistré au niveau des dépenses de compensation. Ces dernières ont connu une hausse de 31,8 MMDH, en raison des cours internationaux des matières premières encore élevés, de la masse salariale qui coûte désormais 2,5 MMDH supplémentaires à l' Etat, et des dépenses d'investissements en hausse de 1,8 MMDH. Le déficit continue également avec les transactions extérieures des biens qui se soldent par un creusement de 37,1 MMDH en glissement annuel. En attendant, l'équilibre est relativement maintenu par des recettes fiscales qui fonctionnent normalement, se réalisant à hauteur de 103%, en liaison avec la réalisation de 106,6% des impôts indirects, de 101,7% des recettes des impôts directs, de 100% des prévisions, au titre des droits d'enregistrement et de timbre, et de 91,6% des droits de douane.