Finalement, le premier trimestre aura été bon pour l'économie nationale, enfin presque. Certes, les dernières données publiées par le ministère des Finances font ressortir un bon comportement des différents secteurs économiques sous l'impulsion de la demande étrangère adressée au Maroc. Cependant, le tableau est loin d'être complètement rose, en raison principalement de la situation des finances publiques. En effet, dans une année censée être celle de la rationalisation du budget, les dépenses ordinaires de l'Etat se voient renforcées de 13,8% au terme du premier trimestre, comparativement à la même période de l'année écoulée. L'explication que donne le ministère des Finances à cette hausse ne sort pas de ce qui est communément admis : la hausse de l'enveloppe de compensation plombe le budget. Celle-ci a atteint 11,2 MMDH, en progression de 82,6% en glissement annuel, sous l'effet de la flambée des cours internationaux des matières premières, particulièrement le pétrole. «Hors cette charge, les dépenses ordinaires n'ont progressé que de 2,3% et se sont exécutées à hauteur de 25,3% du budget fixé dans le cadre de la loi de finances» relativise le ministère de tutelle. Avec un taux de réalisation de 24,5% des prévisions, les dépenses de biens et services se sont inscrites en légère baisse de 0,3%, recouvrant une hausse des dépenses du personnel de 10,9% et une baisse de celles des autres biens et services de 17,3%, témoignant selon le département de Mezouar, de la réduction du train de vie de l'Etat. Du côté des dépenses du Trésor, les charges en intérêts de la dette se sont exécutées à hauteur de 30,6%. Elles ont augmenté de 18,9%, sous l'effet de la hausse de celles de la dette intérieure de 16,6% et de celles de la dette extérieure de 37,6%. Compte tenu d'un flux net extérieur positif de 840 MDH, le Trésor a en effet mobilisé 7 MMDH sur le marché intérieur, pour combler son besoin de financement. Taxes tous azimuts Dans ce contexte, le déficit budgétaire est ressorti à 6,3 MMDH, contre 5,2 MMDH au terme du premier trimestre 2010. Ceci s'explique essentiellement par le fait que l'évolution des recettes fiscales reste nettement plus modeste que celle des besoins de l'Etat. Cette situation est d'autant plus problématique, lorsqu'on sait que le royaume vient d'être classé par Price Waterhouse Coopers, comme le deuxième pays dans le monde dont le taux moyen d'impôt est le plus élevé (www.lesechos.ma). Le fait est que le poids de l'informel dans l'économie nationale plombe aujourd'hui plus que jamais les caisses de l'Etat. En attendant la concrétisation des mesures promises pour lutter contre ce fléau, les recettes fiscales affichent un montant de 45,4 MMDH au terme du premier trimestre, soit en hausse de 7,3% par rapport à leur niveau à fin mars 2010. Cette évolution découle essentiellement de la bonne performance des recettes des impôts directs, de celles de la TVA à l'importation, de celles de l'enregistrement et du timbre et de celles des TIC sur produits énergétiques, ce qui a largement compensé la baisse accusée au titre des recettes de la TVA intérieure et des droits de douane. En détail, les recettes des impôts directs ont atteint 21,9 MMDH, soit une hausse de 10,1% en glissement annuel, en lien essentiellement avec le raffermissement des recettes de l'IS de 14,5% suite à l'encaissement du montant du premier acompte (6,2 MMDH) et de la régularisation (6,3 MMDH). Les recettes de l'IS ont atteint, de ce fait, 14,7 MMDH au lieu de 12,8 MMDH un an auparavant. Parallèlement, les recettes générées au titre de l'IR ont progressé de 3,4%, passant à 6,8 MMDH, après les 6,6 milliards enregistrés en 2010.Les recettes des impôts indirects se sont de leur côté établies à 17,1 MMDH, en augmentation de 5,9% en glissement annuel. Cette performance est à mettre à l'actif de la bonne tenue des recettes de la TVA à l'importation, qui ont progressé de 15,2% pour totaliser un montant de 7,1 MMDH, traduisant une bonne tenue de la valeur des importations taxables. Les recettes de la TVA intérieure se sont quant à elles inscrites en baisse de 4,4%, en raison de l'accélération du rythme de remboursement de cet impôt et de la baisse du versement spontané de certains gros contribuables, lors du premier trimestre 2011.