L'Union européenne a décidé d'ouvrir dès mardi des négociations en vue de l'adhésion de l'Islande, mais redoute un camouflet similaire à ceux infligés dans le passé par les Suisses et les Norvégiens. La décision a été prise lundi lors d'une réunion des secrétaires d'Etat chargés des Affaires européennes à Bruxelles. Reykjavik espère rejoindre l'UE à l'horizon 2012. Il lui faudra toutefois obtenir l'assentiment des quelque 300.000 Islandais, qui seront consultés par référendum. Or les enquêtes montrent qu'une grande majorité d'entre-eux refuserait à présent l'adhésion à l'Union européenne. Cette perspective préoccupe les responsables européens. «Je n'ai pas tout à fait l'impression au niveau des sondages que les Islandais soient très favorables. C'est tout le problème», a souligné le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes, Pierre Lellouche. Les Européens ont encore en souvenir les deux «non» à l'adhésion infligés par les Norvégiens en 1972 et 1994 et le refus des Suisses d'intégrer l'Espace économique européen en 1992. L'Islande a déposé sa demande de candidature à l'UE le 16 juillet 2009 avec un intérêt affiché : adhérer à la zone euro pour bénéficier de son parapluie. Au plus fort de la crise économique et financière, l'idée de l'adhésion a d'abord paru convaincre les Islandais. Mais lorsqu'il s'est agi d'indemniser les épargnants britanniques et néerlandais victimes du naufrage de la banque islandaise Icesave, la population a refusé à 93,3% l'accord d'indemnisation. La décision a douché les pays de l'UE et nombre de gouvernements ne comprennent pas la volonté de la Commission européenne de forcer aujourd'hui la marche. Les négociations comportent 35 chapitres et elles s'annoncent problématiques sur la pêche et l'agriculture. L'Islande veut protéger ses zones de pêche de morue et continue à chasser la baleine, ce que l'UE interdit. Le problème de la banque Icesave constitue un autre écueil. Londres et La Haye ont pris provisoirement l'indemnisation de leurs citoyens concernés à leur charge, mais attendent d'être remboursés par l'Islande. «Il est clair que tant qu'un chapitre restera non résolu, il n'y aura pas d'accord», a prévenu à ce sujet le chef de la diplomatie belge Steven Vanackere, dont le pays assume la présidence semestrielle de l'UE. Si ces difficultés sont surmontées, l'île peut néanmoins espérer devenir le 29e Etat de l'Union européenne, après la Croatie, qui en principe doit être le prochain pays à rejoindre le bloc en 2011 ou début 2012. Les atouts de BP pour rebondir Jusqu'au bout, BP aura souhaité rester maître de son calendrier. Après un week-end de rumeurs concernant le départ imminent de son directeur général, Tony Hayward, le pétrolier britannique annonçait, lundi 26 juillet au matin, qu'aucune «décision définitive» n'avait encore été prise sur un changement de sa direction. Mais il ne fait pas de doute que les jours de son patron sont comptés.Certes, l'ex-British Petroleum sort très diminuée de la pire catastrophe écologique qu'aient connue les Etats-Unis. Pourtant, le successeur de Hayward hérite d'un groupe qui dispose de bien des atouts pour rebondir. Tout d'abord, la cession, le 21 juillet à son concurrent américain Apache, d'actifs aux Etats-Unis, au Canada et en Egypte pour 7 milliards de dollars (5,5 milliards d'euros) permet à BP de se rapprocher de son objectif de mettre de côté 10 milliards de dollars pour financer le fonds d'indemnisation des victimes. La vente en cours d'avoirs au Pakistan et au Vietnam devrait boucler l'opération. Ensuite, BP espère limiter le versement d'indemnités en poursuivant devant la justice les sous-traitants de la plate-forme ainsi que les autres actionnaires du projet, comme Anadarko et Mitsui, pour qu'ils prennent en charge une partie du fardeau des compensations. BP, de surcroît, a mis en place une stratégie de reconquête qui devrait rassurer les marchés et ses partenaires russes et proches-orientaux. Arrêt de la fuite et paiement des indemnités, stabilisation de la position financière par le truchement de vente d'avoirs, enquête interne sur les causes de l'accident et le fonctionnement de la société, opération de relations publiques visant à restaurer la réputation de la vénérable enseigne sont les principaux axes de la contre-attaque. Dans le cadre de ce plan, malgré la tragédie, le groupe entend mettre l'accent sur l'exploration-production en eaux profondes. BP veut tirer profit des hydrocarbures enfouis sous les eaux du golfe du Mexique, de l'Angola, du Brésil, de l'Azerbaïdjan ou de l'Afrique du Nord. Les hydrocarbures venus du fond des mers représentent actuellement un tiers de sa production annuelle, une proportion supérieure à celle de ses concurrents directs, Exxon Mobil et Shell. Dans les semaines qui viennent, BP doit lancer les travaux d'exploration en Libye en vertu d'un accord signé par les gouvernements de Tripoli et de Londres en 2007. Enfin, la visite récente à Washington du premier ministre britannique, David Cameron, a permis d'assainir les relations empoisonnées par la marée noire entre la Maison Blanche et BP.