La Grèce en grève. Rime pauvre. Lavenir lest aussi. Pendant que le Premier ministre Papandréou court les capitales à la recherche de soutien, ses concitoyens battent le pavé. Ceux qui sont restés chez eux font de la résistance passive. Tout un pays rechigne à la cure daustérité quimpose la crise. Comme sil nétait pas menacé par la banqueroute. Comme sil navait pas maquillé ses comptes pendant des années, avec instructions directes donnés par les ministères concernés à lInstitut national des statistiques et à sa propre Cour des comptes En Espagne, José Luis Rodriguez Zapatero lui aussi résiste aux évidences et nie la débacle qui menace. Il jure quil ny a pas lieu de débattre de la solvabilité du pays et que la situation financière est solide. Il affirme que le déficit public sera ramené de 13 à 3% du PIB en 3 ans. Cest un pari impossible, avec une croissance molle ou négative. Les spéculateurs le savent et en jouent. Les Espagnols pressentent que les impôts vont encore augmenter et quaprès avoir repoussé lâge de la retraite, il va falloir amputer les pensions. Jamais avant la création de leuro, on navait vu un pays en difficulté ordonner des mesures économiques aussi draconiennes, sans accompagner cette purge dune dévaluation. Quatre millions de chômeurs déjà dans la péninsule et lombre de la récession. Avec le risque quelle gagne le reste de la zone euro Lautre contagion qui menace, cest lislandaise. Par référendum et avec un score digne des consultations en Irak au temps de Saddam Hussein, les Islandais ont rejeté Icecave, laccord organisant le remboursement des 4 milliards prêtés à Reykjavik par Londres et La Haye pour indemniser les victimes de la faillite dune banque sur internet, elle-même provoquée par le krach de Wall street. Laccord impliquait que chaque citoyen, nourrisson et retraité compris, verse 99 euros par mois pendant 8 ans... Qui accepterait de payer si cher pour une faute quil na pas commise ? Le résultat du référendum était couru davance ! La réaction des gouvernements alentour lest beaucoup moins. Les Britanniques qui exigeaient jusqualors un remboursement immédiat ont été aussitôt refroidis. Londres se dit soudain prête à négocier. Bruxelles qui examine la candidature islandaise à lUnion européenne se met à mouliner des phrases rassurantes, à distribuer sédatifs et anxyolytiques : «laffaire Icecave et ladhésion sont deux dossiers distincts, deux processus séparé». La Commission fait semblant dignorer que les Pays-Bas ont juré avant le référendum de mettre leur véto à ladhésion des Islandais tant quils nauront pas remboursé ce quils doivent, menace dautant plus crédible que les élections approchent, quelles sannoncent mal et que la dette islandaise devient déjà un sujet de campagne. Limportant est de rassurer. Déviter que lIslande ne devienne le symbole du refus de la rigueur. Quelle serve dexemple à des opinions publiques tentées par le radicalisme. Que la révolte de la classe moyenne du grand nord, gagne les pays du sud de lEurope. La Grèce aujourdhui. LEspagne demain. De quoi expliquer quen rentrant de Grenade où sest tenu le sommet Union Européenne-Maroc et faisant escale à Paris où il participe à une conférence sur le nucléaire civil, José Manuel Barroso passe tout un dîner à ne parler que de gouvernance économique ! Le président de la Commission européenne a beau jeu dexpliquer que sil ny en a pas davantage dans la zone euro, la responsabilité en revient à lAllemagne qui la rejetée par dogmatisme et à la France, jalouse de sa souveraineté. Cest donc un peu leur faute si les spéculateurs font aujourdhui campagne contre la dette souveraine des pays de la zone en difficulté. Lidée dun Fonds monétaire européen napporte aucune solution immédiate à la faillite qui menace. Sa mise en place exigerait un nouveau toilettage du traité de Lisbonne, autant dire un casse-tête insoluble puisquil faudrait de nouveau affronter les référendums à risques aux Pays-Bas ou en Irlande La crise que traverse leuro peut être mortelle, mais le président de la Commission ny voit que loccasion dobtenir toujours plus dintégration.