69% des 624 internautes qui ont répondu à notre sondage hebdomadaire online, se sont déclarés satisfaits de la trajectoire actuelle du déficit budgétaire. À contrario, 31% des sondés ne sont pas satisfaits d'une telle trajectoire. Ainsi, ceux qui sont satisfaits se rappellent du niveau de 7,3% en 2012 qui a été ramené à 3,5% en 2017 au gré d'une orthodoxie budgétaire qui s'est notamment traduite par la réduction drastique des dépenses de la compensation, la hausse des recettes fiscales et la modération des dépenses en biens et services. À titre d'exemple, pour les 11 premiers mois de 2017, le déficit s'est amélioré de 8 MMDH grâce à une hausse du solde ordinaire de 6,1 MMDH ainsi qu'une progression du solde des comptes spéciaux du Trésor de 3,6 MMDH en sus d'une augmentation modérée des investissements de 1,7 MMDH. Cette hausse du solde ordinaire a été principalement liée à l'IS dont le produit a progressé de 13,6% ou de 4,9 MMDH quand le produit de la TVA a augmenté de 7,1% ou de 3,4 MMDH. Aussi, la modération des dépenses de biens et services de l'Etat a permis de contenir la hausse à 288 MDH. Par ailleurs, l'autre motif de satisfaction est lié à l'ajustement budgétaire qui devrait se poursuivre avec un déficit budgétaire autour de 3% du PIB en 2018 et 2019. De même, l'objectif des autorités qui est appuyé par le FMI est de ramener le niveau de la dette publique à 60% du PIB d'ici à 2021, contre 64,3% en 2017. De l'autre côté, rappelons qu'en novembre, 71% des 693 internautes qui avaient répondu au sondage online de Flm avaient estimé qu'il faut stimuler l'économie par une relance de la demande. En effet, ceux qui n'apprécient pas la trajectoire actuelle du déficit budgétaire, le sont vraisemblablement en opposition à la politique de l'offre qui va jusqu'à subventionner les producteurs. Pour ce faire, une orthodoxie budgétaire est imposée aux finances publiques avec une hausse de la pression fiscale sur les particuliers ainsi que la hausse des économies budgétaires dans la fonction publique ou dans les secteurs sociaux. En particulier, la modération des dépenses et des investissements publics en plus de la hausse de la pression fiscale, sont contre-cycliques quand l'économie n'arrive pas à dégager un taux de croissance hors-agriculture de 4% avec un taux de chômage moyen de plus de 10% dont près de 15% en milieu urbain. En effet, la majorité des économies qui ont émergé ont pu le faire grâce à une politique plus accommodante au niveau budgétaire et monétaire. Ce n'est qu'après l'atteinte d'un niveau de croissance satisfaisant que la surchauffe a été gérée notamment grâce à l'aisance permise par les recettes fiscales de l'essor économique. De l'autre côté, certains peuvent juger l'embellie budgétaire actuelle comme étant fragile vu sa dépendance à la performance des grandes sociétés et des dons des pays du Conseil de coopération du Golfe (8,1 MMDH en 2017). Ainsi, l'effort budgétaire futur ne peut passer que par de nouvelles coupes dans les dépenses de compensation ou dans la poursuite de la modération des recrutements dans la fonction publique. Farid Mezouar DG de FL Market Faut-il se satisfaire du déficit budgétaire actuel ? Globalement oui car la maîtrise du déficit budgétaire permet une rationalisation des dépenses du service de la dette et un meilleur pouvoir de négociation du Trésor avec les créanciers locaux et internationaux. D'ailleurs, si l'Etat lève facilement en direct et en indirect des sommes significatives à l'international, il le doit à cette politique assumée d'orthodoxie budgétaire. Comment concilier le désendettement avec la croissance ? Pour une baisse rapide de la dette publique, nous pouvons penser aux privatisations surtout que l'exemple de Marsa Maroc a montré que l'Etat peut garder le contrôle des entreprises stratégiques tout en engrangeant des recettes budgétaires via la cotation en Bourse et/ou la cession de participations à des institutionnels. Quant au déficit budgétaire, la soutenabilité de la baisse passe par la rationalisation des dépenses publiques et la meilleure efficacité des investissements.