Le déficit public s'aggrave encore. À fin septembre 2012, il atteint 31 MMDH contre 9 MMDH une année plus tôt. Une tendance qui laisse apparaître, selon le dernier bulletin des statistiques des finances publiques, une détérioration du solde ordinaire, lequel ressort négatif de 4,9 MMDH après avoir fait état d'un excédent de 16,4 MMDH à fin septembre 2011. Une situation qui devient de plus en plus inquiétante pour cause de dépenses ordinaires, qui ont grimpé de 20,7% alors que les recettes ordinaires n'ont progressé que de 3,9% sur la même période. Plus en détail, la hausse des dépenses ordinaires s'explique essentiellement par l'augmentation des charges de compensation de 52,9%, des salaires de 12,8%, des dépenses des autres biens et services de 11,9% et des charges en intérêts de la dette de 8%. Quant à la progression des recettes ordinaires, elle tient principalement à l'appréciation des recettes fiscales de 5,5%, conjuguée au recul des recettes non fiscales de 6%, d'une année sur l'autre, en raison essentiellement de la hausse des recettes de monopole et de la réalisation en 2012 d'une recette de privatisation de 3,3 MMDH contre 5,3 MMDH un an auparavant. Par ailleurs, l'évolution de la structure des dépenses du budget général entre septembre 2011 et septembre 2012 fait ressortir une augmentation de la part de la compensation au détriment des autres dépenses (investissement, personnel, matériel et intérêts de la dette). Une situation qui devient de plus en plus insoutenable et que le gouvernement a promis de gérer progressivement à partir de l'année 2013, lequel s'engage à réduire le déficit budgétaire en mobilisant des recettes supplémentaires, à travers une meilleure participation des établissements publics à l'effort budgétaire, une meilleure valorisation des domaines publics et des mesures permettant une stabilisation des ressources fiscales et non fiscales au niveau de l'Etat. Ceci, tout en soutenant la croissance et en maintenant l'effort public en matière d'investissement, ainsi que l'effort de rationalisation des dépenses de fonctionnement, à travers la réduction du train de vie de l'Etat. La réforme de la Caisse de compensation, elle, ne peut plus attendre. L'enveloppe de cette dépense, qui s'est hissée à fin septembre 2012 à 49,36 MMDH (soit un taux d'exécution de 93%) contre 27,5 MMDH une année auparavant est à contenir d'urgence. Il va falloir s'inscrire rapidement dans une logique de ciblage des populations démunies. Pour ce faire, il est primordial de s'inspirer du Benchmarking international en la matière, telles que les expériences de l'Iran, du Brésil, du Mexique, ... Les points communs de ce Benchmarking sont : un meilleur ciblage, un bon paramétrage de la structure des prix des produits subventionnés et surtout un plan de communication et de gestion de la transition. Sur un autre registre, et compte tenu d'un besoin de financement de 38,9 MMDH et d'un flux net négatif du financement extérieur de 2,4 MMDH, le Trésor a eu recours au financement intérieur pour un montant de 41,3 MMDH, lequel résulte notamment du recours net au marché des adjudications pour 34,8 MMDH et de la hausse des dépôts au Trésor pour 2,5 MMDH. S'y ajoute la reconstitution des disponibilités du Trésor auprès de Bank Al-Maghrib pour 2,3 MMDH. D'ailleurs, durant le mois de septembre 2012, le Trésor a eu recours au marché interbancaire pour 7 MMDH. Sous-liquidité de l'économie Rappelons dans ce sillage la problématique de sous-liquidité qui pèse sur l'activité économique. Or, pour asseoir les jalons d'une croissance soutenue, la liquidité devra être suffisante pour permettre aux banques d'accorder des crédits, de financer des investissements et de soutenir les entreprises en difficulté au niveau de leur trésorerie. Certes, Bank Al-Maghrib avait déjà pris un certain nombre de mesures pour faire face à ce problème de liquidité, en apportant un soutien aux banques de plus de 70 MMDH durant les 9 derniers mois. Toutefois, ce n'est pas suffisant. La résorption de la problématique du déficit chronique de la balance des paiements et de la balance commerciale devrait être l'une des priorités du gouvernement, qui a d'ailleurs promis de s'attaquer aux déséquilibres macro-économiques à partir de 2013.