Changer la donne en remettant le pouvoir entre les mains des actionnaires, pas que majoritaires est la question qu'a posé Flm à ses internautes. Résultat du décompte : seulement 52%, soit à peine 2 points au dessus de la moitié, sont favorables à une extension de la démocratie participative au domaine économique. 52% des 653 internautes qui ont répondu au sondage online de Flm, sont favorables à l'extension de la démocratie participative au domaine économique. A contrario, 48% y sont opposés. En effet, la démocratie participative qui stipule que les décisions sont prises selon une approche Bottom Up (allant du bas vers le haut), en écoutant la base avant de synthétiser ses suggestions et de les transformer en lois ou programmes serait nécessaire dans le domaine boursier. D'autant plus que la base disposerait d'un pouvoir de remise en question de certaines décisions prises par le haut. L'application de la démocratie participative dans le domaine boursier serait ainsi importante grâce à son impact sur la gouvernance et l'apaisement des relations entre les petits porteurs et les actionnaires stratégiques. En matière économique, si le gouvernement se basait sur les résultats de l'enquête nationale sur la perception par les ménages de quelques cibles des principaux objectifs de développement durable (ODD), le programme économique serait basé prioritairement sur la lutte contre le chômage, le soutien actif aux pauvres et la réforme de l'administration. Dans le même sillage, pour certains projets importants comme une mine, un tram, un aéroport ou une usine polluante, une consultation préalable des riverains peut s'avérer nécessaire pour la cohésion de la stratégie économique locale ainsi que la paix sociale. En Bourse, comme souvent, une action donne droit à une voix, ceci permet aux actionnaires ou aux prospects sollicités de s'exprimer d'abord sur le marché primaire et sur le marché secondaire. Aussi, en participant aux AG et aux AGE, les actionnaires peuvent tenter d'influencer la stratégie des sociétés, les cas les plus extrêmes étant ceux des fonds activistes. Ainsi, la démocratie participative boursière paraît efficace comme le montre l'exemple de l'OPV des ciments d'Ain El Kebira à Alger. Celle-ci a, en effet, été rejetée avec 5% de taux de souscription à l'OPV, ce qui a fait capoter l'opération. Dans ce cas, si la démocratie participative avait été actée, les prospects auraient été consultés au préalable, livrant leur diagnostic sur l'opération. Aussi, sur le marché secondaire, le meilleur moyen pour sanctionner un émetteur est de vendre son titre en Bourse, ce qui va l'amener à s'expliquer devant les actionnaires et la communauté financière comme l'ont déjà fait de grands groupes au Maroc. Ceci est d'autant plus nécessaire au Maroc, qu'en 2013, une étude du CDVM (l'actuelle AMMC) avait montré que seules 60% des sociétés estiment que leur conseil d'administration est tout à fait en mesure de recruter, suivre la performance et la rémunération et d'organiser la succession ou le remplacement des principaux dirigeants. Par ailleurs, une part de 4% des sociétés déclarait que les pactes d'actionnaires permettant d'établir un bloc de contrôle, étaient connus par les actionnaires minoritaires. De même, seul un pourcentage de 7% des sociétés cotées permet le vote par correspondance. D'ailleurs, à l'international, les fonds activistes jouent le rôle de catalyseur en coalisant les actionnaires pour influencer les stratégies des entreprises cibles voire d'acter un changement de dirigeants. C'est quasiment le pendant du référendum révocatoire de la démocratie participative. Farid Mezouar DG de FL Market Les Inspirations ECO : Quel est l'intérêt pour la démocratie participative en Bourse ? Farid Mezouar : Pour les sociétés cotées en Bourse, l'idéal serait que le cours en Bourse reflète le plus possible les fondamentaux de l'entreprise. Pour ce faire, les actionnaires minoritaires et/ou non représentés au conseil d'administration, doivent être correctement informés et/ou donner aux dirigeants le feed-back des attentes du marché. Ceci passe notamment par des AG plus ouvertes sur le mode des meetings participatifs en politique. Que sont les fonds activistes ? Ce sont des fonds qui exploitent les opportunités offertes par des sociétés dont le cours en Bourse n'exprime pas tout son potentiel, notamment, car les dirigeants n'écoutent pas la Vox Populi des actionnaires. Ainsi, en coalisant les actionnaires minoritaires, ces fonds pèsent lors des AG sur les dirigeants et finissent par imposer leurs vues. C'est l'exemple de Carl Icahn dont la posture activiste lui a permis de devenir l'une des plus grosses fortunes des Etats-Unis. Il a notamment fait plier EBay qui s'est scindée de PayPal ou Apple, augmentant ainsi le retour de cash aux actionnaires.