Adopter une approche sectorielle pour la stratégie menée par la Bourse casablancaise est jugé non nécessaire par les internautes sondés par Flm pour le compte des «Inspirations Eco». À la question de savoir si la Bourse de Casablanca devrait disposer d'une stratégie sectorielle, seuls 18% des 532 internautes ayant répondu à Flm ont estimé que la Bourse en a effectivement besoin. À l'opposé, 82% ont répondu par la négative. Ces réponses peuvent être interprétées de deux manières. La première est liée à la vision de certains observateurs considérant la Bourse comme un club privé de personnes fortunées et non un véritable outil de levée de capitaux pour le financement de l'économie. Ainsi, la Bourse suscite peu d'intérêt auprès des fonctionnaires et des salariés du public, qui n'ont représenté que, respectivement, 2,75% et 4,94% des souscripteurs de l'OPV concernant Marsa Maroc. L'autre interprétation est relative au fait que ce plan a déjà été réalisé. En effet, la Chambre des conseillers a voté en août le projet de loi sur la Bourse. Parmi les principales nouveautés de ce projet figurent la création de nouveaux compartiments en Bourse ainsi que la mise en place de la profession de conseiller en investissement. Les prochaines étapes concernant cette loi seront la publication au Bulletin officiel ainsi que la promulgation des décrets d'application. Aussi, l'année 2015 a connu des nouveautés réglementaires et législatives avec l'adoption de nouvelles lois comme celle des organismes de placement collectif en immobilier (OPCI) ou celle du marché à terme d'instruments financiers. De même, en interne, 2015 et 2016 ont été riches en événements pour la Bourse de Casablanca. En effet, celle-ci a poursuivi et achevé la mise en œuvre du projet de déploiement d'une nouvelle plateforme de négociation, de cotation et de surveillance. Cette dernière a été acquise auprès de Millennium IT, filiale du partenaire stratégique de la Bourse de Casablanca, par le London Stock Exchange Group (LSEG). Aussi, en novembre 2015, le processus de démutualisation de la Bourse de Casablanca a été entamé puis clôturé en juin 2016. À cette date, le capital social de la Bourse de Casablanca s'établissait à 387,5 MDH. Celui-ci est détenu à 39% par les banques, à 25% par la CDG, à 20% par les SDB indépendantes, à 11% par les compagnies d'assurance et à 5% par le CFC. Aussi, un nouveau Conseil d'administration a été mis en place et est désormais présidé par Hamid Tawfiki, DG de CDG Capital. Toutefois, malgré ces réalisations, le compte n'y est pas encore car le Maroc est toujours maintenu dans la catégorie des Frontier Markets. En effet, le volume global, tous marchés confondus, n'a atteint que 52 MMDH en 2015 contre 50 MMDH en 2014 et 103 MMDH en 2011. Aussi, le volume du marché central a été de 2,9 milliards de dollars au Maroc en 2015 contre 3,6 milliards de dollars à Amman et carrément 15,2 milliards de dollars en Egypte. Par ailleurs, la profondeur du marché est encore faible avec seulement 76 sociétés cotées, un chiffre quasiment stable depuis 5 ans. La Tunisie compte aussi 76 titres cotés, tandis que l'Egypte enregistre 183 sociétés cotées. De même, l'engouement pour les offres publiques de vente (OPV) n'est plus visible, comme en témoignent les 16.078 personnes physiques ayant souscrit à l'OPV de Marsa Maroc, quand Maroc Telecom en avait accueilli 129.671. Farid Mezouar DG de FL Market Les Inspirations ECO : Quel est l'intérêt d'un plan sectoriel pour la Bourse ? Farid Mezouar : Cela pourrait être la coordination des différentes initiatives et stratégies pour faire de la Bourse de Casablanca un marché boursier émergent, pilier d'une industrie marocaine de la finance des marchés. En effet, les efforts de la Bourse, de l'AMMC, du CFC, des institutionnels, de l'APSB et de l'ASFIM méritent d'être coordonnés pour aller dans le même sens. Pouvez-vous nous citer des pistes de réformes ? Personnellement, je pense à la suppression du marché de blocs duquel les petits porteurs sont exclus. Il peut être remplacé par un système dérogatoire, permettant de sécuriser uniquement les transactions réellement stratégiques. Aussi, nous pouvons réformer les programmes de rachat actuels pour les transformer en véritables contrats de liquidité avec un volume minimal quotidien assuré à l'achat ou à la vente. Enfin, l'urgence est de mettre le paquet pour relancer la présence des investisseurs étrangers. En outre, l'amélioration de la liquidité passe notamment par l'institutionnalisation de road-shows réguliers dans les places qui comptent, à l'instar de Londres, de Dubaï, de New-York ou du Luxembourg. l