Seulement 26% des 497 internautes ayant répondu à la question hebdomadaire de Flm sont favorables à la création d'un Fonds souverain marocain. Au même moment, 74% y sont opposés. La question est revenue dans l'actualité après l'annonce par l'Arabie saoudite de la création d'un fonds souverain d'une taille de 2.000 milliards de dollars à terme, surpassant les 800 milliards de dollars de Norges Bank ou des tailles quasi-similaires pour ADIA (Abu Dhabi) ou QIA (Qatar). En effet, ces pays qui génèrent l'essentiel des ressources fiscales grâce aux matières premières, constituent une sorte d'épargne placée sur les marchés financiers, dans l'optique d'y puiser par temps durs. Un terrain qui n'est pas vierge Un sondage online de Flm réalisé exclusivement pour les Inspirations ECO révèle que seulement 26% des 497 internautes ayant répondu à la question hebdomadaire de Flm, sont favorables à la création d'un fonds souverain marocain, tandis que 74% y sont opposés. Pourtant, au Maroc, philosophiquement, le Fond Hassan II pour le développement économique et social, se rapproche davantage des fonds souverains que l'institution de la CDG. Créé dans la foulée de la vente de la deuxième licence mobile au consortium mené par Telefonica, le fonds s'est vu doter de la moitié des ressources de privatisations. Toutefois, il n'investit pas dans les marchés financiers mais octroie aux projets d'investissement dans certains secteurs industriels des aides financières. Aussi, il participe à la recapitalisation de certaines entreprises publiques comme le montre la détention de 44% de RAM ou de 45% d'ADM. Dans le même registre, Wessal Capital ressemble aussi à un fonds souverain même s'il a mis le focus uniquement sur le tourisme. En effet, Wessal se veut un levier d'investissements de nouvelle génération, réparti à parts égales entre les Etats investisseurs. Ainsi, les Emirats arabes unis sont présents via Aabar Investments PJS, le Koweit est représenté par Al Ajial Investment Fund Holding, le Qatar participe via Qatar Holding LLC et le royaume du Maroc est représenté par le Fonds marocain de développement touristique (FMDT). Par ailleurs, l'Arabie saoudite s'est jointe à l'initiative via son fonds souverain : Public Investment Fund pour porter l'enveloppe globale d'investissements en fonds propres à 3,4 milliards de dollars. Aussi, historiquement, le Maroc a développé des holdings publiques comme l'ODI ou la SNI qui ont détenu des participations dans plusieurs sociétés cotées ou non. De même, la CDG est davantage un organisme de sécurisation de l'épargne nationale (Caisse d'épargne, CNSS, retraites de la RCAR.) même si son spectre d'intervention est très large. Bien peser le pour et le contre C'est ainsi que les partisans de la formalisation d'un fonds souverain, préfèrent peut-être capitaliser sur les expériences pour les fédérer et faciliter le suivi de la performance financière. De même, le portefeuille de participations publiques pourrait être géré, de manière dynamique, notamment au niveau de l'ouverture du capital ou de la réalisation de nouveaux investissements. Aussi, c'est un coussin de sécurité pour les finances publiques avec la possibilité de programmer les dividendes ou la remontée de produits de cession. Les opposants à la création d'un fonds souverain, préfèrent probablement un modèle à la française avec des entreprises publiques importantes et indépendantes les unes des autres. Aussi, en évitant une logique de marché, les fonds existants ou les sociétés publiques peuvent davantage se concentrer sur la mission de service public et/ou de soutien à l'économie nationale. Farid Mezouar Directeur général de FL Markets. Les Inspirations ECO : Quelle faisabilité pour un fonds souverain marocain ? Farid Mezouar : Un fonds souverain marocain pourrait être crédité au départ en nature par certaines participations publiques intéressantes (OCP, Maroc Telecom, Tanger Med, Marsa Maroc...). Par la suite, ce fonds pourra lever des capitaux propres auprès des institutionnels publics ou assimilés (CDG, RCAR, BCP, CMR, CIMR...). Aussi, une quote-part pourra être réservée aux institutions privées. De même, ce fonds pourra fusionner avec le Fonds Hassan II voire avec le FMDT. Enfin, ce fonds pourra faire jouer l'effet de levier, en levant de la dette au niveau national ou international. Quel en serait l'apport ? Un tel fonds pourrait accompagner les stratégies sectorielles publiques, notamment en rentrant dans le capital de certains fleurons internationaux. Récemment des opportunités ont existé par exemple à Euronews, Peugeot, Club Med, Alstom ou Fagor. Une telle prise de participation permettrait l'accès à un savoir-faire, tout en associant ces sociétés aux projets sectoriels en cours. Un tel fonds harmoniserait aussi la gestion des participations publiques.