Un sondage online de Flm réalisé exclusivement pour Les Inspirations ECO fait ressortir qu'une majorité d'internautes sont favorables à la cotation des grandes entreprises publiques. 70% des 568 internautes ayant répondu à la question de Flm sont favorables à la cotation des grandes entreprises publiques. Toutefois, 88% des 504 internautes qui ont répondu à une question complémentaire ne sont pas prêts à être actionnaires d'une entreprise publique. Pour tenter de comprendre ces chiffres, il faut rappeler que depuis la radiation de la CGI, la Bourse ne compte plus qu'une seule entreprise publique cotée avec le CIH. Ainsi, les petits porteurs et les institutionnels sont favorables à la cotation de sociétés publiques car c'est tout d'abord une opportunité de diversification vu que certains secteurs sont dominés par l'Etat. C'est le cas par exemple du transport aérien ou du domaine portuaire. Par ailleurs, la privatisation par voie de Bourse créerait une dynamique boursière pouvant relancer le marché sur des bases solides, notamment en termes de liquidité et de diversification. Une cotation profitable Toutefois, la méfiance envers l'achat de titres d'une société publique est probablement liée à l'épisode de la radiation de la CGI et du changement de sa vocation en cours de route. Aussi, les investisseurs ont peur d'une confusion entre l'intérêt public pouvant s'opposer à la recherche de maximisation des profits. Du côté de l'Etat, c'est la même hésitation qui semble prévaloir comme le montre le cas de Marsa Maroc, qui se fait attendre quand des rendez-vous ont été ratés avec plusieurs privatisations n'englobant pas la cotation (ex : SMT). Pourtant, pour l'Etat, la cotation en Bourse de sociétés publiques est doublement gagnante. Tout d'abord, c'est une source de recettes sans perte de contrôle ou d'influence. Dans le même sillage, cette ouverture du capital permet de financer par le marché certains projets de développement. Ensuite, la cotation en Bourse permet aux pouvoirs publics de juger rapidement la gouvernance d'un établissement ainsi que sa santé financière. En effet, un simple coup d'œil sur l'évolution de la capitalisation boursière renseigne sur l'état de forme de la société publique. De plus, les managers seront soumis au quotidien au jugement de la communauté financière avec une obligation de communication à une fréquence régulière. Farid Mezouar Directeur de FL Markets Les ECO : Quel est le schéma idéal pour la cotation des entreprises publiques ? Farid Mezouar : Pour les entreprises profitables comme l'OCP ou l'ONDA, le plus simple est de coter directement 20% à 30% du capital. Pour celles qui sont déficitaires, une ingénierie financière peut s'opérer avec un plan de désendettement par voie de Bourse, combiné à la filialisation des segments rentables. À titre d'exemple, ADM peut très bien coter le tronçon Casablanca-Rabat et utiliser le produit de cession pour se désendetter. Comment vaincre l'hésitation des investisseurs ? L'Etat peut très bien moderniser la gouvernance des entreprises publiques, en nommant des administrateurs indépendants. Aussi, l'Etat-actionnaire peut donner l'exemple en termes de communication financière, comme le fait déjà l'OCP avec des comptes IFRS et une publication trimestrielle combinée à des conférences téléphoniques. Enfin, c'est la combinaison prix d'introduction/perspectives financières qui finira par vaincre l'hésitation des investisseurs.