Dans un sondage online exclusif de Flm pour Les ECO, il ressort que 2016 ne sera pas l'année de la reprise pour la Bourse de Casablanca. Le manque de confiance dans le marché boursier marocain bat son plein. 66% des 675 internautes qui ont répondu à la question de Flm pensent que la Bourse ne va pas reprendre en 2016. Ce sentiment semble plutôt traduire le bon sens de la communauté financière échaudée par la sixième année sur huit de baisse du marché des actions. En particulier, depuis le pic du 10 mars, l'indice de toutes les valeurs de la Bourse de Casablanca, le MASI a perdu plus de 15%. Aussi, le marché a perdu près de 30% de sa valeur en 2008. Les raisons de ce pessimisme En effet, la masse bénéficiaire des sociétés cotées a affiché au premier semestre 2015 un recul de 5,3% (hors Samir) qui ponctue trois derniers exercices plutôt mauvais où la masse bénéficiaire 2014 a reculé de 12,5% quand celle de 2013 était en recul de 4% et que celle de 2012 avait chuté de 10,3%. Cet état des bénéfices nous rappelle l'efficience de la Bourse marocaine car à quelques exceptions près, souvent la Bourse a évolué dans le sens d'une variation des bénéfices. Par ailleurs, les affaires extra-boursières et les défauts de paiement se sont multipliés. Rappelons à titre d'exemple que la Samir entame son sixième mois de suspension tout en ayant une activité industrielle à l'arrêt et des créanciers avides de saisies. Cet incident survient quasiment un an après l'épisode de la CGI suspendue pendant 7 mois et radiée de la cote. Pour ne rien arranger, Alliances et Samir sont techniquement dans le défaut obligataire. Enfin, selon Bank Al-Maghrib, une faible croissance économique est attendue en 2016 avec un niveau de 2,1% dont seulement 2,7% pour la composante non agricole. Aussi, la contraction de la valeur ajoutée agricole de 4,3% devrait peser sur le secteur agroalimentaire ainsi que les sociétés de biens de grande consommation. Au passage, une mauvaise année agricole pèse aussi sur le moral des ménages et des investisseurs. Les étrangers, déterminants Un dernier point est à évoquer, en relation avec la désaffection des investisseurs étrangers qui ont plutôt boudé le marché marocain depuis sa sortie de la catégorie des marchés émergents. Ainsi, sur les 9 premiers mois de 2015, la position nette des institutionnels étrangers en Bourse a été de -197MDH. En effet, les achats ont baissé de 11% à 2.874MDH quand les ventes ont progressé de 39% à 3.071MDH. Par leur mode d'achat souvent agressif, ce sont souvent les investisseurs étrangers qui ont marqué les reprises importantes du marché boursier. Farid Mezouar Directeur de FL Markets Les ECO : Les internautes ont-ils raison d'être pessimistes pour 2016 ? Farid Mezouar : Globalement oui, car pour les prévisions 2016, les choses ne s'annoncent pas sous le meilleur angle à cause de la faible croissance économique attendue de 2,1%, de la persistance des éléments structurels négatifs connus (faible liquidité, déclassement du MSCI, ...) et de la non-résolution des affaires extra-boursières. Comment relancer la Bourse ? Les émetteurs doivent communiquer davantage en indiquant des perspectives chiffrées réalistes et ne pas se contenter des campagnes de communication juste au moment des levées de fonds. De son côté, la Bourse doit communiquer un calendrier plus précis des réformes annoncées. Enfin, la réforme des retraites pourrait être l'occasion de donner un stimulus fiscal à ceux qui mettent leur épargne en Bourse. Qu'en est-il des alternatives actuelles à l'investissement en actions cotées ? Probablement, la meilleure alternative est le marché des actions lui-même avec une stratégie de stock-picking et non d'indexation globale sur le marché.