Les gains engendrés en début d'année sont quasiment partis en fumée après un deuxième trimestre bien morose (-3,07% pour le MASI). Entre effet saisonnier, annonces sur la croissance et non réalisation de certains évènements attendus en début d'année, la frustration semble justifiée. La fête est finie ? Car depuis trois mois, le marché s'est beaucoup calmé tout en perdant du terrain. Ce ne sont pas des prises de bénéfices fermes qui ont provoqué cette situation, mais plutôt une dérive due à un manque de profondeur. En d'autres termes, les investisseurs s'observaient. Résultat : après un pic annuel autour de 5% lors du premier trimestre de l'année, le deuxième a fait perdre au marché 3,07%, dont 2,82% uniquement pendant le mois de juin. D'un point de vue global, les explications ne manquent pas. Pour Farid Mezouar, analyste à FL Markets, «aucun des éléments positifs ou des catalyseurs attendus en début d'année ne s'est produit. En effet, le parcours timide de JLEC n'a pas donné à cette OPV l'effet d'entraînement habituel (réinvestissement des plus-values). L'OPA sur Maroc Telecom n'a pas été autorisée, ce qui a privé le marché d'injection de cash. Enfin, les investissements du MSCI FM ne se bousculent pas au portillon». Par ailleurs, un autre facteur semble également crédible étant donné que sa survenance a coincidé avec le mois d'avril où la baisse a commencé à s'accélerer. Il s'agit de la baisse de la masse bénéficiaire des sociétés. Toujours selon Mezouar, «La masse bénéficiaire globale 2013 non retraitée a été en baisse de 4%. Même si les retraitements donnent une hausse des bénéfices de 2%, les investisseurs semblent avoir retenu uniquement le critère des bénéfices bruts. C'est ainsi que le MASI s'est quasiment ajusté du niveau du recul des bénéfices». A noter que le marché s'est légèrement redressé depuis, sans toutefois convaincre». Il faut également souligner que le compartiment des actions manque encore d'attractivité par rapport aux autres compartiments. «Le bon comportement du marché obligataire, avec une baisse des taux qui a dépassé les 100 points de base pour certaines maturités, tourne à son avantage. Cette baisse a abouti à une performance de l'indice des OPCVM obligataires MT qui dépasse les 6% depuis le premier janvier. D'où une collecte de près de 760 MDH pour l'obligataire moyen long terme contre 20 MDH pour l'action. De plus, au-delà du passage à l'acte, l'effet psychologique des rendements historiques n'encourage pas les commerciaux des banques d'affaires à vendre le compartiment actions». D'autres raisons évoquées sont plus d'ordre réglementaire. «Depuis plus de deux ans, le marché attend sans résultat la loi sur le prêt emprunt de titres, la transformation du CDVM en AMMC et la réforme du statut de la Bourse. A chaque session parlementaire, la réforme est promise pour celle d'après. Or, c'est bien connu, l'argent est peureux et n'aime pas l'incertitude. Personne n'investira massivement, en l'absence d'un cadre clair et limpide». A l'heure où nous mettions sous presse, la Bourse de Casablanca publiait ses premiers avis relatifs aux prêts de titres. Simple coïncidence ? Le marché a grimpé de plus de 1% la même séance. Notre source rajoute que «nous pensons toujours qu'une relance de la Bourse passe par un conclave des professionnels. Un tel conclave peut aboutir à une proposition de contrat-programme avec les pouvoirs publics. Ces derniers pourront être plus attentifs aux doléances du marché, vu la forte volonté de faire émerger le CFC. Surtout que ce dernier ne peut émerger indépendamment d'une Bourse forte, structurée et attractive». Tous ces facteurs voient leurs effets aggravés par la période estivale et la baisse de profondeur qui en résulte. Aussi, les anticipations de croissance dévoilées depuis quelques semaines ne tournent absolument pas à l'avantage des actions. Les volumes baissent toujours Le volume global, durant ce trimestre, a atteint 11 Mds de dirhams, en baisse de 21% par rapport au premier trimestre de l'année qui lui aussi était en baisse de 30% par rapport au quatrième trimestre 2012. Sur le marché central, les volumes n'ont pas dépassé 4,3 Mds de dirhams, alors qu'ils étaient de 5,3 Mds de dirhams le trimestre passé et de 11 Mds de dirhams en T4 2012, soit une baisse de 61% sur un semestre. Si une partie de ce décalage est due aux allers-retours qui sont importants à chaque fin d'année, l'autre partie trouve sa réponse par l'attentisme des investisseurs en période de publication des résultats. Il faudrait maintenant observer si la situation évolue avec les ajustements de portefeuilles à l'occasion des résultats semestriels qui commenceront à tomber bientôt.